Maria Loizidou, Drawing Now Paris, galerie Maria Lund, Carrousel du Louvre, du 11 au 14/04/13

L’artiste chypriote Maria Loizidou présente un one-woman-show au salon Drawing Now : Tout est possible

Dans la suite de son travail des dernières années sur la mémoire et notre capacité à donner une direction à nos vies, Maria Loizidou a conçu un ensemble complexe d’œuvres pour Drawing Now 2013 : dessins, vidéos et volumes – papier, mots et métaux – explorent ses pensées sur l’art et la vie, sous le titre Tout est possible.
Ses racines chypriotes ont une très forte influence sur son travail où l’artiste nous montre l’envers et nous parle de l’endroit. A l’image de ce territoire coupé en deux par un conflit entre deux nationalismes – grec au sud et turc au nord- qui trouve un ancrage dans la frontière physique que dessine la montagne qui traverse Chypres.

Memoscapes
Les dessins Memoscapes explorent le paysage de la mémoire, individuelle et collective. Les personnages évoluent dans un espace entre rêve et réalité, sur des fonds pastel recouverts d’un motif géométrique, d’où se détachent des volumes puissants dessinés au crayon fin. Objets et formes, fragments de villes et de paysages se confrontent ou fusionnent avec les corps, entraînés par une sorte de pesanteur. Les figures évoluent dans leur monde, dans la réalité constituée du bagage de chacun, actrices d’une chorégraphie existentielle dont elles ne déterminent que partiellement les mouvements.
En continuité avec ses dessins, la vidéo GPS Memoscapes relie subtilement la base même de la pratique du dessin – la couleur, le tracé d’un trait – à l’image en mouvement et aux mots pour évoquer le rapport entre l’art et l’existence. On y voit une femme qui regarde droit vers le spectateur pendant qu’elle relève, montre et repose de fines feuilles ornées de motifs de moucharabieh tracés au crayon. Le champ des possibilités de navigation et de destination est défini tout en suggérant l’Infini, car la trame peut parfaitement se poursuivre au-delà de la feuille. Une voix off lit des fragments du roman Prince of Ice* (Prince de glace) dont le personnage principal réalise qu’il ne pourra jamais faire quelque chose de signifiant dans la vie, qu’il devrait se diriger vers un emploi de bureau ! De ce constat ambigu, le texte glisse vers le troisième chapitre du Livre de l’art de Cennino Cennini écrit vers la fin du Moyen Âge : « Or donc, vous qu’un esprit délicat porte à l’amour de la vertu, et qui vous destinez principalement à l’art, commencez par vous couvrir de ce vêtement : amour, crainte, obéissance et persévérance… ». Dans une ambiguïté entre doute et optimisme, le film se termine sur les mots « Tout est possible » qui ont donné son titre à cet ensemble d’œuvres.
La vidéo a été retenue par DRAWING NOW VIDEO 2013 pour être projetée dans la sélection officielle du salon.

Volumes
Chez Maria Loizidou, le papier, fragile, n’est pas seulement un support pour le dessin ; il sert à construire des œuvres tridimensionnelles qui donnent une illusion de solidité. Ainsi les personnages et les paysages des dessins Memoscapes sont devenus des découpages dessinés dans Paysage lointain, sortes de grandes structures en papiers superposés où des figures humaines et imaginaires avancent vers un arrière-plan.
Réciproquement, dans son volume Pelage, le métal dur et froid devient souple et fin comme le tracé d’un dessin. On y retrouve le motif du moucharabieh ici créé par des centaines de petits ronds en crocheté de fil métalliques qui constituent une forme organique – l’artiste décrit cette œuvre comme  » un gant retourné qui garde la forme de la main. Sa création permet de parcourir le chemin d’une longue réflexion qui correspond au temps et au rythme de la réalisation. Un contenant, donc, de pensées autour de l’art et de la vie. »

Parcours
Dessinatrice, sculptrice, vidéaste Maria Loizidou (née en 1958 à Limassol, Chypres) se sert avec une grande liberté de médias aussi divers que le simple mine de plomb sur une feuille, le métal en fil et en plaques, le tissu, les matières de récupération et le papier monté dans des volumes frêles et pourtant puissants.
Elle a représenté Chypres à la Biennale de Venise en 1986 et à la Biennale du Caire en 2010, et participé à la Biennale de l’architecture à Venise en 2004 et en 2006.
Maria Loizidou a collaboré avec nombreux musées dont le Musée d’art moderne de Saint Etienne Métropole (2010), le Musée national d’art contemporain de Thessalonique (2010), le Musée Benaki d’Athènes (2008), le Musée des Beaux-Arts de Lyon (2005). Durant l’été 2012, elle a participé à Mapping Cyprus – une exposition sur la scène chypriote contemporaine – accueilli par le musée BOZAR de Bruxelles et actuellement le – Musée national d’art contemporain EMST, Athènes – 2013 accueille une exposition personnelle, une installation retraçant 30 ans de travail Collective autobiography,
Une monographie rétrospective de son œuvre vient de paraître : Collective autobiography, PEAK Publishing, 2013.

L’installation monumentale L’apparition des anges pour l’Eglise de la Sainte Trinité à Fatima au Portugal – commande la plus importante de Maria Loizidou jusqu’alors – a été réalisée en collaboration avec l’architecte Alexandros Tombazis en 2007.
Maria Loizidou est membre du collectif AA+U pour l’Architecture, l’Art et l’Urbanisme depuis 2006.

*Prince of Ice (Prince de glace) roman d’un écrivain grecque « inconnu », Michael Antonios Frangiskos Moschonas Bourpoulis.

Marie Loizidou, Galerie Maria Lund, Drawing Now, Carrousel du Louvre, du 11 au 14/04/13.