Le musée des Arts décoratifs célèbre le centenaire de l’Art déco avec une exposition dédiée à Jacques-Émile Ruhlmann, un décorateur emblématique de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. Intitulée « Ruhlmann décorateur », cette exposition se tient dans le nouveau cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, situé au 5e étage du musée. À travers près de soixante-dix œuvres, dont 26 carnets de dessins, plus de 40 papiers peints, textiles et photographies, l’exposition met en avant l’aspect moins connu du talent de Ruhlmann : sa capacité à créer des revêtements muraux et des tissus qui s’harmonisent avec ses meubles.
Interview de Bénédicte Gady, conservatrice en charge des collections de dessins, papiers peints et photographies, directrice des musées des arts décoratifs par interim.
Anne Kerner : Cette nouvelle salle, le cabinet des dessins, papiers peints et photographies, se présente comme un nouvel outil ?
Bénédicte Gady : Oui. Nous avons créé un outil pour présenter les collections, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent. L’accès aux collections se faisait uniquement par les bureaux ou les réserves, ce qui ne répondait pas aux standards d’un musée digne de ce nom.
Nous prévoyons d’organiser trois expositions par an, en lien avec l’actualité parisienne. En mars, nous mettrons en valeur les collections de dessins pour coïncider avec les salons du dessin. En juin, une exposition sera dédiée aux thèmes asiatiques pour célébrer le printemps asiatique, et à l’automne, nous présenterons une exposition sur la photographie en lien avec Paris Photo.
A.K. : Pouvez-vous parler de l’exposition inaugurale ?
B.G. : Nous voulions ouvrir avec une exposition qui montre les trois collections. Donc c’est pour cela que vous avez des dessins, des papiers peints, des photographies puisque la richesse de ce musée, c’est le croisement, la manière dont les collections se répondent et s’enrichissent les unes les autres.
A.K. : Comment définiriez-vous Ruhlmann ?
B.G. : Ruhlmann est le symbole de l’Art déco, reconnu comme un créateur de mobilier d’exception, un terme courant à l’époque. Bien qu’il soit dessinateur de meubles et qu’il organise leur fabrication, il n’est ni ébéniste ni menuisier. Cette exposition marque le lancement des célébrations du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, qui s’est tenue à Paris en 1925.
Le terme « Art déco » a été popularisé à la suite d’une exposition au Musée des arts décoratifs en 1966, en raison de la longueur du titre original. Il désigne désormais ce style caractéristique des années 1920 et 1930. Ce qui est remarquable dans cette exposition, c’est la présentation de modèles et de projets inédits de Ruhlmann, incluant des designs pour les murs, des papiers peints et des textiles, découverts dans les collections du musée et les archives de la manufacture de papier peint.