Agnès Varda apparaît multiple. Cinéaste, photographe et « visual artist », elle présente ses dernières oeuvres inspirées des contrastes des couleurs ou du temps à la galerie Nathalie Obadia. Une présentation qui se conjugue sur le thème du triptyque.
Anne Kerner : Quelle est la différence entre cinéaste, photographe et “visual artist” comme vous aimez à le dire ?
Agnès Varda : Je ne vois pas ce que le travail d’artiste apporte, sinon qu’on ne peut pas s’empêcher de le faire. Voulez-vous que je vous dise que chaque période de ma vie m’a apporté des joies et des soucis, hi hi ?
A.K. : Que présentez-vous dans cette exposition ?
A.V. : Cette exposition est le résultat de l’usage que je fais maintenant des inspirations et des techniques de toute ma vie. Il y a par exemple une photographie d’après un négatif de format 13 X 18, c’est-à-dire fait en 1950 avec une chambre avec soufflets et voile noir. Il y a aussi des vidéos très récentes, en passant par des extraits de films 35 mm. Il s’agit bien d’une juxtaposition, mais afin d’amortir ou de supprimer les frontières entre noir et couleur, argentique et numérique, passé et présent, c’est-à-dire ce que je vis maintenant.
A.K. : Que désirez-vous que l’on retienne de l’exposition ?
A.V. : C’est une bonne question parce que chaque visiteur retient un élément ou plusieurs d’une exposition, selon son humeur du jour, sa fatigue ou pas, et tout à coup les points d’accroche ou de complicité avec telle ou telle des oeuvres présentées s’inscrivent dans la mémoire.
(Images, portraits d’Agnès Varda Julia Fabry courtesy ciné tamaris, en dessous, copyright Agnès Varda et courtesy galerie Nathalie Obadia, les autres images copyright ouvretesyeux)