Les travailleurs de la mer en vedette au musée des Pêcheries de Fécamp
Le musée des Pêcheries de Fécamp, inauguré en décembre dernier, lance ses rendez-vous culturels avec une première exposition temporaire photographique “Travailleurs de l’horizon : François Kollar et la mer ». Soit des clichés issus d’un travail de commande pour les éditions Horizons de France dans les années 1930. Il ne s’agit pas d’un reportage sur le monde du travail, mais de sublimer par l’image, les savoir-faire et la vie quotidienne des travailleurs, mettre en avant le rapport entre l’homme et la machine. La commissaire de l’exposition Florence Calame-Levert a travaillé de longues années sur le fonds Kollar. (la famille ayant donné toutes les archives à la bibliothèque Forney). Elle a repris certains clichés déjà publiés et a aussi choisi d’autres encore jamais tirés. « Il s’agit en quelque sorte d’originaux, glisse-t-elle, certes ils ont été tirés à notre époque, mais les négatifs, eux, n’avaient jamais été développés auparavant. » Florence Calame-Levert a réalisé de poignants triptyques montrant les processus de fabrication du séchage, du fumage, de l’emballage de la morue. François Kollar, à l’époque tout juste âgé de 25 ans, a su capter avec sensibilité et un profond respect les mains des travailleurs, leur juste attitude. Certains lui reprocheront de ne pas montrer la pénibilité du travail, peut-être. Mais ce n’était pas l’objet de ces images. Sur les milliers de négatifs existants, la commissaire en a sélectionné quatre-vingts pour créer un parcours narratif, instructif et éloquent. Nombre de clichés ont été saisis à Antifer, au Havre, à Dieppe, Marseille, Boulogne-sur-Mer, Saint-Malo… et certains à Fécamp même où François Kollar s’est rendu en 1931. L’homme, un Hongrois qui souhaitait embarquer pour les Etats-Unis, a fait escale en France d’où il n’est jamais reparti, son coeur ayant chaviré pour Fernande Papillon. Il a travaillé sur les chaînes de Renault de Boulogne-Billarcourt avant de devenir photographe. Il connaît donc bien l’univers du labeur pour en avoir fait parti. Son travail en noir et blanc livre une poésie, un regard attachant, presque tendre. Et, bien sûr, une émotion certaine.