Bernard Plossu, la poétique de l'espace, Giverny, musée des impressionnismes, du 08/06/ au 31/10/12
Dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste de 2010 et de l’exposition Dans un jardin, une commande spécifique avait été passée au photographe français Bernard Plossu sur le jardin de Giverny à l’initiative de Marc Donnadieu, alors directeur du FRAC Haute-Normandie. Le musée des impressionnismes Giverny se propose d’organiser à son tour une exposition de Bernard Plossu, consacrée à la maison de Claude Monet à Giverny, qui sera présentée du 8 juin au 31 octobre 2012. En effet, à l’invitation du musée des impressionismes Giverny, Bernard Plossu a de nouveau photographié la maison et les jardins de Monet à Giverny au printemps 2011.
L’exposition présentera un ensemble inédit de soixante photographies prises à l’occasion de deux visites du photographe français à Giverny (hiver 2010 et printemps 2011) à des heures et des saisons différentes.
Grand Prix National de la Photographie en 1988, Bernard Plossu, pour se dégager des courants commerciaux, a choisi depuis longtemps de se débarrasser du grand angle pour un appareil Nikkormat (24 x 36 cm) équipé d’un objectif de 50 millimètres (objectif le plus proche de la vision humaine). À Giverny, il a spontanément emporté avec lui deux appareils, l’un pour la couleur, l’autre pour le noir et blanc, et il lui est arrivé de faire la même image avec les deux, pour opérer le choix sur ses planches-contact. Les photographies en couleurs sont des tirages mats au charbon de Fresson et les noires et blanches, sur du papierton chaud, de Guillaume Geneste.
En 1967, Bernard Plossu rencontre, à Savigny-sur-Orge, Pierre et Michel Fresson, fils et petit-fils de Théodore-Henri Fresson, l’inventeur du procédé du même nom – en 1952, Pierre Fresson réalisa le premier tirage charbon direct couleur. Débute une relation entre le photographe et le maître-tireur : « J’ai immédiatement eu le coup de foudre, je ne m’attendais pas à ce qu’un tirage restitue aussi fidèlement les couleurs et l’ambiance du moment. C’est le papier mat qui permet cette sensation, avec le papier brillant, pour moi, c’est trop clinquant. Avec Fresson, pas de couleurs agressives et chaque tirage est unique, il y a presque du relief. On effleure les saisons, les arbres vibrent, le vent murmure… En un mot, Michel Fresson est mon traducteur.» Et, il tient à ajouter qu’eux seuls savent rendre « en couleur l’ambiance du noir et blanc ».
Plossu affectionne le format miniature (11,4 x 7,6 cm) pour les tirages noir et blanc. Il précise : « La miniature concentre la lumière, impose au spectateur de s’approcher et d’entrer dans l’image. Pour voir le hasard, il faut être dans cet état de disponibilité que permet l’extrême concentration. » Toutes ses prises de vue révèlent la maison de Claude Monet d’une façon radicalement nouvelle et singulière. On retrouve le tremblé des images prises en marchant, le sentiment de vide, la poésie des silences, l’utilisation du grain ou du gris photographique, les fortes ambiances atmosphériques, les effets de miroir, devenus des constantes dans la manière photographique de Bernard Plossu. Le photographe capte l’atmosphère de cette maison de famille, devenue aujourd’hui lieu de mémoire. Tout est immobile. Une serre de laquelle il se dégage une atmosphère presque irréelle, ou remplie d’hortensias de toutes les couleurs – rose, blanc, bleu, fuchsia. On pénètre dans le salon-atelier baigné de lumière aux cimaises couvertes de répliques de Monet de toutes les périodes, où trône le buste du peintre réalisé par Paul Paulin et les photographies d’amis ou les portraits de famille. Puis, on entre dans la cuisine aux carreaux bleus de Rouen ; la salle à manger ornée d’estampes japonaises au carrelage de Saint-Just à damier blanc et rouge foncé ; au premier étage la chambre du maître qui domine le jardin ; la chambre bleue d’Alice … Le photographe se joue de l’absence : la toile de Jouy recouvrant le mobilier dans le cabinet de toilette ou le salon-atelier en hiver, les silhouettes fugitives de touristes rue Claude Monet au printemps.
Plossu écrit : « Ici, je sens Monet, et j’apprends à l’aimer en le comprenant. »
En marge de l’exposition, il s’agit pour le musée des impressionnismes de poursuivre l’enrichissement de sa collection à travers cette commande.
Bernard Plossu, Monet intime, Musée des impressionnismes, 99 Rue Claude Monet, 27620 Giverny. 33 (0) 2 51 94 65. Du 08/06 au 31/10/12.
Toutes les images, courtesy Bernard Plossu