Parcours Saint-Germain-des-Prés, Paris, du 23 au 31/10/15
Depuis 15 ans, le parcours Saint-Germain-des-Prés que nous avons couvert l’an passé, crée en 2000 par Anne-Pierre d’Albis, en partenariat avec le Comité Saint-Germain-des-Prés, enchante le quartier pendant une dizaine de jours.
Les lieux les plus chics, les plus emblématiques et les plus branchés du quartier sont envahis pas un choix d’artistes triés sur le volet. On était tombé l’an passé sous le charme des oeuvres d’Alice Anderson et le « shot » du groupe le Gun au Flore. Encore une année placée cette fois sous les auspices de Sambre, place Saint-Germain-des-Prés, de Charlotte Charbonnel chez Gérard Darel, de Lyndi Sales chez La Perla, d’Alain Goulbourne au café des Deux Magots, Laurent Pernot chez Moncler… Des boutiques de luxe, aux cafés en passant par les hôtels, restaurants, hôtels particuliers ou places publiques… ce partenaire de la Fiac, invite le soir du vernissage les visiteurs dans tous les lieux restés ouverts. Un rendez-vous que l’on adore chaque année.Regardez la sélection 2014 :
Nous avions filmé le montage de Le Gun au Café de Flore. Une superbe rencontre.
Parmi nos choix 2015 :
SAMBRE – PLACE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS
Né en 1984 à Aubenas
Vit et travaille à Paris
Sambre est un jeune artiste plasticien, dont le nom est un assemblage phonétique évocateur : « sabre – ambre – sang – ombre… Sambre ! ». Comme son nom, ses œuvres les plus emblématiques sont le résultat d’assemblages, qui mettent à l’honneur le bois mais aussi des matériaux désuets collectés, réutilisés et réorganisés dans l’espace. Le travail de Sambre consiste le plus souvent à investir un espace abandonné ou en transition et à en modifier totalement l’apparence, l’architecture et la fonction en utilisant les matériaux à disposition. L’esthétisation des objets de récupération à laquelle il se livre, tout comme la manière dont les environnements qui émergent déstabilisent nos repères et excitent nos sens permettent à l’artiste de s’approprier et de transformer le matériau jusqu’à questionner les constituants de l’œuvre. Les réalisations de Sambre reflètent sa volonté de s’interroger sur l’importance du geste, du corps, de ses limites et de sa place dans l’espace. Dans ces réorganisations radicales de l’espace confié, il cherche à faire vivre une nouvelle expérience au visiteur qui, en étant sollicité par l’œuvre, voire en la pénétrant et en l’investissant, en devient acteur.
Pour le Parcours saint-Germain, Sambre investit la place saint-Germain-des-Prés en proposant une déambulation à travers une dizaine de modules rappelant l’arbre de vie, créés spécifiquement pour l’occasion. chaque élément est différent et invite le visiteur-acteur à vivre une expérience unique évoquant les lois de l’univers.
CHARLOTTE CHARBONNEL chez GERARD DAREL
Née en 1980
Vit et travaille à Paris
Depuis plusieurs années, Charlotte Charbonnel semble vouloir tisser les liens invisibles qui unissent les matières élémentaires de l’univers. Son travail découle d’une recherche empirique à entrées multiples : écoute et capture de matériaux ou de phénomènes naturels, exploration des différents états de la matière, observation méticuleuse de substances insaisissables…
Elle trouve ainsi dans les fluides indécis, les ondes capricieuses, les nuées, fumées, ou autres formes brumeuses, un terrain d’expérimentations illimité. Elle en suit les traces, les archive ou les collectionne. […] les différents processus qu’elle met en place laissent faire le mouvement et l’indétermination. Les formes que ceux-ci produisent, liées à la recherche des constituants élémentaires de l’univers, constituent un levier pour une pensée magique, une forme de pensée universelle et permanente relevant […] d’une certaine disposition de l’esprit humain face aux choses. Les analogies que Charlotte Charbonnel cherche à faire entre les éléments ouvrent ainsi la voie à un plan profond de la pensée où les métamorphoses de la matière qu’elle donne à voir finissent par avoir un pouvoir transformateur universel, réveillant au passage notre capacité à nous émerveiller […] en suivant des protocoles précis qui donnent à percevoir différemment un phénomène complexe, l’artiste crée un terreau fertile à l’imaginaire.
LYNDI SALES chez LA PERLA
NÉE EN 1973
VIT ET TRAVAILLE AU CAP, AFRIQUE DU SUD
Lyndi Sales explore avec poésie la question de la perception que l’homme a de la réalité, ainsi que sa fascination pour ce qu’il ne peut pas saisir de façon empirique. L’artiste mêle les médiums et les techniques – découpe, peinture, dessin, couture, collage – pour créer une œuvre protéiforme, riche, vibrante et délicate, où se juxtaposent et se superposent images scientifiques, modélisations de théories ésotériques et références à différentes spiritualités. il en résulte des pièces puissantes, subtiles et polysémiques. Aussi concret que puisse être le point de départ d’une œuvre, Lyndi Sales cherche la métaphore et le symbolique, poussée par une profonde curiosité pour l’humain, l’existence et les formes de transcendance.
