« Jeunes gens qui voulez être les officiants de la beauté, peut-être vous plaira-t-il de trouver ici le résumé d’une longue expérience. Inclinez-vous devant Phidias et devant Michel- Ange… Respectueux de la tradition, sachez discerner ce qu’elle renferme d’éternellement fécond : l’amour de la Nature et la sincérité. Ce sont les deux fortes passions des génies… Que la Nature soit votre unique déesse. Tout est beau pour l’artiste, car en tout être et en toute chose, son regard pénétrant découvre le caractère, c’est-à-dire la vérité intérieure qui transparaît sous la forme… Travaillez avec acharnement… Exercez-vous sans relâche. Il faut vous rompre au métier… L’art n’est que sentiment. Mais sans la science des volumes, des proportions, des couleurs, sans l’adresse de la main, le sentiment le plus vif est paralysé. […] L’art ne commence qu’avec la vérité intérieure. Que toutes vos formes, toutes vos couleurs traduisent des sentiments… Soyez profondément, farouchement véridiques. N’hésitez jamais à exprimer ce que vous sentez, même quand vous vous trouvez en opposition avec les idées reçues. Peut-être ne serez-vous pas compris tout d’abord. Mais votre isolement sera de courte durée. Des amis viendront bientôt à vous : car ce qui est profondément vrai pour un homme l’est pour tous.
Le grand point est d’être ému, d’aimer, d’espérer, de frémir, de vivre. Être homme avant d’être artiste ! Aimez passionnément votre mission. Il n’en est pas de plus belle. Elle est beaucoup plus haute que le vulgaire ne le croit. L’artiste donne un grand exemple. L’art est encore une magnifique leçon de sincérité. Le véritable artiste exprime toujours ce qu’il pense au risque de bousculer tous les préjugés établis ». Auguste Rodin par Auguste Rodin à Paul Gsell en 1911, pour être publié après sa mort. Catalogue Rodin, l’exposition du centenaire, éditions de la Réunion des musées nationaux Catalogue exposition Kiefer Rodin, Cathédrales, éditions Gallimard
Le 17 novembre 1917 disparaissait Rodin, l’artiste le plus célèbre de France et même d’Europe. En 2017, le centenaire de sa disparition nous donne l’occasion de célébrer la notoriété toujours croissante de l’artiste. Auguste Rodin a attendu cette reconnaissance. Jusqu’à quarante ans, il doit gagner sa vie sans être reconnu en tant qu’artiste. Il faut les commandes de l’État en 1880 pour que sa réputation s’affirme, notamment grâce à la mythique
La Porte de l’Enfer
Celle-ci est au cœur de la création rodinienne pendant trente ans ; c’est d’elle que naît le Penseur, icône reconnue de tous, assurant à l’artiste une immense renommée internationale, le plaçant parmi les plus grands noms de l’histoire de l’art occidental. Pourtant, ce chef-d’œuvre ne fit pas l’unanimité lors de son installation devant le Panthéon, accablé d’injures, traité de « pithécanthrope ». Depuis, le Penseur s’est élevé au rang de véritable ambassadeur de la France. Il est devenu un emblème officiel : il s’impose sur la place Tiananmen à Pékin en 1993, devant la Porte de Brandebourg à Berlin en 2003, à l’occasion du quarantième anniversaire du traité de l’Élysée, ou encore à Rome en 2007 pour célébrer le cinquantième anniversaire de la signature du traité de Rome. Le Penseur joue pleinement son rôle de citoyen européen. Mettre Rodin à l’honneur dans les commémorations nationales est une évidence tant l’artiste fait partie de notre patrimoine. Grâce à la donation que Rodin fit à l’État français en 1916, son œuvre est présentée à l’hôtel Biron, un des plus beaux lieux de la capitale. Cet anniversaire nous engage à mettre encore plus en avant les œuvres de Rodin. Je me réjouis ainsi des partenariats noués entre le musée Rodin à Paris et les collections des musées en région, qui se mobilisent ensemble pour faire de ce centenaire un succès auprès des publics. Les nombreuses manifestations organisées autour de cette commémoration sont aussi une façon de réunir tous les talents qui travaillent sur Rodin, son œuvre et sa perception aujourd’hui. Rodin est aussi un artiste qui appartient au patrimoine universel. Ses œuvres sont présentes dans plus d’une centaine de collections ouvertes au public dans le monde et dans plus d’une cinquantaine en France. L’engouement pour son art ne se dément pas, du Mexique à la Chine, en passant par l’Australie. Car ce qui fait la force de Rodin, c’est le testament artistique qu’il a légué aux artistes d’aujourd’hui. Le centenaire de sa mort révèlera que Rodin demeure une source d’inspiration, un sculpteur ouvert sur l’avenir. Audrey Azoulay. Ministre de la Culture et de la Communication.
