Howard Hodgkin présente ses « moments d’émotions », des moments de peinture pure qui débordent des toiles, des cadres, de tout ! Pour toujours mieux jouer avec le médium.
Nous avions pu voir l’immense artiste à Toulouse l’an passé. Assis, en fauteuil roulant, il commentait ses oeuvres présentées à la fondation Bemberg. Aujourd’hui, la galerie présente des oeuvres récentes de ce jeune homme né en 1932 au pinceau toujours vibratile et à la pâte somptueuse. Ses gestes spontanés, urgents, magnifiques, peignent et repeignent les toiles et leur cadre comme un objet à part entière. Ici, l’artiste anglais s’est inspiré entre autre de son voyage à Bombay. Tantôt sa main trahit les mouvements rapides du Gange inspirée par la culture indienne, tantôt elle accueille des pétales fluorescentes où toute sa palette si riche, dynamique et profonde se déploie.
Gagosian Gallery, 4, rue de Ponthieu, 8è. Tél : 01 75 00 05 92. www.gagosian.com. Du 13 juin au 9 août.
Informations sur l’exposition
« Je suis un peintre de la représentation, mais pas un peintre des apparences. Je peins des images qui représentent des moments d’émotions » —Howard Hodgkin
Gagosian Paris est heureuse de présenter une exposition de nouvelles peintures d’Howard Hodgkin. Après ses expositions chez Gagosian à Rome (2013) et chez Gagosian à New York (2011), toutes deux acclamées par la critique; il s’agit de la première exposition personnelle d’Howard Hodgkin à Paris.
Explorant l’essence de la peinture en tant que langage construit et expression spontanée, Hodgkin ignore les polarités classiques du passé et du présent, de l’abstraction et de la représentation, de la surface et du cadre. Des gestes affirmés et denses, une palette riche et l’inversion dynamique entre la lumière et l’obscurité sont autant de traits de son style particulier. Hodgkin intègre le cadre dans la surface peinte, transmettant des expressions naturelles et réfléchies qui maintiennent un sentiment profond d’objectivité. Avec leurs coups de pinceaux extrêmes et leurs couleurs saturées, ses peintures au format intime ressemblent à des bijoux tandis que les œuvres plus grandes sont somptueuses et théâtrales.
Embrassant la spontanéité et le caractère direct et, dans une pareille mesure, les processus de réflexion et de capitulation, il peut falloir à Hodgkin jusqu’à une année pour préparer et exécuter son premier coup de pinceau. La qualité, en apparence décontractée et urgente de ses peintures, occulte le fait que la plupart ont été peintes, reconsidérées puis repeintes. Les œuvres traduisent la relation entre la main, l’œil et la mémoire qui conduit leur processus, la structure visuelle, et l’ardeur émotionnelle. Dans chaque peinture, le sujet d’Hodgkin constitue une présence plus ressentie qu’appréhendée, et qui demeure allusive et fragmentaire. Les nouvelles œuvres réalisées entre Londres, la Normandie, et Bombay, révèlent des traces vibrantes de lieux et d’expériences—des transcriptions de rencontres quotidiennes et des souvenirs qui se superposent dans des textures richement colorées.
Alors que Ganges (2005–13) évoque le mouvement rapide du fleuve, l’œuvre fait également référence à son implication mythologique et à sa place centrale au cœur de la culture indienne en tant que véhicule de la vie, source de bien-être dans la mort. Dans Indian Waves (2013–14), des coups de pinceaux entremêlés apparaissent, tandis que les espaces dépouillés soulignent la réalité physique de l’œuvre, celle d’une peinture à l’huile sur un panneau de bois. Le panneau et le cadre de Out of the Window, Bombay (2012–14) sont submergés de points fluorescents rappelant des pétales colorés; dans Autumn in Bombay (2010–14) des marques rouges, oranges, jaunes et noires se répandent.Enrichissant ses premières impressions à travers une réflexion intime en plusieurs temps, Hodgkin peint des œuvres qui sont à la fois composées, des ensembles autonomes et des synecdoques d’une plus grande réalité esthétique au-delà du cadre.
(Images, © Howard Hodgkin. Courtesy Gagosian Gallery)