Parcours d’art contemporain dans les jardins et le parc du château de Fontainebleau Du 25 mai au 21 septembre 2025.

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Parcours d’art contemporain dans les jardins et le parc du château de Fontainebleau Du 25 mai au 21 septembre 2025.

Après le succès de l’exposition « Grandeur Nature. 18 artistes au jardin » en 2023, le château de Fontainebleau fait de « Grandeur Nature » une biennale. Conçue comme un parcours de découverte au gré des déambulations des visiteurs, la deuxième édition de la biennale intitulée « Grandeur Nature II. L’Esprit de La Forêt » se déploie sur les 130 hectares du Domaine national du château de Fontainebleau. Pour la biennale de Fontainebleau, Wang Keping réalise quatre sculptures monumentales inédites, qui prendront corps tout au long du mois de juin sous les yeux du public, sculptées à partir d’un hêtre tombé dans le parc du château lors d’intempéries. Une autre sculpture est également visible place Napoléon, à Fontainebleau.

 

Zoom sur l’artiste chinois Wang Keping que nous avions rencontré,  il ya dix ans, alors qu’il exposait chez le très regretté galeriste Bernard Zürcher, aujourd’hui représenté par la galerie Nathalie Obadia. À l’occasion de l’exposition, l’artiste chinois créera spécialement pour l’occasion une dizaine de sculptures, hautes de plus de 2 mètres, chacune représentant un personnage taillé dans le hêtre.

 

« Sculpter, c’est comme faire l’amour. Je n’ai besoin de personne pour m’aider », dit Wang Keping. Ses œuvres sont sensuelles et enivrantes. Des œuvres ondulantes et gracieuses. Inoubliables. Nourries de caresses, de douceur, de délicatesse. Et si la majorité des sculptures de Wang Keping dévoilent inlassablement depuis les années 1980 le corps féminin, c’est peut-être simplement pour encore mieux l’aimer, l’adorer, le toucher. Telle apparaît l’œuvre de Wang Keping, entrelacée de désir, gracieuse par l’émerveillement, soulevée par la volupté. La liberté. Assoiffée.

Et l’on comprend ce rêve fou qui anime sa sculpture, comme les œuvres de ses amis Ai Weiwei et Ma Desheng. Car l’artiste revient de loin. De cette Chine opprimée par Mao. D’une éducation dans les champs, de la répression, de la censure. Son pays natal ne lui a rien donné. Au contraire. « J’ai vécu la répression sexuelle… À cette époque, nous n’avions jamais vu le corps d’une femme, pas même dans des livres ou dans des films, mais nous y pensions toujours. Lorsque j’ai intégré le groupe d’artistes “Les Étoiles”, je voulais exprimer dans ma sculpture la beauté du corps des femmes, c’était aussi une forme de révolte. Je voulais dire que le corps n’est ni criminel ni immoral : il est amoral, naturel. Le nu, c’est l’art. Ce que j’ai fait, je l’ai fait par rébellion, pour m’opposer à leur ignorance », confie l’artiste.

La beauté de la femme comme révolte politique ! Quoi de plus exaltant et de plus libre ? Quoi de plus éternel aussi ? Wang Keping, comme la majorité des artistes chinois de sa génération, est autodidacte, mais possède une culture profonde. Depuis 1984, il vit et travaille à Paris. Il s’abreuve des œuvres de Maillol, de Rodin et surtout de Brancusi, le maître absolu qui va à l’essentiel, à l’épure, et qu’il cite souvent. Ce magicien de la matière, reconnu dans le monde entier, n’aime pas revendiquer ses origines. Et pourtant, il se penche sur l’art chinois le plus ancien, comme celui de la dynastie Han qui prône l’idéal et l’harmonie. « Dans ma sculpture, je m’efforce de trouver ce qui est universel dans la forme primitive chinoise, et plus je retourne en arrière, vers les origines de cet art, plus je me rapproche de mon idée de l’art contemporain ». À l’opposé de l’œuvre sexuelle et rutilante d’un Jeff Koons, en cajolant le bois comme la femme, il cherche les secrets de l’être comme Jaume Plensa, approche la sagesse comme Antoni Tàpies. Imprégné par le zen et le bouddhisme, il n’a de cesse de répéter : « La simplicité est mon idéal, la nature est ma complice ».

Wang Keping ouvre les portes de son lieu de travail, de son entrepôt, l’endroit dans son jardin où il scie le bois, celui où, plus tard, une fois la forme trouvée, accomplie, il la frotte au papier de verre puis la brûle, pour lui donner la plus naturelle des patines. Un peu plus loin se cache la cabane où il fait sécher le bois de deux à trois ans pour les grandes pièces, et l’entrepôt où s’accumulent et s’amoncellent les œuvres précieuses. Des établis posés dans son jardin forment chacun un atelier. Et les copeaux inondent le sol. Le matériel reste prêt à la moindre intervention ou apparaît bien rangé, en attente. À chaque fois, il explique sa démarche. D’abord trouver le tronc de l’arbre, le couper, le déshabiller de son écorce. Enfin, approcher ses courbes naturelles et les suivre. Ne jamais s’imposer surtout. Mais regarder, toucher, respecter. Et comme le souligne avec justesse Bertrand Lorquin, conservateur du musée Maillol de Paris : « Extraire les formes de la nature débouche sur un art de la sculpture qui réunit la forme et le contenu, l’idée et l’objet. Cette démarche ne pouvait venir que d’une culture de l’idéogramme, qui est à la fois peinture et sens, geste et pensée ».

L’artiste dégage depuis des années des corps. Têtes, bras, sexe, seins. Au début de son œuvre, très marqués, ils se simplifient de plus en plus. Bientôt, les yeux et les bouches disparaissent. Ne restent que les sphères merveilleuses et rondes de la femme. Les seins lourds et de plus en plus proéminents. Les seins, presque comme unique sujet de la sculpture. Maternels, protecteurs, érotiques, tellement rêvés… toujours symboles de sa révolte ou devenus recherche absolue ? En tous les cas, Wang Keping invente ainsi une nouvelle et immense sculpture d’aujourd’hui que l’UCCA de Pékin révèle enfin en une cinquantaine d’œuvres. L’ancien dissident prend ainsi enfin sa « revanche ». Anne Kerner, 2013.

 

Grandeur Nature 

Horaires et jours d’ouverture

L’exposition est accessible librement tous les jours, dans les jardins et le parc du château, du 25 mai au 21 septembre 2025, de 9h à 19h.
Le château est ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h30 à 18h.

Tarifs

Exposition Grandeur Nature II. L’esprit de la forêt en accès libre et gratuit
Billet du château et du musée Napoléon Ier : 14 € | 12 € en tarif réduit | Gratuit pour les moins de 26 ans.

 


Château de Fontainebleau, Place Charles de Gaulle, 77300 Fontainebleau.