LE CENTENAIRE AUGUSTE RODIN au Musée Rodin
Jamais la notoriété de Rodin n’a été aussi forte que maintenant ! Il est connu dans le monde entier et son œuvre est présentée dans d’innombrables musées sur tous les continents, ce qui n’était pas encore le cas de son vivant. En 1900, au faîte de sa gloire, Rodin recevait dans sa maison de Meudon d’illustres visiteurs comme le roi d’Angleterre, ou de nombreux artistes comme Brancusi. Mais c’est la donation de son œuvre en 1916 à l’État français et la création d’un musée dans le lieu qu’il avait choisi, l’hôtel Biron, qui ont assuré sa notoriété tout au long du xxe siècle. Le musée Rodin à Paris reçoit aujourd’hui en moyenne 600 000 visiteurs par an mais grâce aux expositions que nous concevons à l’étranger, ce sont plus d’un million d’amateurs qui découvrent tous les ans le travail de l’artiste. D’importantes collections sont présentées en Europe, à Londres, Zurich et Copenhague, mais aussi aux États-Unis au Metropolitan Museum de New York, à la National Gallery de Washington, au Palais de la Légion d’Honneur de San Francisco, au Mexique, au Japon à Tokyo et Shizuoka, en Corée à Séoul, en Australie à Sydney… En France, l’Éducation nationale, en faisant entrer Rodin au programme du baccalauréat d’arts plastiques, le consacre comme un artiste médiatique et ce sont des milliers de jeunes qui vont s’initier à travers lui à une histoire et à un mode d’expression. La notoriété de Rodin auprès des artistes les plus reconnus aujourd’hui met en évidence que les réponses qu’il apportait à son époque ont toujours un retentissement sur la sensibilité actuelle. La plupart des grands plasticiens sont encore fascinés par son œuvre, et Anselm Kiefer a accepté une carte blanche au musée Rodin. Cette notoriété prend également les formes les plus proches de monsieur tout le monde : la Monnaie de Paris frappera une pièce de deux euros à l’effigie du Penseur, Rodin sera dans toutes les poches ! La Poste va éditer un timbre représentant le Baiser, et Rodin sera incarné par le comédien français Vincent Lindon, dans un film de Jacques Doillon.
QUELLE VISION DE RODIN AVONS-NOUS AUJOURD’HUI ?
Avec toutes les recherches menées depuis trente ans, prises en compte dans la nouvelle muséographie du musée Rodin, rouvert en novembre 2015, la vision de l’œuvre de Rodin a beaucoup évolué. Elle n’a jamais été aussi riche et complète qu’aujourd’hui. La période où l’on ne montrait que des œuvres définitives et des matériaux « nobles » est révolue. Les phases transitoires révèlent un processus créatif très novateur et se présentent comme un jalon vers les avant-gardes. L’assemblage, cette technique si Rodinienne, en est un exemple. Rodin possédait de nombreux tirages en plâtre de ses figures qu’il assemblait au gré de ses recherches sans parfois tenir compte des proportions mais de l’effet recherché.
