Sophie Calle, Paris, Galerie Perrotin, du 13/11/13 au 11/01/13; Valloire, du 15/02 au 30/03/14
L’oeuvre de Sophie Calle prend la forme d’un voyage au coeur du monde et des hommes. Après un solo show à la galerie Perrotin, pour la chapelle de Valloire, elle montre à nouveau ses images particulièrement émouvantes ramenées d’Istanbul.
« LA DERNIERE IMAGE. Je suis allée à Istanbul. J’ai rencontré des aveugles qui, pour la plupart, avaient subitement perdu la vue. Je leur ai demandé de me décrire ce qu’ils avaient vu pour la dernière fois. VOIR LA MER. Je suis allée à Istanbul, une ville entourée, dominée par l’eau. J’ai rencontré des gens qui y vivaient et n’avaient jamais vu la mer. J’ai filmé leur première fois ». Sophie Calle.Sophie Calle, depuis toujours voyage. Dans l’espace et le temps. Dans les années 70, elle parcourt le monde pendant 7 ans. A son retour, elle devient artiste. Autre promenade. Autre déplacement. La voilà qui décide de suivre un homme au hasard, à Venise, ou invite des personnes à dormir dans ses draps. L’artiste opère des passages en inventant un œuvre nourrie exclusivement par sa vie et choisit les événements, les rencontres, les souvenirs qu’elle expose. Et de plus en plus son travail prend une fonction thérapeutique. « Il est plus facile de faire un projet quand on souffre que quand on est heureux », dit-elle. Et elle ne cesse de jouer avec les notions privé/public, montrer/cacher, réel/fiction pour mieux se raconter. Se représenter. Comme récemment en Arles ou à la galerie Emmanuel Perrotin, un récit accompagne ses images. Elle devient « faiseuse d’histoires », selon l’expression d’Hervé Guibert. Et Sophie Calle d’être partout. A la fois auteur, sujet, objet dans un « work in progress » où l’on suit sa vie depuis plus de vingt ans. Et de nouveaux mouvements, déplacements géographiques ou changements intérieurs se poursuivent comme « Voyage en Californie » ou « Douleur exquise » de 2003. Une rétrospective au Centre Pompidou la même année consacre son œuvre. En 2013, deux grandes expositions, très fortes, montrent toujours ses pérégrinations intérieures et extérieures. Dans « Pour la première et pour la dernière fois », elle évoque magnifiquement des gens qui voient la mer pour la première fois avec une superbe pudeur. Des personnes de dos regardent la mer puis se retournent. Sans aucun mot. Avec le seul bruit de l’eau. Puis autre série, celle des « Aveugles », où avec la même épure, elle a demandé à des non voyants de raconter leur dernière image. En Avignon, autre thème, autre style. Elle réalise une exposition, « Rachel, Monique », consacrée à la mort de sa mère où sont assemblés les objets qu’elle aimait, la bouteille de morphine qui l’a aidé à mourir, …, et l’œuvre majeure, une vidéo de la mort de celle-ci. Ici encore. Sophie Calle entraîne le visiteur dans un sublime dernier voyage en forme de dernier souffle. (texte publié dans le magazine Edgar fév-mars 2013).
Sophie Calle, Solo Show, galerie Emmanuel Perrotin, Paris. Du 13/11/13 au 11/01/14.
Sophie Calle, « Voir la mer » , Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption, Valloire, France. Du 15/02 au 30/03/14.
« Sophie Calle, For the Last and First Time », Shanghai Biennale, China, jusqu’au 31 mars 2013. “The Progress of Love”, Pulitzer Foundation for the Arts, St Louis, USA, Jusqu’au 20 avril 2013. “Sophie Calle”, Lillehammer Art Museum, Norway, Du 23 février au 2 juin 2013. Sophie Calle est représentée par la galerie Emmanuel Perrotin à Paris. (Images courtesy Sophie Calle, galerie Emmanuel Perrotin, Rencontres d’Arles)