Pierre & Gilles, Paris, Galerie Templon. Du 10 septembre au 31 octobre 2020.

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Pierre & Gilles, Paris, Galerie Templon. Du 10 septembre au 31 octobre 2020.

Depuis leur rencontre au coeur des nuits parisiennes, en 1976, ils ne se quittent plus et travaillent à quatre mains. Leur univers unique a conquis la planète et les stars du monde entier ont posé pour eux. 44 ans plus tard, leur complicité n’a pas changé. Ils s’appellent Pierre & Gilles. Interview par Anne Kerner.

 

Anne Kerner : Comment êtes-vous venus à l’art ? 

Gilles : Quand j’étais enfant, j’allais à l’école mais cela ne me plaisait pas du tout. Au lycée c’était une catastrophe. J’étais très dur et je redoublais toutes mes classes. Je faisais plein de petits dessins mais je ne m’en rendais pas compte. J’ai été orienté par hasard par mon professeur de dessin aux Beaux-Arts. J’aimais bien le cinéma et la peinture, mais je ne pensais pas que c’était un univers fait pour moi. Quand je suis arrivé aux Beaux-Arts, cela a changé ma vie. Au début, j’étais toujours révolté et puis au bout de quelques mois, les professeurs m’aimaient bien, j’avais de bonnes notes, j’ai pris confiance en moi. J’ai eu un espoir, je me suis dis que j’avais attrapé quelque chose et qu’il ne fallait pas le lâcher. Je me suis retrouvé dans le monde de l’art qui m’a transformé. Je suis arrivé à Paris ensuite, ça été un peu difficile, mais quand j’ai rencontré Pierre, qui était photographe, ç’était formidable d’être ensemble.

Pierre : Quand j’étais petit, je vivais aussi dans une petite ville austère, et le rêve, c’était les images de cinéma, la musique…. J’étais porté par quelque chose, je ne savais pas quoi. C’était l’aventure. Et puis, petit à petit, sont arrivés la photo, la rencontre avec Gilles, après, tout çà…

 

A.K. : Quand avez vous commencé à travailler ensemble ?

Gilles : On se donnait mutuellement des conseils. Je conseillais Pierre sur ses photos, sur des décors, sur des mises en scènes, et il m’aidait à faire mes dessins et mes peintures en les prenant en photo ce qui m’inspirait. Un jour, on travaillait sur une série de photos, une série de grimaces inspirées des photomatons et nous voulions des couleurs très vives.Or, à l’époque, les tirages étaient un peu tristounets. Gilles a dit : « si je m’amusais à repeindre dessus ». Nous étions tellement contents du résultat, qu’à partir de ce moment là, nous n’avons travaillé qu’ensemble.Nous collaborions alors pour le magazine Façade. Il a sorti nos images et les gens ont découvert notre travail. Au début, nous ne signions pas encore Pierre & Gilles,mais par nos noms complets. Tout le monde nous appelait Pierre et Gilles parce que l’on était inséparables, alors, nous avons signé tout naturellement Pierre & Gilles. Notre première image, ce mélange de Pierre et de Gilles, a crée notre signature.

 

A.K. : Qu’avez vous fait pendant le confinement ?

Gilles : Comme les modèles ne pouvaient pas se déplacer jusqu’à notre atelier, nous avons réalisél’ Autoportrait qui est dans l’exposition et la Madone, Notre-Dame du corona, qui n’était pas encore peinte. Cela prend du temps à réaliser une image. Il faut au moins trois semaines de travail. Notre assistant numérique était en télétravail, et, ainsi de loin,nous avons réussi à faire notre autoportrait. C’était très amusant de travailler comme cela en fin de compte. Mais sans modèle, nous nous sommes concentrés, entre autre, sur les cadres.

 

A.K. : Quel est le thème de l’exposition ?

Gilles : La planète qui change, le réchauffement climatique. La mer a toujours été un thème récurrent, peuplée de marins, de sirènes…, et nous avons voulu parler de sa pollution.

Pierre : La laideur peut être belle par moment aussi et c’est ce qui nous fascine depuis toujours. Quand on regarde bien une photo au départ, on voit une image de rêve et lorsque l’on entre dans le détail, il y a des détritus,des ordures, des bouteilles jetées. C’est aussi cela qui nous intéresse, l’ambiguïté entre les choses. Le monde ne sera jamais comme le paradis d’autrefois. Certes, il faut regarder la beauté partout où elle se trouve, mais en même temps il faut protéger la nature, c’est évident.

Gilles : Cette exposition tombe au bon moment car lorsque nous avons choisi le thème de la mer, des océans, on ne savait pas que le virus allait arriver. Il est en est la conséquence.  Donc nous l’avons intégré dans notre série subaquatique. Notre-Dame du corona, qui est ici, à côté de nous, représente une madone qui nous protège peut-être contre le virus. Son auréole composée de gouttes d’eau représente les postillons, les fleurs symbolisent le virus qui se propage, la grosse boule, la planète envahie.

 

A.K. : Croyez-vous au miracle ?

Pierre : C’est rêvant et en donnant du rêve que l’on peut sauver le monde. Dans toutes les civilisations, l’art nous aide à vivre et nous ne pouvons pas vivre sans art.

 

A.K. : Que désirez -vous que le visiteur retienne de l’exposition ?

Gilles : Nous aimerions qu’il se sente heureux et que l’exposition lui donne de l’énergie. Nous aimerions donner de l’espoir.

 

Galerie Templon, 30 rue Beaubourg 75003 Paris - France Tel: + 33 (0)1 42 72 14 10. www.templon.com