Pour célébrer ses cent ans, l’hommage à Pierre Soulages dans le plus grand musée du monde symbolise la dimension hors norme de son oeuvre. Des toiles immenses et magnifiques dont trois ont été conçues par l’artiste rien que pour l’exposition, donnent à voir la vitalité de ce génie de la peinture.
Pierre Soulages a eu cent ans le 24 décembre 2019. Une année riche avec une superbe rétrospective au Centre Pompidou, une exposition magistrale à la galerie new-yorkaise Levy Gorvy, un essaie de l’écrivain et poète Christian Bobin, une toile vendue à près de 10 millions d’Euros à Paris, bref, l’exposition célébrant son centième anniversaire au Louvre est arrivée telle une consécration ! « Peintre de l’abstraction comme l’explique Alfred Pacquement, organisateur de l’exposition, c’est-à-dire travaillant sur la peinture elle même », l’immense artiste aveyronais poursuit toujours à sa manière, sa quête sur la lumière, seul, dans son atelier de Sète, juste assisté d’une personne qui déplace ses toiles. D’une vitalité remarquable, il poursuit avec un rythme soutenu sa création comme en témoigne les trois grandes toiles réalisées par l’artiste rien que pour cette manifestation hors-norme. Dans l’iconique Salon Carré consacré normalement aux peintures de la Renaissance, une ambiance de sanctuaire prend pourtant à la gorge. Murs beiges, marbres, hauteur démesurée, portes ouvertes sur une galerie du Louvre, mauvaise lumière… C’est un peu dommage pour la grandeur et la beauté d’une oeuvre si subtile osant oeuvrer avec un tel acharnement sur la quête du noir/lumière. Le marbre prendrait presque le dessus sur les peintures aux textures lisses, fibreuses, calmes, tendues ou agitées, aux multiplicité lumineuse, dont presque l’ensemble est consacrée à sa recherche sur l’outre noir qu’il travaille depuis près de la moitié de sa vie, soit 40 ans. Une vingtaine de grand formats et de polyptyques se succèdent donc. C’est le plus bel hommage qu’on pouvait faire à ce grand homme amoureux fou de l’espace temps. Mais il se serait peut être passé lui aussi de cette atmosphère de cénotaphe. « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », a souvent répété Soulages, insistant ainsi sur le caractère expérimental, non programmé, de sa peinture. Restons sur cette leçon de jeunesse.
