Paris. Portrait éphémère du Japon, photographies de Pierre-Elie de Pibrac, Musée Guimet. Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024.

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Paris. Portrait éphémère du Japon, photographies de Pierre-Elie de Pibrac, Musée Guimet. Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024.

Pierre-Elie de Pibrac partage sa passion pour le Japon à travers d’extraordinaire photographies réalisées sur plus de 26 000 kilomètres de 2019 à 2020.  Ses portraits et ses paysages racontent le sentiment d’impermanence qui imprègne la culture japonaise. Interview.

 

Anne Kerner : En quoi consiste votre projet photographique,  Hakanai Sonzai, présenté au Musée Guimet ?

Pierre-Elie de Pibrac : Hakanai Sonzai, qui signifie “je me sens moi-même une créature éphémère”, est la deuxième partie d’une trilogie que j’ai commencé à Cuba en 2017 et que je terminerai en Israël en 2024. Ce projet, à la fois anthropologique et social, raconte l’histoire d’individus qui cherchent à comprendre leur identité face au poids des règles de la société dans laquelle ils évoluent.

 

A.K. : Comment avez-vous procédé pour le réaliser ?

Pierre-Elie de Pibrac : Avec ma femme Olivia, avec qui je réalise tous mes projets, nous sommes partis, avec nos enfants, 8 mois en immersion au Japon, de décembre 2019 à août 2020. Pour réaliser mes projets, j’ai besoin d’immersion pour mieux ressentir le pays, sa culture et ses habitants. Avant de partir j’ai étudié le japonais et sa culture pendant 2 ans. Après chaque immersion, je prends entre un et deux ans pour penser les tirages et le livre. Pour moi, une photographie est bien plus qu’une image, sa matérialisation, y compris dans le format livre, est aussi importante que l’histoire qu’elle raconte.

 

A.K. : Que représentent vos tableaux photographiques ?

Pierre-Elie de Pibrac : L’acte photographique est fondamental dans mon travail. C’est pourquoi je réfléchis en amont à la manière dont je vais utiliser l’appareil photographique et à sa place dans le projet. Toutes mes photographies couleurs sont des mises en scènes, prises à la chambre photographique, qui offrent à la personne photographiée la possibilité de s’exprimer. Chaque photographie est une composition pensée avec le sujet. Pour réaliser certaines œuvres, j’ai envoyé, au préalable, des appareils photos jetables et des carnets de notes. Ce n’est qu’après avoir lu les carnets et vu les photographies qui avaient été prises que j’ai imaginé les mises en scènes. Pour les faire, nous avons fait plus de 26 000 km dans tout le Japon.

 

A.K. : Que désirez-vous que le visiteur retienne de votre exposition ?

Pierre-Elie de Pibrac : Le Musée Guimet est donc le lieu le plus bel écrin possible pour offrir une immersion aux visiteurs. Je souhaitais, en pensant à la scénographie de l’exposition, que les visiteurs puissent être surpris et se sentir happés par les œuvres comme j’ai été happé par le Japon, sa nature et sa culture. Les remettre dans le même état que j’ai été lorsque j’ai pris les photographies. La première exposition d’un projet, comme le livre qui l’accompagne, sont les dernières œuvres du projet finalement. Il faut donc qu’ils soient également pensés dans la même logique que les tirages. Je souhaite donc que les visiteurs se sentent immergés dans un Japon qu’ils ne connaissent pas forcément, qu’ils s’imprègnent de la culture, de l’histoire du Japon et de la force de sa nature, et qu’ils se sentent liés aux personnes photographiées l’espace d’un instant. 

 

Musée national des arts asiatiques – Guimet

Musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, 75016, Paris. www.guimet.fr.