La base du travail de Lyndi Sales a longtemps été le papier, le dessin et la gravure travaillés en deux et en trois dimensions avec une maîtrise remarquable. Le désir de trouver de nouvelles formes d’expression l’a conduite à explorer très tôt les possibilités offertes par la découpe laser. elle l’a d’abord appliquée sur différents types de papier en combinaison avec le dessin, la peinture ou le collage, puis elle est arrivée à une forme d’expression où la découpe remplace le plus souvent le trait pour former des structures ajourées dans différentes matières, révélant un jeu d’ombres portées. Ses créations en trois dimensions sont soit présentées comme des tableaux sous verre, soit sous forme d’installations monumentales qui se déploient avec une musicalité plastique. depuis quelques années, Lyndi Sales utilise aussi le plexiglas pour créer des œuvres de grand format dont les surfaces semi-transparentes, irisées et brillantes permettent de suggérer une multitude d’univers parallèles qui se reflètent, s’influencent et se répondent. Ses œuvres délicates trouvent un bel écrin dans l’espace de la boutique la Perla.
ALAN GOULBOURNE au café LES DEUX MAGOTS
Né en 1985 à Perth, Écosse
Vit et travaille à Cardiff, Pays de Galles
L’attention que le sculpteur britannique porte aux différents matériaux est le fruit de ses pérégrinations et recherches sur les chantiers de construction.
S’inscrivant dans une pratique oscillant entre ordre et chaos, son travail repose sur l’instant, tel un mouvement unique et singulier qui au fil de la réalisation artistique se meut en une multitude criblée de complexité. Chargées de cette multiplicité, ses sculptures surgissent des murs, telles des explosions de matière.
L’étroite relation entre science et nature est au cœur de la démarche artistique d’Alan Goulbourne. Comme une phénoménologie de la transformation, cette renaissance sous forme d’œuvres qu’il offre aux matériaux délaissés l’obnubile. Alan Goulbourne transforme, détourne, ré-utilise.
De simples morceaux de bois ceux-ci deviennent sculptures. Dans le cadre de sa participation au Parcours Saint-Germain, il expose des sculptures murales issues de sa skin series. Les œuvres sont réalisées à partir de bois, des composants cubiques se répètent et s’accumulent pour former des structures ou des paysages imaginaires, dans un ordonnancement systématique où chaque découpe trouve sa place. L’œuvre prend ainsi la forme d’un agrégat de matière organique et sensuelle.
Alan Goulbourne modèle et complexifie la simplicité inhérente aux matériaux qu’il utilise et crée ainsi une sculpture où l’art minimal et la géométrisation des formes rejoignent une intention plus gestuelle et sensible.
LAURENT PERNOT chez MONCLER
Né en 1980
Vit et travaille à Paris
Laurent Pernot explore, expérimente, déplace et s’attache à créer un univers poétique qui tend entre l’enchantement et le désenchantement.
Par l’usage de dispositifs d’installations, d’images photographiques, de la vidéo et des images numériques, de l’interactivité ou encore de la composition sonore, l’artiste s’intéresse à la représentation de l’homme aujourd’hui. L’identité, le temps, l’imaginaire et les rapports nature / culture sont les territoires qu’il explore sur le mode d’une pensée méditante, à l’inverse des principes de la société de consommation où l’impatience, l’instantanéité et le temps réel dominent. À travers ces espaces artificiels qui entraînent la perte de repères, il provoque l’émotion et souligne la présence d’une réalité dévoilée, en initiant des images qui surgissent et s’évanouissent comme celles des songes, des fantasmes ou des souvenirs.
Ses travaux sont très souvent irrigués de références littéraires, picturales et cinématographiques, qui amènent le spectateur à solliciter sa mémoire et à remettre en cause sa perception.
Pour cela, Laurent Pernot concilie systématiquement deux approches : il élabore des œuvres à la fois attractives et menaçantes, à première vue évidentes et pourtant irrésolues, telles des fictions amputées de leur dénouement et laissant derrière elles une étrangeté troublante.
EFFIGIE, COMMISSARIAT DE TIMOTHÉE CHAILLOU chez MELINDAGLOSS
Forte du succès des éditions précédentes, la maison Melinda Gloss donne une nouvelle fois carte blanche au commissaire et critique d’art Timothée Chaillou. Une exposition prometteuse à découvrir dans le cadre du Parcours saint-Germain, mettant en avant les œuvres des talentueuses photographes Natacha Lesueur (née à Cannes en 1971) et Camille Vivier (née à Paris en 1977) dans l’espace épuré de la maison Melinda Gloss.
CHARLOTTE CORNATON & ALEXANDRA LOEWE à l’ATELIER FANCE FRANCK
L’atelier de céramique Fance Franck propose à l’occasion du Parcours saint-Germain un dialogue poétique entre les œuvres de Charlotte Cornaton (née à Paris en 1986) et d’Alexandra Loewe (née à Paris en 1976).
Charlotte Cornaton considère son travail comme un « cabinet de curiosité » composé de différents matériaux, qui évoque les vanités et mêle différentes cultures. Dans la continuité d’une résidence à Jingdezhen, en Chine, elle présente pour le Parcours Saint-Germain sa série Insomnio, une collection de livres sculptures qui racontent les cauchemars de l’artiste et leurs symboles en jouant sur les possibilités de craquelures et d’irrégularité offertes par la matière porcelaine. En écho, Alexandra Loewe a une pratique multi-supports (dessin, sculpture, vidéo, photographie, œuvres interactives, écriture…) qui nous transmet un langage qui lui est propre où le conscient et l’inconscient, le corps incarné et l’esprit, le temps linéaire et l’aléatoire se rencontrent. La ligne est omniprésente dans son travail ; droite, courbe, brisée, angles, nœuds, les lignes représentent des chemins. L’œuvre de l’artiste est une quête de soi qui traverse les souvenirs, le langage, les rencontres, les rêves…
Parcours Saint-Germain-des-Prés, Paris, du 23 au 31/10/15.