MUSÉE RODIN ET LE CENTENAIRE AUGUSTE RODIN
Le masque de Camille Claudel assemblée à la main gauche de Pierre de Wissant (un des Bourgeois de Calais) en est une parfaite démonstration. Nous avons également au musée des agrandissements en plâtre poussés à leur paroxysme, la Muse Whistler en est un exemple qui rapproche Rodin et Picasso. Le Rodin des monuments publics, du bronze, et le chantre de la sensualité féminine s’est enrichi d’un Rodin plus intime et insolite, dont le travail de recherche, très audacieux, est aujourd’hui accessible. Rodin était le témoin d’un monde transformé par les révolutions technologiques, intellectuelles, sociales, et son art rencontre un écho évident dans un monde actuel également bouleversé sur bien des plans.
QUELS SONT LES DÉFIS QUE RELÈVE LE MUSÉE RODIN EN TANT QU’HÉRITIER DE L’ARTISTE ?
Le musée Rodin se trouve devant plusieurs défis. Sa première mission est de faire mieux connaître l’œuvre par les expositions en France comme à l’étranger. La politique de dépôt du musée Rodin auprès des musées français s’est intensifiée à Calais, à Caen, à Rodez, à Nantes, bientôt à Lyon. Mais la diffusion des collections se fait également par les expositions, les publications, le catalogue en ligne (collections.musee-rodin.fr) et la création de sites internet spécifiques comme celui qui accompagne l’exposition L’Enfer selon Rodin sur la Porte de l’Enfer. Par ailleurs, au titre d’ayant droit de l’artiste, le musée a une position très particulière. Comme titulaire du droit moral de l’artiste, il poursuit une veille active sur le marché de l’art pour repérer et poursuivre les auteurs de contrefaçons. Le musée continue, selon la volonté de Rodin, à éditer des œuvres originales en bronze. Cet artiste atypique a conçu pour son musée un modèle économique unique, puisque l’institution est ainsi autofinancée depuis sa création il y a cent ans. Mais ces éditions sont aussi une manière de renouveler la vision de l’œuvre, et d’enrichir les collections nationales, car beaucoup de modèles n’ont pas été édités du vivant de Rodin. Le musée Rodin vient ainsi de faire entrer dans ses collections le 3e exemplaire d’Aphrodite grand modèle. L’année 2017 sera l’occasion d’éditer plusieurs sujets inédits, qui seront dévoilés en mars 2017.
DANS CENT ANS, COMMENT ÉVOLUERA L’IMAGE DE RODIN ?
Comme dans le cas de Michel-Ange, le succès de Rodin ne se démentira pas. Rodin est un géant de l’histoire de l’art et suscite l’enthousiasme en Chine comme aux États-Unis. Comme Michel-Ange, il utilise le vocabulaire du corps, il parle de passions et de destinées humaines, ce langage parle à toutes les cultures, à toutes les sensibilités. Son aura se maintiendra au-delà de la période actuelle parce qu’il joue un rôle clé entre l’art classique et l’art moderne : c’est celui qui, comme le disaient ses contemporains, a « rendu la vie à la sculpture ». Catherine Chevillot, directrice du Musée Rodin.
En prolongement de cette exposition, le musée Rodin affirmera plus que jamais sa programmation en lien avec des artistes contemporains et donnera carte blanche à l’artiste Anselm Kiefer. L’exposition témoignera de la rencontre singulière de ces deux démiurges, avides d’expérimentations. En écho à cette présentation, le parcours du musée sera modifié afin d’exposer pour la première fois des oeuvres de Rodin totalement méconnues, témoins des préoccupations communes aux deux artistes et de leurs combats esthétiques. Ce Rodin visionnaire sera le propos d’un des événements marquants du centenaire : le film Rodin de Jacques Doillon avec Vincent Lindon dans le rôle de Rodin et Izïa Higelin dans le rôle de Camille Claudel. Les chaînes de télévisions Arte et France 5 ont déjà prévu la diffusion de films documentaires tous tournés pour l’occasion. Bruno Aveillan et François Bertrand proposent chacun leur regard sur l’œuvre principale de Rodin, la Porte de l’Enfer. La vie de Rodin et son œuvre est l’axe choisi par Claire Duguet pour son film Rodin en son siècle.
