L’histoire est longue depuis Michel Ange qui dû cacher le sexe des nus de la Chapelle Sixtine, à la Marianne aux seins nus de Delacroix, une nouvelle fois interdite tout récemment par Facebook. Et pourtant. Maintenant que le clitoris a été analysé sous toutes ses coutures, il serait temps de se pencher sur le sexe masculin. Maïa Mazaurette n’a de cesse de désirer « transvaser artistiquement nos manière sexuelles intimes ». Alors à vos pinceaux ! Et pour découvrir la sélection des tous nouveaux dessins de Maïa Mazaurette, rendez-vous au prochain Group Show de la galerie Analix Forever à Genève.
C’est au quatrième étage d’un immeuble du Marais, dans l’appartement de Barbara Polla, que nous avons rendez-vous. Et pour cause, la galeriste qui a l’habitude d’investir de grands espaces, a donné carte blanche à Maïa Mazaurette, ce qu’elle n’avait jamais osée faire jusque-là, sur les murs de son appartement ! Lieu intime donc pour une rencontre. Et bien mieux, pour découvrir les dessins de nus masculins épinglés un peu partout et tout autour du lit de notre hôte dont un des livres n’est pas, par hasard, intitulé « Tout à fait homme ».
Grand soleil à travers les fenêtres qui résume à lui tout seul le sourire lumineux de Maïa Mazaurette. Une silhouette reconnaissable entre toutes. Fine et nerveuse. La chevelure rousse souvent attachée, de grands yeux noisette et les lèvres joliment rouges. Regard franc et spontanéité garantie aussi de l’ancienne journaliste reporter d’images qui n’a jamais joué de rôle. Pas de chichi ni de manières. Tout dans l’efficacité. C’est son métier de sexe experte. Comme de blogueuse, avec La coureuse, de chroniqueuse chez Newlook, Playboy et GQ, et après moultes collaborations, chroniqueuse sur France Inter en 2012 et 2013, enfin au Monde depuis 2005. La voilà qui apparaît confinée mais prête à l’action, l’efficacité, la transmission, et bien rafraîchissante malgré tout depuis son appartement new-yorkais, dans l’émission Quotidien, depuis la semaine dernière !
« J’ai toujours dessiné, j’ai toujours peint, j’ai toujours adoré çà ». Maïa Mazaurette, c’est aussi depuis l’enfance, un amour fou pour l’art. Pas d’école, mais les tonnes de papiers et de crayons de couleurs de son père, designer textile, qui traînaient à la maison. Les visites gourmandes des musées plusieurs fois par semaine font le reste pour éduquer son univers visuel. Elle compulse toute l’histoire de l’art et surtout celle qui l’intéresse, la représentation du nu. Sur tous les fronts, aussi bien encore en bande dessinées avec Arthur de Pins, ou carrément sur le terrain et l’immersion avec le public dans des conférences comme celle, formidable, donnée à Tour, le 8 octobre 2019, quand elle débute avec cette interrogation : « Comment cela se fait que depuis des millénaires, les artistes peignent des nus et que ceux, de la statuaire africaine, du manga japonais ou de la Renaissance n’aient rien a voir les uns avec les autres ? Cela veut dire, qu’avec les mêmes organes, depuis des millénaires, on peut faire des choses complètement différentes ».
Même questionnement, même démarche, même réflexion avec les pinceaux ! Car depuis 2009, onze ans déjà, la sex-experte de renom appelle les femmes plasticiennes à s’emparer du corps masculin. Mais pas si simple. Mal connu dans notre société occidentale aussi bien par les femmes que par les hommes eux-mêmes, elle décide de prendre le taureau par les cormes : « Je me suis dit, si je continue juste d’en parler verbalement et par écrit, je ne vais pas réussir à montrer. En prenant les pinceaux, je veux prouver que bien sûr le corps masculin est intéressant, et qu’il faut absolument le dessiner, le peindre, le filmer, le photographier… Et je me suis donnée quelque part la permission de montrer ce que j’écrivais ».
Des amis ou des modèles ont posé. Ils sont beaux, musclés, les fesses rondes et les sexes au repos, en érection. C’est une main douce qui crayonne les contours des corps, les colorie de beiges, roses et or pour mettre en valeur une nudité désirante et désirée. Surtout pas de violence ici. Rien qu’une envie de bien-être et de sensualité. De plaisir. De frôlements, de caresses, oui, surtout de caresses, d’érotisme et de lâcher-prise. « Le travail de l’artiste c’est aussi de trouver un langage qui permet de faire en sorte que les pratiques, les théories et les représentations soient alignées. Et j’avais envie d’aligner mes valeurs, mon désir, mon art et bien sûr mon travail intellectuel ». L’art est devant. Il donne les valeurs de la liberté. Suivez donc Maïa Mazaurette !
Le sexe selon Maïa chronique dans Le Monde.
Le Sexe selon Maïa éditions de la Martinière, 2020.
Sortir du Trou, Lever la Tête Anne Carrière, 2020.
A partir du 15 mai 2020, group show à la galerie Analix Forever avec Maïa Mazaurette et Céline Cadaureille, Debi Cornwall, Angus Fairhurst, Laurent Fiévet, Shaun Gladwell, Valérie Horwitz, Nikias Imhoof, Stefan Imhoof, Ali Kazma, Rachel Labastie, Sylvie Mermoud & Pierre Bonard, Robert Montgomery, Pavlos Nikolakopoulos, Jhafis Quintero, Klavdij Sluban et Guillaume Varone.