« Curiosa », le nouveau secteur de Paris Photo, Grand Palais, du 8 au 11 novembre 2018.

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« Curiosa », le nouveau secteur de Paris Photo, Grand Palais, du 8 au 11 novembre 2018.

Le tout nouveau secteur Curiosa, propose sur 210m2 au sein de Paris Photo, une sélection d’images sur le rapport au corps et à l’érotisme. Interview de Martha Kirszenbaum, commissaire de l’exposition. 

Martha Kirszenbaum, qui êtes-vous ? 

Je suis la commissaire de Curiosa à Paris Photo et je suis également la commissaire de l’exposition du Pavillon Français en 2019 à Venise avec l’artiste Laure Prouvot. Le temps le plus long de ma carrière s’est développé aux Etats unis et à l’étranger. J’ai travaillé au Moma, comme commissaire d’exposition  indépendant à Varsovie, au Belvédère à Vienne. J’ai développé une pratique curatoriale liée à la photographie et la vidéo autour des questions du féminisme, du genre, du fétichisme et une approche surréaliste du film. Ensuite, je suis repartie à Los Angeles pour monter un centre d’art avec un programme de résidence avec la fondation Flax pendant trois ans. Me revoilà à Paris. 

Comment s’est monté le projet Curiosa ? 

Il est parti d’une invitation de Christoph Wiesner qui connaissait mon approche curatoriale et était intéressé par ma vision transversale entre l’art contemporain et la photographie. Mon expérience américaine sur ce sujet là est importante car comme on le sait les réflexions sur le genre sont beaucoup plus à la pointe aux Etats Unis qu’elles ne le sont en Europe. J’ai vraiment voulu déconstruire cette idée de la photographie érotique que nous avons l’habitude de voir, avec un homme qui prendrait en photo une femme, en porte jarretelle avec des talons aiguilles et un fouet… Je ne veux plus voir cela, ce n’est plus possible ! Il faut repenser les rapports de domination et s’intéresser au corps des femmes mais aussi au corps des hommes, aux femmes photographes, à la représentation propre de son corps également. 

Comment présentez-vous l’exposition ?

J’ai pensé à trois parties différentes. Une partie historique plus traditionnelle avec les pères fondateurs comme Daido Moryama, Nobuyoshi Araki, Robert Mapplethorpe, une figure très importante de la photographie mais qui a aussi beaucoup influencé les artistes que je montre. 

Une seconde approche plus liée au corps féminin et féministe désire vraiment déconstruire ce regard masculin avec des artistes des années 1970, comme des artiste femmes mais également des hommes qui ont suffisamment de courage et d’humour pour représenter leur propre corps. Après avoir beaucoup pensé aux femmes et à leur corps, je pense aussi aux hommes et à leurs corps. Comme par exemple Antoine d’Agata et Karoly Halasz. 

Et puis j’ai construit une partie véritablement contemporaine qui pose la question du genre et de la race, comme du corps mis en danger, du corps fragilisé par les contraintes raciales et sociales. Une personne qui n’est pas dans la section mais qui en est fondatrice c’est Nan Goldin, la première photographe à avoir pensé le corps sexué. Du coup Genesis Breyer, artiste musicienne culte des années 1970-80, a changé de sexe pour devenir la copie conforme de sa femme, avec un geste d’amour plus encore qu’un geste politique. Et Paul Mpagi Sepuya, un artiste cuir, noir,  américain qui fait une travail remarquable de portraits assez violents et très forts. Et pour prolonger cette section, j’organise une journée de conférence autour des questions de genre, de sexualité, d’identité pour aller encore plus loin dans cette réflexion. 

 

 

Paris Photo, Grand Palais, du 8 au 11 novembre 2018