RODIN POUR TOUS LES PUBLICS
Les musées de France se mobilisent à l’occasion de ce centenaire pour mettre en valeur les œuvres de Rodin de leur collection. Outre le musée Rodin lui-même, dans ses deux sites de Paris et de Meudon, le musée des Arts décoratifs, les collections d’Aix-les-Bains, Lyon, Calais, Morlaix, Rodez, Montpellier… font place à l’artiste et se mobilisent. À l’international, du Mexique au Japon et de la Corée aux États-Unis, les œuvres de Rodin sont présentées au public dans plus de cent musées. La sculpture de Rodin fascine, attire des publics de toutes cultures, de toutes sensibilités, de toutes origines. Utilisant le langage du corps, explorant sans cesse plus profondément les passions humaines, l’artiste touche chaque être humain de manière spontanée et immédiate, et laisse rarement indifférent. Tout au long de l’année, le musée Rodin proposera pour tous ses publics un programme adapté de médiation et d’animations. La Saint-Valentin donnera le coup d’envoi avec une opération « love » devant le Baiser et se terminera la semaine du 17 novembre 2017 (date anniversaire de la disparition de Rodin) avec une semaine Rodin. Les publics scolaires et handicapés feront également l’objet d’initiatives. Mais au delà de l’espace public et des musées qui conservent les œuvres, Rodin sera accessible à tous avec la pièce de deux euros frappée à l’effigie du Penseur et de l’artiste par la Monnaie de Paris et le timbre représentant le Baiser édité par la Poste.
LE MUSÉE RODIN, HÉRITIER DE RODIN
Ayant droit de l’artiste, le musée, selon la volonté de Rodin lui-même, édite et vend dans la limite de douze exemplaires des œuvres originales en bronze, grâce notamment aux moules d’origine légués par le sculpteur. Le musée Rodin poursuit sa mission en éditant de façon régulière des sujets inédits, comme, à l’occasion du centenaire. Trois œuvres, Châtiments, Généreusement ou Monument à E. Carrière et Médée seront éditées en 2017.
UN SITE INTERNET AU SERVICE DU CENTENAIRE : RODIN100.ORG
Le musée Rodin relaiera sur un site internet spécifique l’actualité du centenaire
à travers toutes les initiatives qui lui seront envoyées, qu’elles se déroulent en France comme à l’étranger. Mais ce site, outre l’agenda, disposera de ressources en ligne :
→ Rodin près de chez vous : sous la forme d’une carte interactive, les collections de musée et les espaces publics où l’on peut voir des œuvres de Rodin, que ce soit en France
ou à l’étranger, seront présentés.
→ Rodin, tops & flops : écrit par Rodin lui même comme un portrait intime, Rodin,
tops & flops retrace en quarante anecdotes les hauts et les bas de la vie de l’artiste.
Une chronologie complètera ce portrait décalé.
→ Votre Rodin sera l’espace dédié, via Instagram, aux publications des internautes.
RODIN : L’EXPOSITION DU CENTENAIRE. Du 22 MARS au 31 JUILLET 2017 GRAND PALAIS
À l’occasion du centenaire de la mort d’Auguste Rodin (1840-1917), le musée Rodin et la Réunion des musées nationaux Grand Palais s’associent pour célébrer l’artiste. L’exposition met en évidence l’univers créatif de Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche de plus de 200 œuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso, Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture.
Auguste Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. À chaque génération, il a fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso. Son usage du dessin devance les grands expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celles de Brancusi ou de Moore. L’exposition présente son œuvre et les mutations du regard qu’elle a engendrées.
