Cobra, le geste explosif, Dunkerque, LAAC, jusqu'au 03/03/13

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Cobra : un mouvement explosif . L’éclosion de Cobra, son existence en tant que mouvement a été fort brève : de 1948 à 1951. Mais quelles années ! Doubles, triples, quintuples ! Ses fondateurs, le Danois Jorn, les Belges Dotremont et Norret et les Hollandais Appel, Constant et Corneille, tirèrent son nom des trois capitales – COpenhague, BRuxelles, Amsterdam – d’où ils provenaient. Explosion d’une jeunesse avide, audacieuse et iconoclaste, Cobra était bien plus qu’un mouvement ou une école. Il représentait aussi et surtout un moment de cette force trop longtemps contenue par tous les académismes de l’après-guerre. Côté politique, de tendance marxiste, ses membres rêvaient d’un art pour une nouvelle société. Leur credo ? le vitalisme, le rejet des normes vieillies, la lutte pour un art honnête et populaire. Mais aussi une volonté internationaliste, le désir des rencontres et des échanges que procure la culture des différences. Côté artistique, Cobra s’est développé à la fois contre l’abstraction géométrique de l’Ecole de Paris et la peinture littéraire des calqueurs de rêves. A leur encontre, ils revendiquaient un art matérialiste et physique, dénué de toute théorie stricte et dogmatique. Leurs sources ? Les arts populaires, les arts viking et esquimaux, ferments comparable à ce que fut l’art nègre pour les cubistes. Mais aussi l’expressionnisme d’un Nolde, d’un Munch ou d’un Kokoschka, les oeuvres de Klee ou Miro, sans oublier la philosophie de Bachelard. Bref, tous ces courants refondus dans l’idéologie et la praxis Cobra, donnèrent naissance à un art sensoriel et imagé, à l’expression véhémente. Parmi les peintres, Karel Appel est certainement celui qui a poussé le plus loin et maintenu à un niveau de fougue et de violence exceptionnel toutes les revendications du mouvement. Travaillant directement en pleine pâte, il faisait jaillir des profondeurs mêmes de la matière, des figures symboliques et agressives dont la morphologie et le dessin se disloquaient comme sous l’effet d’un torrent de lave. Ses monstres et ses loups-garous dévoilent devant nos yeux hagards, la vérité de la bête, de la nuit, du cri de l’être humain. A cette totale liberté de ligne répond une liberté non moins absolue du chromatisme. Et c’est dans un climat de fête barbare que des jaunes ensoleillées, des bleus stridents s’opposent en de longues balafres à des rouges portés aux limites de l’embrasement. Sans aucun doute, Appel et Asger Jorn sont les ambassadeurs idéaux de la liberté Cobra, païenne, panthéiste et dionysiaque, de ce groupe qui a réussi à dépasser les notions jusqu’alors antagonistes d’abstraction et de figuration. Aussi nous paraissent-t-ils encore d’une merveilleuse actualité.

« Cobra, sous le regard d’un passionné », LAAC, Lieu d’Art et action contemporaine, Dunkerque.  Jusqu’au 03/03/13.

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