Olafur Eliasson, Paris, Fondation Louis Vuitton, du 17/12/14 au 23/02/15
L’installation magique d’Olafur Eliasson entraîne dans un voyage intersidéral entre l’univers, l’architecture de Frank Gérhy et soi-même.
C’est le plus beau voyage, le plus rare parcours réalisé depuis longtemps. Olafur Eliasson apparaît sur la scène artistique depuis plusieurs années comme Björk a pu le faire dans le domaine de la musique. Univers sans frontières. Recherches universelles. No limit. L’artiste danois d’origine islandaise a parcouru le monde. Ses oeuvres reconnaissables entre toutes traversent les espaces qu’ils soient galeries, musées, privés, publics ou architecturaux. Il a émerveillé le visiteur à la Tate Modern de Londres en tendant un miroir au plafond, il a éclairé à l’aide de l’énergie solaire une chute d’eau à New York. A la toute nouvelle Fondation Louis Vuitton, cet écologiste toujours préoccupé par la pollution, s’est adapté à ce lieu incroyable et a mis, selon le cahier des charges de Suzanne Pagé et Bernard Arnaud, l’architecture de Frank Gehry en valeur. Décelé, percu, contruit, reconstruit. Adapté la Température de chaque pièce. Avec une intelligence et une grâce infinie, l’artiste emporte le visiteur dans un de ses « environnements », une traversée. Pire, un déplacement. De soi. Surtout de soi. Et c’est ce qu’il désire avant tout. Faire vivre une expérience. Le toucher. Le sentir. C’est ce qu’il a exprimé lors d’une conférence avec le philosophe Michel Bitbol. Entrer en « contact ». Le parcours de l’exposition, véritable initiation, entraîne à la déstabilisation, à la perte de soi, à l’expérience du vide. Poser la main sur la pierre, entrer doucement, tout doucement dans le noir. Se laisser caresser par son velours. Regarder l’immense lentille où se projette la stucture du bâtiment. Eblouissement. Eclipse. Perte de contrôle immédiat ! Microséisme dans le regard qui se prolonge dans le corps. Pas à pas chancelant. Légère ivresse qui mène dans une salle noire où les repères se perdent définitivement. Dans la nuit tout peut arriver. Ca bascule et bouscule. Ca chavire. Quel est ce feu primaire qui réchauffe et irradie ? Pourquoi ce miroir si fragile qui tremble au moindre mouvement tout le long du mur ? D’où naît cette forme au plafond qui arrive sur soi et se retire? Revient à nouveau. Se retire. Encore et encore. Va et vient incessant. Le visiteur peut rester là. Longtemps. S’assoir. Se laisser aller aux effets des lumières spectrales. Pour mieux se laisser emporter et revenir aux sources, à l’essentiel. A la Vie. C’est au centre du monde et de nous même que mène Olafur Eliasson dans son cheminement intersidéral vers l’indicible. Au coeur du mystère. Dans l’innommable.
« Le contact peut se trouver dans un bonjour, un sourire, le fait de sentir la main de quelqu’un dans la vôtre.
Etre en contact, c’est être lié aux choses positives de la vie comme avec les choses difficiles de la vie.
Le contact n’est pas une image, ce n’est pas une représentation; il s’agit de votre capacité à lier connaisance, à vous connecter à autrui et peut-être même vous mettre la place de quelqu’un d’autre.
Pour moi, le contact, c’est la première étape vers l’inclusion ». Olafur Eliasson.
Olafur Eliasson : Contact; Fondation Vuitton, Avenue Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Du 17/12/14 au 23/02/15.
(Images, vues de l’exposition, Marielle Defrance pour ouvretesyeux.fr)