RODIN, LA FORCE DE L’EXPRESSION
À partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme rodinien s’impose. C’est aussi la période des « dessins noirs » – peu connus, peu vus – qui nourrissent l’univers de sa future Porte de l’Enfer. Les collectionneurs prennent sa défense. Lui-même sait, dès cette époque, jouer de tous les moyens mis à sa disposition pour construire sa carrière : collectionneurs, presse, expositions, dans un Paris, où le marché de l’art est en pleine expansion, pour construire sa carrière. Les jeunes sculpteurs comme Bourdelle, Lehmbruck, Gaudier-Brzeska, Brancusi, ont tous une période rodinienne.
RODIN EXPÉRIMENTATEUR
L’exposition de son œuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition universelle, le place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries d’œuvres en plâtre – son matériau de prédilection : matière immaculée faite pour cet art de la lumière et de l’espace. L’exposition de 1900 révèle un processus de réinvention permanente, fondamentalement expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace. Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque étape évoluer sa pensée. Bourdelle, Matisse, Brancusi ou Picasso ancrent leurs premiers travaux dans sa pratique. Catherine Chevillot, conservateur général du patrimoine, directrice du musée Rodin Antoinette Le Normand-Romain conservateur général, honoraire du patrimoine
AU GRAND PALAIS. Galeries nationales, entrée Clemenceau. Ouverture. Tous les jours de 10h à 20h Fermé le mardi Nocturne le mercredi jusqu’à 22 H. www.grandpalais.fr
LE MUSÉE RODIN et le CENTENAIRE AUGUSTE RODIN
À la fin des années 1890, Rodin se consacre davantage au dessin. En 1902, il en expose à Prague une importante série, qui est partiellement reconstituée au Grand Palais. Cette production totalement indépendante de la sculpture bouleverse par la liberté et la modernité de cette nouvelle expression. Rodin exploite largement la photographie à partir des années 1880. Les tirages retouchés par l’artiste deviennent des œuvres à part entière et sont utilisés et intégrés au processus créatif. Après 1945, des artistes comme Henry Moore porteront à son paroxysme cet usage de la photographie.
RODIN : L’ONDE DE CHOC
Après la Seconde Guerre mondiale, on découvre un nouveau Rodin et de nombreux aspects inconnus de son travail : assemblages de figures de plâtre et de vases antiques, mouvements de danse, moulage de la robe de chambre de Balzac sont autant de choc pour le public comme pour les avant-gardes. Les assemblages de Picasso, les acrobates de Max Beckmann ou les œuvres en feutre de Beuys y font comme écho. Les collectionneurs de Rodin lèguent de nombreux ensembles aux musées : musée Rodin de Philadelphie, Metropolitan Museum de New York, National Gallery de Washington, Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague, musée d’art occidental de Tokyo… Une salle de l’exposition évoque l’univers d’un collectionneur d’aujourd’hui, dans laquelle les œuvres de Rodin se mêlent à celles de ses contemporains. Que reste-t-il de cette sensibilité expressive et lyrique ? Elle apparaît dans des œuvres ou des mouvements divers qui partagent le rejet de la géométrie et de l’idéalisme, la revendication d’une approche libertaire et antirationaliste. Cette sensibilité oppose la spontanéité au concept et affirme le poids de la matérialité (Germaine Richier, Alberto Giacometti, Willem De Kooning). On y trouve de l’excès, dans le drame (Markus Lüpetz) comme dans le versant jubilatoire (Barry Flanagan) : violence et débordement, esprit ludique ou métamorphose.
