Il des des artistes comme des hommes. Hors normes. Emeric Lhuisset est de cette trempe. Il est de ceux qui se cachent et « planquent » comme les reporters de guerre. Son désir ? Travailler la mise en valeur esthétique des problématiques géopolitiques. 35 ans, le crâne rasé et des yeux immenses, il passe toutes les journées de Paris Photo à expliquer sa démarche et faire le lien. Le lien entre les vivant et les morts, les battus et les battants. Franchir ou pas la frontière. Se sacrifier ? Devenir libre ? Diplômé des Beaux Arts de Paris et spécialisé en géopolitique, il se rend au coeur de la révolution ukrainienne en 2014 et vit avec les combattants syriens dans des grottes en 2017. Et réalise son projet « L’autre rive » qu’il présente à Paris Photo avec BMW Art & Culture. Ici, le voilà parti d’une représentation de la mort d’un ami pour traverser la Méditerranée et témoigner de la vie des descendants des réfugiés. Comme ce portrait d’une jeune femme devenue designer. Sur les cimaises, rien que des oeuvres bleues. Des cyanotypes non fixés où les images disparaissent pour laisser place peu à peu au monochrome. Comme la couleur de l’eau ou celle de l’Europe. Emeric Lhuisset est un passeur. Ses oeuvres transforment l’image réelle pour encore mieux témoigner du coeur de l’être. Et donner à voir l’invisible. Le touchant touché. Anne Kerner.