« Photographier la nuit implique l’usage de la pause longue, et l’une des particularités de la pause longue c’est d’ajouter du temps à la mesure de la lumière », explique Marie Bovo.
C’est bien souvent à la tombée du jour que Marie Bovo est tentée de retenir le temps. Non seulement à cause de la pause très longue que la technique photographique choisie lui impose – grand format, argentique, lumière naturelle – mais aussi pour voir lentement se dérouler ce passage des heures en des espaces intermédiaires dépeuplés mais habités. L’exposition Nocturnes à la Fondation HCB présente une sélection inédite d’images prises par Marie Bovo entre chien et loup, à Marseille et en Afrique.
Cette approche du temps, illustrée aussi bien par la photographie que par le film, est fondée sur l’observation tranquille et concernée, la politesse du regard, l’appropriation d’un dedans imaginaire par le dehors. Marie Bovo passe ainsi avec bonheur de la photographie à l’image en mouvement et ses images, présentées systématiquement en série pour insister sur le passage du temps, se situent à la limite du cinéma. La qualité visuelle et la plastique très contrôlée de ses œuvres ne laissent pas soupçonner de prime abord l’esprit quasi humaniste qui les sous-tend.
La frontière de l’intime sans invasion, les habitants, la nuit, sont choses communes chez Marie Bovo qui entend par là résister à l’agression de l’objectif chasseur et se couler en rythme dans le flux de la vie, en toute discrétion.
L’exposition à la Fondation HCB présente 35 tirages de grand format de 5 séries différentes ainsi que 2 films.
Commissariat : Agnès Sire, Directrice artistique
L’exposition est réalisée en collaboration avec la galerie kamel mennour et accompagnée de la publication d’un ouvrage.