KIEFER RODIN, CATHÉDRALES. Du 14 MARS au 22 OCTOBRE 2017, AU MUSÉE RODIN PARIS
A l’heure du centenaire de la mort d’Auguste Rodin, le musée affirme plus que jamais sa programmation en lien avec les artistes contemporains et donne carte blanche à Anselm Kiefer. Investissant la salle d’exposition, l’exposition témoignera de la rencontre singulière de ces deux géants, pétris de liberté et affranchis de toutes contingences artistiques. Les similitudes de parcours, de sources d’inspiration et de procédés créatifs de Kiefer et de Rodin mettent en évidence une originalité instinctive. Attirés par l’accident, disponibles au hasard, ils exploitent tous les domaines, manipulent toutes les matières, empruntent les chemins de traverses et s’autorisent autant d’agencements et d’audacieuses mutations. Attiré par les débris et abattis directement issus du ciment rodinien qu’il mêle aux reliques de sa propre vie et à d’autres matériaux inattendus, Anselm Kiefer réalise une série de vitrines totalement inédites. L’artiste ingurgite alors, assimile et digère pour engendrer ici des formes nouvelles. Sous le verre, Kiefer guette l’étincelle de ses méta- morphoses. De la même manière, les moules des œuvres de Rodin exhumés, fatigués et salis, verrouillés, brisés ou éventrés, témoignent d’une vie passée et d’une autre à venir. La forme y est prisonnière, préservée, prête à éclore, presque palpable, traversée, forcée et perpétuellement réinventée par le regardeur. En écho à cette présentation, le parcours du musée sera modifié afin d’exposer pour la première fois des plâtres de Rodin totalement méconnus, témoins des préoccupations communes aux deux artistes et des mêmes combats esthétiques. Si Kiefer et Rodin jouent de tous les supports, usent de toutes les techniques pour comprendre ou digérer l’héritage du passé et assouvir leur amour du métier, ils célèbrent avant tout leur culte commun du travail à travers une même quête, celle de la vérité, jamais embellie.
PRÉSENTATION INÉDITE DE L’ŒUVRE ABSOLUTION
Dans le cadre de l’exposition Kiefer Rodin, Cathédrales, une œuvre exceptionnelle de Rodin, mêlant sculptures et textile sera présentée pour la première fois au public. De plus de 1,90 m de hauteur, l’œuvre Absolution est un assemblage exceptionnel de trois sculptures préexistantes, le grand torse d’Ugolin assis, la tête de la Martyre, et la Terre, rendues mystérieuses par la pré- sence d’un grand drapé. Absolution demeure dans la production de l’artiste tout à fait unique et montre l’incroyable modernité et audace de Rodin. Jamais Rodin n’avait donné une importance aussi radicale, ample et dramatique à la fois au drapé. Après une minutieuse et délicate restauration, de novembre 2016 à février 2017, l’œuvre
sera présentée au public pour la première fois. Cette restauration a bénéficié du soutien du TEFAF Museum Restoration Fund.
LE FILM, RODIN, DE JACQUES DOILLON. AVEC VINCENT LINDON DANS LE RÔLE TITRE
Il est aujourd’hui difficile d’imaginer qu’à quarante ans Rodin est un inconnu. La commande de La Porte de l’Enfer va lui permettre d’imaginer de multiples figurines en mouvement, vraie chair frémissante, dont certaines, agrandies, feront enfin sa gloire, comme Le Baiser et Le Penseur. Il rencontre alors la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée, qui devient vite son assistante. Dix ans d’admiration commune et de travail complice, dix ans de passion, qui après la rupture les laisseront l’un et l’autre exsangues pour longtemps. Rodin finira par s’en relever et poursuivra son œuvre, de plus en plus consacrée à la splendeur de la femme, jusqu’à devenir le sculpteur le plus célèbre après Michel-Ange. Le film retrace aussi ses amours « moins tyranniques » avec d’autres assistantes et des modèles, ainsi que sa relation avec Rose, sa compagne de toujours, celle des bons comme des mauvais jours. Sa vie, c’est travailler encore et toujours, et c’est ainsi qu’il va passer sept ans sur la sculpture de son Balzac, une œuvre largement rejetée en son temps, qui deviendra pour tous le point de départ incontestable de la sculpture moderne. Parallèlement, avec ses dessins érotiques instantanés, il atteint la sensualité qu’il touchait déjà par la sculpture. Un siècle après sa mort, son Balzac et son œuvre règnent dans les principaux musées du monde. PRODUCTION. Les Films du Lendemain. DISTRIBUTION FRANCE. Wild Bunch Distribution.
