Peter Soriano, Paris, galerie Jean Fournier, du 21/11/13 au 04/12/14, Brooklyn, du 24/01 au 28/02/14

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La galerie Jean Fournier présente Panorama, une exposition des œuvres récentes de Peter Soriano sous la forme d’un dialogue entre une peinture murale monumentale et un ensemble inédit d’oeuvres sur papier.

peter soriano
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Peter Soriano

Tout de noir vêtu, le sourire aux lèvres, l’artiste américain Peter Soriano vous reçoit à la galerie Jean Fournier avec le réel plaisir de s’exprimer sur son oeuvre. Et il est passionnant. Son immense peinture murale qu’il a réalisé en plusieurs jours avec deux puis trois assistants se savoure d’abord presque comme un bonbon. Car le regard et le corps tout entier sont vite enveloppés par ses dessins de couleurs vives qui envahissent la galerie du sol au plafond. L’oeil ébloui se régale, suit les flèches, les courbes, les formes, glisse d’un signe à l’autre. Il recrée le parcours que cherche l’artiste lui-même. Il se surprend à errer malicieusement entre les dessins. Dans l’espace. Rien que dans l’espace. Et c’est ce que désire Peter Soriano. Donner à « voir l’espace entre les formes ». Il explique encore et montre du doigt son travail si complexe et maîtrisé. Il dévoile ensuite ses dessins, ses « partitions » comme il aime à les appeler, ses carnets qu’il emporte avec lui depuis New York où il vit avec la journaliste et écrivain Nina Munk. L’artiste pose les feuilles à même le sol de la galerie et montre ses croquis, véritable mode d’emploi, qui lui ont servi à créer cette toute nouvelle oeuvre. Lui même ou n’importe quel assistant qui connaît son travail peut ainsi reproduire ses schémas. Et pour la première fois l’artiste semble être libéré. Libéré de la lourdeur de la sculpture. Car ici enfin, pour cette exposition, après celle du Domaine de Kerguéhennec, il a osé se défaire du métal, de ses fils et de ses tubes. Ici enfin, le dessin s’exprime seul. Dans sa légèreté et surtout sans contrainte. Les tensions qu’il aime créer ? Les voici dessinées à même le mur ! Les tubes de métal qui imposaient un jet de bombe ? Inexistant et laissant libre cours à l’imagination de l’artiste ! En Calder ou Matisse d’aujourd’hui, Peter Soriano en s’inspirant tout simplement des quatre rochers qu’il voit depuis les fenêtres de son atelier a inventé un univers magique, un parcours voluptueux, ludique et merveilleusement savant que le visiteur suit du regard et des lèvres. Anne Kerner.

peter soriano

Informations sur Peter Soriano.

L’année 2012 constitue un tournant dans l’œuvre de Peter Soriano. L’artiste délaisse les câbles en acier, les tuyaux en aluminium et les lignes et symboles peints à la bombe utilisés ces dernières années. Il en résulte un travail plus dépouillé mais également plus complexe. « Le travail a été réduit à son essence : les éléments en trois dimensions ont été aplatis et fusionnés avec la peinture sur le mur. Plus complexe parce qu’une fois réduite, l’œuvre peut être plus difficile à comprendre, sans les fils et les câbles. La relation entre l’œuvre et l’espace qu’elle occupe devient moins tangible, plus théorique. (1)

Pour cette exposition, Peter Soriano réalise une grande peinture murale spécifiquement conçue pour la galerie. Cette œuvre reproduit ce que l’artiste voit depuis son atelier dans le Maine dont la fenêtre surplombe quatre rochers escarpés, rochers que l’on retrouve régulièrement dans la composition sous la forme de quadrilatères aux formes irrégulières. Pour l’artiste, ces œuvres murales sont considérées comme des paysages, donnant ainsi à l’exposition son titre, Panorama.
Les éléments peints à la bombe, plus déliés, entrent en contraste avec les tracés réguliers des quadrilatères et des rectangles, les flèches guidant le regard du spectateur. Ces lignes de peinture fines et nettes suggèrent des espaces en trois dimensions.

Peter Soriano détaille toutes les instructions nécessaires à la réalisation de l’œuvre dans un document autonome à sa présentation offrant ainsi une « spontanéité guidée ». L’artiste compare parfois ses pièces à des partitions musicales, certains détails étant laissés à la discrétion et l’imagination de celui qui reproduit l’oeuvre.

Le regard se laisse guider pour découvrir peu à peu le « panorama » lequel, telle une phrase se déployant le long du mur de la galerie, conduit jusqu’à l’espace sous la verrière de la galerie. Dans les oeuvres sur papier, autonomes et réalisées en écho de la peinture murale, on retrouve les lignes, flèches, cercles, annotations, zones d’ombres mais également des éléments plus figuratifs. Sur des feuilles de papier Japon superposées et pliées aux bords irréguliers, Peter Soriano traduit ici ce que son œil voit et le mouvement que celui-ci fait lorsque l’artiste laisse errer son regard dans l’espace retranscrit, souvent des lieux de vie ou de l’atelier. Ces oeuvres sont désignées comme des dessins « sites ».

Les œuvres sur papier présentent une palette de couleur plus variée grâce au recours de techniques diverses. La peinture à la bombe côtoie la mine de plomb et l’aquarelle. Les signes graphiques, les lignes, les lettres rappelant le titre de l’exposition, les traces de pliage des feuilles de papier traduisent l’ensemble des mouvements opérés par le regard de l’artiste.

Ainsi, l’exposition Panorama présente un ensemble d’œuvres où l’œil se fait moteur, du regard créatif de l’artiste jusqu’aux déplacements du spectateur.

« Real State », exposition organisée par Philippe Richard et Peter Soriano, Ventana 244, Art Gallery, Brooklyn,  Du 24/01 au 28/02/14.

Peter Soriano, galerie Jean Fournier, 22, rue du Bac, 76006 Paris. Du 21/11/13 au 04/12/14.

(À l’occasion de l’exposition, publication d’un dépliant conçu par l’artiste. De haut en bas, images copyright Peter Soriano, courtesy galerie Jean Fournier, dernière image, Peter Soriano devant son oeuvre, courtesy ouvretesyeux. )

 

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