« Je pense que depuis toujours, intrinsèquement, l’âme et la larme font partie de ma conscience » c’est ainsi que Myriam Mihindou parle des matériaux de l’exposition « Ilimb » présentée au Musée du Quai Branly.
L’artiste, invitée pour une carte blanche, explore le contexte et le contenu du musée. Avec ses artistes et artisans invités, elle explore la culture matriarcale dont elle est issue avec un zoom sur le rôle des pleureuses, ces femmes chargées de préserver la mémoire et de la réactiver à travers des rituels précis. Ayant vécu plusieurs deuils, dont celui de son père pour lequel elle est chargée d’organiser les funérailles, elle plonge au cœur de cette tradition. Pour l’artiste, cet accompagnement de l’âme constitue un processus intense qu’elle décrit comme « vomir une cosmogonie de l’âme ». Ce rituel physiquement éprouvant s’accompagne de chants et d’instruments en souvenir de certains conservés dans la colonne de Silo du musée. En travaillant sur l’exposition, Mihindou a redécouvert les harpes du Gabon, chargées de mémoire et de parole, la terre rouge et les senteurs du feu des villages, libérant ainsi sa mémoire d’enfance. Dans ce parcours artistique mêlant céramique, vannerie, dessin et sculpture, l’artiste plonge le visiteur dans un espace sensoriel transcendant les limites du visible.
Alice Randazzo.