LE BAISER DANS L’ART… DE RODIN À WANG DU, MUSÉE DES BEAUX-ARTS
DE CALAIS, 8 AVRIL AU 17 SEPTEMBRE 2017
Le musée des Beaux-Arts de Calais rend hommage au grand maître de la sculpture française, en consacrant une exposition à l’un des thèmes les plus populaires et célèbres de son œuvre : le Baiser ! À travers le regard d’artistes internationaux – parmi lesquels Rodin, Brancusi, Picasso, Le Corbusier, Jacques Monory, Ange Leccia, Douglas Gordon, Orlan…, et une diversité de mediums et de disciplines artistiques (peinture, sculpture, installation, bande dessinée, street art, cinéma, photographie, vidéo), l’exposition cherche à montrer l’évolution de ce thème dans l’art depuis la création du Baiser par Rodin en 1887. Les œuvres viennent questionner l’image d’une nouvelle réalité et son expression communicative. Les artistes exposés ont en commun d’aborder le baiser avant tout comme un langage. Entre mythe et réalité, entre codes et protocoles d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ils (re)pensent la relation à l’Autre.
AUGUSTE RODIN, UNE PASSION POUR MEUDON (1893-1917), MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DE MEUDON, du 15 SEPTEMBRE AU 22 DÉCEMBRE 2017
17 novembre 1917 : Auguste Rodin s’éteint à Meudon où il s’était installé dès 1893. Le musée d’art et d’histoire rappellera la passion du sculpteur pour
cette ville réputée pour son calme et sa verdure. Lieu du dessin, du moulage et du travail du plâtre, Meudon est aussi un lieu de rencontre avec des personnalités. Évocation de son intérieur, de ses collections et de son environnement de travail, l’exposition est une invitation à retrouver le Rodin de la villa des Brillants de Meudon.
L’ŒIL DE RODIN, MUSÉE DES MOULAGES, UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY, MONTPELLIER, 20 SEPTEMBRE 2017 AU 20 JANVIER 2018
Auguste Rodin fut tout au long de sa vie passionné par l’art antique et plaça l’art grec au pinacle de ses admirations. Cette exposition permettra de présenter des œuvres inédites dans une approche didactique du moulage, moulage d’après l’antique, moulage des œuvres de Rodin, à travers
l’explication des techniques, à l’aide de films. Elle abordera aussi les questions des ateliers de moulages et des musées de moulages à travers l’Europe au début du xxe siècle ainsi que de l’importance du moulage pour les artistes et leur connaissance de la sculpture antique. Elle sera accompagnée d’un catalogue.
AUGUSTE RODIN ET SON MOULEUR PAUL CRUET, MUSÉE FRANÇAIS DE LA CARTE À JOUER & GALERIE D’HISTOIRE DE LA VILLE D’ISSY-LES-MOULINEAUX, HIVER 2017 – PRINTEMPS 2018
En 1908, Auguste Rodin, qui habite la Villa des Brillants à Meudon depuis une douzaine d’années, fait installer dans les communs du château des Conti à Issy-les-Moulineaux l’atelier d’un de ses derniers mouleurs et proches collaborateurs : Paul Cruet. Sa veuve fait donation à la Ville de sa collection. Conservé au musée, ce fonds d’un réel intérêt comprend notamment des photographies anciennes, une aquarelle et huit œuvres en plâtre (dont une statue : Celle qui fut la belle Heaulmière, ainsi qu’un buste de Camille Claudel et une tête d’un des Bourgeois de Calais, Pierre de Wissant). L’exposition permettra aussi de s’arrêter sur le procédé du moulage en sculpture et sur le rôle du mouleur, rôle important non seulement sur le plan technique (du fait du nombre et de la complexité des étapes) mais surtout sur le plan esthétique (supposant une grande familiarité avec l’œuvre de l’auteur).
