Jean François Maurige, Paris, galerie Jean Fournier, du 23/04 au 15/06/13

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Des tableaux, des peintures sur papiers et des céramiques se multiplient sur les murs et les tables de la galerie Jean Fournier.  Cette exposition permet de confronter et d’associer ces différents médiums que Jean François Maurige manie avec la plus belle dextérité.

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La pratique artistique de Jean François Maurige s’ancre sur la détermination à se confronter à la question du tableau par la mise en place de contraintes volontairement choisies dans un rapport d’économie à la peinture. Le tableau est le lieu de l’auto- engendrement de ce qu’il va donner à voir : la construction d’un espace de liberté, d’un espace de référence qui est à se fabriquer et à s’approprier. Cette appropriation se matérialise par la mise en place progressive d’un protocole.

Ainsi, depuis les années quatre-vingt, Maurige réalise ses tableaux selon des règles bien établies et évolutives. L’artiste utilise une toile de confection rouge au lieu de la toile de lin traditionnelle. Il la prépare avec une peinture acrylique blanche très liquide qu’il passe à la brosse verticalement sur la toile agrafée au mur. Cette toile ainsi préparée est étalée au sol, l’artiste inscrit ensuite par frottage une large bande verticale de couleur noire. La toile est ensuite montée sur châssis. Le peintre peut alors passer la couleur rouge, à la tonalité variable allant du rouge orangé au violet, d’où s’extraient des formes qu’il manipule, formes qu’il désigne comme des « figures ». L’utilisation omniprésente de la couleur-matière rouge est un des constituants essentiels du travail de l’artiste, jusq’à la notion de non couleur. Dans ses tableaux, Maurige use de cette couleur qu’il affectionne pour son efficacité tant graphique que chromatique.

L’exposition présente un premier ensemble de tableaux où les formes rouges semblent en mouvement comme s’échappant vers l’extérieur, en continuité avec les toiles précédentes. Le marquage noir qui était encore visible dans les oeuvres précédentes disparaît aujourd’hui complètement du protocole.
L’idée de hors champ est encore plus présente dans la série des peintures sur papier canson. Des lignes obliques noires viennent croiser une ligne de couleur, rouge ou bleue, qui décentre l’ensemble du dessin. Le recto et le verso du papier sont recouverts de peinture, comme si l’artiste souhaitait réunir ces deux aplats de couleur séparés par l’épaisseur de la feuille de papier. « Si ce tissage de bandes produit un effet très construit qui peut sembler à l’opposé de ce que l’on observe dans les oeuvres sur toile, il obéit à un principe comparable d’ajustement du plan pictural à la réalité spatiale ».1
Enfin, un dernier ensemble d’oeuvres est constitué par une série de céramiques réalisées dans le Maine à Betschdorf et à Quimper. Il s’agit d’une confrontation avec des techniques traditionnelles comme l’utilisation du bleu dans la céramique alsacienne. Là encore, l’emploi de motifs répétitifs, remplissant par ailleurs déjà ses carnets de croquis, est une autre manière pour Maurige d’exprimer l’espace infini de la toile rouge qu’il utilise pour ses tableaux.

Pour Jean François Maurige, le tableau est la plus grande pertinence possible face à la question du visible et est activé aussi bien à travers la pratique des peintures sur toile que celles des peintures sur papier ou des céramiques. Chacune de ces pratiques représente un maillon d’une chaine venant à investir le champ du tableau et permettant des ruptures, des relances, des reprises et ainsi de convoquer des formels différents.

 

Jean François Maurige, Pourquoi le rouge, galerie jean Fournier, 22 rue du Bac, 75006 Paris. Du 25/04 au 15/06/13. (Images, vues de l’exposition, courtesy pour les peintures de Alberto Ricci).

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