« Temple of love », Rick Owens. Paris, Palais Galliera. Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026.

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PORTRAIT RICK OWENS © DANIELLE LEVITT

Le Palais Galliera célèbre en une rétrospective monumentale, Rick Owens, le créateur qui électrise le monde de la mode avec une audace scintillante et une provocation raffinée. Cette première exposition parisienne retrace son parcours captivant, des rues ensoleillées de Los Angeles aux podiums internationaux, où il fusionne esthétique minimaliste et inspirations sacrées. Avec un œil aiguisé pour l’art et le cinéma, Owens, né en 1962, crée des pièces qui sont de véritables œuvres d’art, alliant sensualité et sophistication. Interview d’Alexandre Samson, commissaire scientifique de l’exposition. 

 

Rick Owens, figure emblématique du monde de la mode, débute son voyage à l’Otis College of Art and Design. Après une phase tumultueuse, il se tourne vers la mode, soutenu par sa muse et épouse Michèle Lamy. En 1994, il lance son propre label, captivant rapidement l’attention avec des collections audacieuses et glamour. Ses défilés ne sont pas de simples présentations ; ce sont des spectacles enchanteurs. En 2014, il bouleverse les conventions en intégrant des danseuses noires de stepping, défiant les normes de beauté avec une célébration éblouissante de la diversité. Chaque événement se transforme en une expérience théâtrale où la mode flirte avec l’art, créant une atmosphère envoûtante.

Rick Owens ne recule devant rien pour choquer. En 2015, il fait sensation en dévoilant des éléments audacieux, comme des représentations du sexe masculin, lui valant le surnom provocateur de « Dick Owens ». Ses choix artistiques, bien que controversés, captivent et intriguent, et cela ne l’arrête pas. Lors d’un défilé, un mannequin arbore un message audacieux sur Angela Merkel, provoquant un incident sur scène qui attire tous les regards.

Avec cette exposition, Rick Owens continue de redéfinir les frontières de la mode, transformant chaque pièce en une déclaration éblouissante et sexy, tout en abordant des enjeux sociopolitiques avec un regard acéré. Dans son univers flamboyant, la mode n’est pas qu’un simple vêtement ; c’est une affirmation de soi, une rébellion chic contre les conventions.

ALEXANDRE SAMSON © Ismaël Moumin
Interview d’Alexandre Samson, commissaire scientifique de l’exposition.

 

Anne Kerner : Pouvez-vous présenter Rock Owens ?

Alexandre Samson : Rick Owens est un créateur américain d’origine mexicaine, qui est toujours dans la continuité, c’est-à-dire que chaque collection répond à la précédente. Il a également une vision parfois politique à travers sa mode, mais c’est une vision empreinte de douceur et surtout destinée à protéger la différence.

 

A.K. : Que signifie le titre de l’exposition « Temple of love »

A.S. : « Temple of Love » c’est un titre qui a émergé dans la tête de Rick Owens pour caractériser le palais Galliera.

 

A.K. : Pouvez-vous nous résumer le parcours de l’exposition ?

A.S. : Dans le parcours de l’exposition, on peut sentir la constance de Rick Owens à travers les deux salles. Une première salle consacrée à Hollywood, donc à ses premières silhouettes, ses premières inspirations. Puis une salle assez sombre, tendue de de feutre de laine qui est sa matière de prédilection. La seconde salle de l’exposition est dédiée à Paris. Elle utilise la lumière naturelle. On y voit la continuité des inspirations que le public aura pu découvrir dans la première salle et l’évolution de ces inspirations et des nouvelles prises de parole, des prises de position jusqu’aux collections les plus récentes.

 

A.K. : Quelle est la silhouette Rick Owens ?

A.S. : La silhouette qui émerge dans les années quatre-vingt-dix à Hollywood et qui reste assez peu changée aujourd’hui, c’est une silhouette conçue par le patronage directement. En effet, Rick Owens n’est pas un créateur qui va passer par le dessin, il va directement draper le modèle.

 

A.K. : Quelle est la plus importante inspiration classique de Rick Owens ?

A.S. : Le classicisme pourrait peut-être s’expliquer dans le goût qu’il a pour la mode des années 30 qui étire la silhouette, un vêtement sculptural surtout sur la partie haute du corps.

 

A.K. : Que doit-on retenir de ce travail ?

A. S. : Même si on est dans un moment de mode, on parle surtout de grands groupes et de leur réussite, on doit souligner à quel point sont importants les designers indépendants. En effet, le schéma marginal de Rick Owens s’est transformé en une success story avant tout basée sur une technique très précise, une grande rigueur de travail.

Rick Owens en quelques dates :
  • 2003 : Rick Owens s’installe à Paris. Sa société, Owenscorp, emménage Place du Palais-Bourbon dans le 7e arrondissement. Il débute une collaboration avec le styliste Panos Yiapanis.
  • 2004 : Pour célébrer les dix ans de son label, il publie un livre rétrospectif intitulé L’ai-je bien descendu ?. Il ouvre également sa première boutique à Paris, au Palais-Royal, et lance plusieurs lignes, dont Lilies, DRKSHDW (Darkshadow) et Palais Royal.
  • 2008 : Ouverture d’un deuxième magasin à TriBeCa, New York, marquant le début de l’expansion internationale de sa marque. Rick Owens établit des boutiques à Milan, Los Angeles, Miami, Dubaï, Tokyo, Beijing, Shanghai, Xi’an et Chengdu.
  • 2013 : La Carpenters Workshop Gallery présente une sélection de mobiliers créés par Rick Owens dans leur galerie londonienne.
Palais Galliera. 10, avenue Pierre Ier de Serbie, 16e. Fermé lundi. 10h à 18h et 21h jeudi. 15 €. Jusqu'au 4 janvier. www.palaisgalliera.paris.fr