Baptiste Rabichon, l’expérience pour passion. Interview Anne Kerner.
A peine sorti du Fresnoy, Baptiste Rabichon obtenait le Prix BMW en 2018 puis le prix Camera Clara en 2022. Pour l’anniversaire des 20 ans du Jeu de Paume, cet amoureux fou de l’image a relevé un nouveau défi en expérimentant un appareil photographique historique, Le Compass, bijou technique de la taille d’un paquet de cigarettes, crée par Jeager Lecoultre en 1936. Rencontre avec Baptiste Rabichon.
Votre pratique photographique toujours été très expérimentale ?
J’adore les défis techniques et chaque projet que je réalise est un jeu autour d’un problème photographique. La prise de vue est une petite partie de mon oeuvre. Je travaille directement avec le papier, je fais beaucoup d’images de scans, par exemple.
Vous avez eu l’honneur de pouvoir vous emparer du célèbre appareil photographique historique Le Compass. Quel a été le challenge ?
Oui, en me mettant entre les mains Le Compass, on me proposait justement un travail de prise de vue pur. Cet appareil produit par Jaeger Lecoultre dans les années 1930 est un petit bijou d’horlogerie.
Quelle était la difficulté de travailler avec cet appareil photographique ?
Il présente la difficulté de ne plus avoir de porte film et sa bobine n’est plus fabriquée. Je me suis dit, que vais-je pouvoir faire avec cet appareil très compliqué à manipuler ? Et l’idée m’est venue de mettre directement du papier photographique dans l’appareil, et de proposer des micro- photographies.
Quel est le résultat de ce travail ?
Des photos qui font la taille d’un négatif. Ce sont des images avec des temps de pose très longs. C’était un travail tellement aléatoire que je devais rester à l’atelier. J’ai ainsi capté ce qu’il y avait chez moi, c’est-à-dire mes oeuvres accrochées au mur. Le résultat a été un catalogue flou et minuscule de mon oeuvre. J’ai donc appelé ce travail avec humour Retrospective, et j’ai réuni le tout dans un seul cadre. C’est amusant de se retrouver avec des images « ratées » avec un bijou technologique !
Ou présenterez-vous par la suite ces images ?
Une partie des images sera présentée en grand format à la galerie Binome – qui me représente aussi à Paris photo – à partir du 10 octobre avec deux autres séries qui dialogueront ensemble.