MUSÉE CAMILLE CLAUDEL
L’ouverture du musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine en mars 2017, où le musée Rodin fera un dépôt important d’œuvres est également inscrit au programme du centenaire.
RODIN DANS LA VILLE
Les villes présentant dans leur espace urbain des œuvres de Rodin s’associent également à cette programmation comme les villes de Calais et de Paris ainsi que les lieux où Rodin a laissé son empreinte (Fondation Jérôme Seydoux-Pathé).
À L’ÉTRANGER, DE NOMBREUSES INITIATIVES SERONT MISES EN VALEUR
EXPOSITIONS ET NOUVELLES PRÉSENTATIONS DES COLLECTIONS
→ Rodin, the human experience, selection from the Iris and B. Gerald Cantor collections. Exposition présentée successivement au Portland Art Museum, Portland, du 21 janvier au 16 avril 2017 ; Flint Institute of
Arts, Flint, du 6 mai au 20 juillet 2017 ; Telfair Museum of Art, Savannah, du 1er septembre 2017 au 7 janvier 2018
→ Rodin, Museo Nacional de Bellas Artes de Buenos Aires, date à venir
→ Kiefer Rodin, Barnes Foundation de Philadelphie, à partir
du 17 novembre 2017
→ L’Art du Paysage, Palais Barberini, date à venir
→ Rodin, The Metropolitan Museum of Art, New York, à partir
de septembre 2017
→ Nouvelle muséographie du musée Rodin de Philadelphie
→ Nouvelle muséographie du Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts de Stanford
MUSÉE RODIN DE PHILADELPHIE, FÉVRIER 2017
Le centenaire de Rodin est l’occasion pour le musée Rodin de Philadelphie de proposer une nouvelle présentation des œuvres et d’explorer un
thème récurrent dans l’œuvre de Rodin : celui du couple enlacé et du baiser. Rassemblant des œuvres en marbre, bronze, plâtre et terre cuite
exécutées par Rodin sur une période de trois décennies, cette présentation examine les différentes manières dont le sculpteur représenta la passion amoureuse. Ses groupes sculptés témoignent d’une diversité d’approches, de significations et de références, illustrée ici par des œuvres comme
Le Minotaure, Je suis belle, l’Éternel Printemps ou La Jeunesse triomphante. Le modèle du Baiser, commandée par Jules Mastbaum en 1926 pour
le musée de Philadelphie, sera mis à l’honneur pour son histoire singulière et afin d’illustrer l’influence de Rodin.
Le musée Rodin de Philadelphie – un havre de tranquillité sur la célèbre Benjamin Franklin Parkway – est un des grands sites où l’on peut découvrir l’œuvre de l’illustre sculpteur français Auguste Rodin. Ouvert au public en 1929, cet ensemble remarquable d’architecture, de paysage et de sculpture, conçu par l’architecte Paul Cret et le paysagiste Jacques Gréber, a retrouvé sa splendeur d’origine. Nous vous invitons à découvrir l’œuvre de Rodin dans les salles du musée et dans les jardins qui changent au gré des saisons. C’est toujours le bon moment pour visiter le musée !
RODIN, THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART, NEW YORK, À PARTIR DE SEPTEMBRE 2017
Le Metropolitan Museum of Art présentera plus de 50 œuvres de Rodin, aux côtés de peintures de ses contemporains, dans la Iris and B. Gerald Cantor Sculpture Gallery. Les œuvres en terre cuite, plâtre, marbre et bronze reflèteront plus de 120 ans d’enrichissement du fonds d’œuvres de Rodin du musée. L’exposition de dessins de Rodin et les photographies de ces œuvres par Edward Steichen (1879-1973) complétera cette présentation.