Entre soin et sollicitude, la notion de care invite à une réflexion transversale sur notre société. Dans un contexte mondial de «crise du soin», il importe de revaloriser et de politiser le care en explorant les formes et les relations auxquelles il peut donner lieu.
Avec cette exposition activée par des performances, des discussions et des ateliers, la commissaire canadienne Christine Shaw invite des artistes travaillant ailleurs dans le monde à introduire de nouveaux outils pour explorer le care dans le contexte français. Ces artistes exposent leur travail pour la première fois en France et offrent des perspectives nouvelles sur la précarité du travail, les institutions médicales et carcérales, les migrations, ou encore la gestion de l’environnement.
Ils nous interrogent ainsi sur la manière dont l’art, l’activisme, l’entraide collective, les pratiques féministes, la culture queer, les savoirs autochtones, ou une relation plus étroite à la terre, peuvent contribuer à une meilleure reconnaissance du care comme force sociale et culturelle.
Le Centre d’art propose toute cette saison une programmation réflexive et pratique autour du care. Après une expérimentation collective avec Myriam Lefkowitz et une exposition monographique de Béatrice Balcou, il accueille en 2019 une grande exposition intitulée « Take Care » autour de laquelle s’articulent le festival Performance Day et la résidence de Sheena Hoszko (The Limits of Care).
« Le care est une notion issue des théories féministes anglo-saxonnes qui peut se traduire par le fait de « prendre soin » ou de « se soucier de l’autre ». Mais on préfère souvent conserver le terme anglais qui recouvre une réalité plus complexe. La politicologue Joan Tronto et la militante des droits civiques Berenice Fisher définissent ainsi le care comme « une activité caractéristique de l’espèce humaine qui inclut tout ce que nous faisons en vue de maintenir, perpétuer et réparer notre monde de telle sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde inclut nos corps, nous-mêmes et notre environnement, que nous cherchons à relier ensemble dans un maillage complexe en soutien à la vie. » D’abord introduite dans les milieux médicaux et académiques français2, cette notion commence à faire son chemin sur d’autres terrains. Dans un contexte mondial de « crise du soin » (care crisis), il importe de revaloriser et de politiser le care en explorant les formes et les relations nouvelles auxquelles il peut donner lieu. Si la scène artistique française commence à être traversée par ces questions, les anglo-saxons conservent un temps d’avance, et c’est pourquoi nous avons choisi d’inviter pour ce projet une commissaire canadienne. Au sein du duo Letters and Handshakes, Christine Shaw a développé pendant un an et demi à Toronto3 un programme de résidences, d’ateliers, d’expositions et de publications. « Take Care » à la Ferme du Buisson propose une exposition reconfigurée à partir de ce projet transversal pour mobiliser des questions activées par des artistes travaillant ailleurs dans le monde, et introduire de nouveaux outils pour explorer le care dans le contexte français. Des artistes anglais·es, canadien·nes et autochtones exposent leur travail pour la première fois en France, offrant des perspectives nouvelles sur la précarité du travail, les institutions médicales et carcérales, les corps différents, les migrations, ou encore la gestion de l’environnement. Et nous interrogent sur la manière dont l’art, l’activisme, l’entraide collective, les pratiques féministes, les cultures indigènes et queer, ou une relation plus étroite à la terre peuvent contribuer à une meilleure reconnaissance du care comme puissante force sociale et culturelle ». Julie Pellegrin
Avec les artistes : Stephanie Comilang, Steven Eastwood, Jeneen Frei Njootli, Sheena Hoszko, Kwentong Bayan Collective, Hazel Meyer, Cait McKinney, Raju Rage, Laakkuluk Williamson Bathory et la commissaire, Christine Shaw (Blackwood Gallery Toronto).