Magnum a 70 ans. Non contents d’avoir imposé le copyright en photographie, ses fondateurs (Capa, Cartier-Bresson, Rodger, Seymour et Vandivert), ont imaginé un statut, inédit à l’époque, de coopérative, encore détenue aujourd’hui à part égale et uniquement par ses photographes membres.
Il y a quelques mois, les photographes m’ont demandé d’ajouter une pierre à cet édifice si souvent célébré, publié, exposé. Au même moment, un fonds de milliers de tirages d’époque était enfin rendu accessible : Magnum Analog Recovery. Conservé dans les archives de Magnum à Paris dans des boîtes au nom de chaque photographe, ce fonds rassemble des tirages cartoline envoyés aux agents européens de Magnum pour diffusion à la presse, de 1947 à la fin des années 1970.
Ce fonds remarquable ne contient pourtant qu’une infime part des centaines de milliers de tirages distribués sur plus de 30 ans par le bureau de Paris et, bien souvent, les images les plus célèbres manquent. De même, les tirages sont rarement légendés, le texte et les légendes tapés à la machine qui les accompagnaient n’ayant pas toujours été conservés. Un champ immense s’ouvre donc aux chercheurs.
« La guerre est terminée. Les quatre membres fondateurs de Magnum se retrouvent sans travail. Ils décident alors de créer un « club fraternel », une agence de presse qui exigerait des magazines de ne pas recadrer les images, de ne pas modifier les légendes, de rester fidèle à l’intention éditoriale du photographe. Désormais, ils décident de ne plus être dépendants des commandes d’un seul magazine, mais de vendre leurs reportages aux titres du monde entier : un plan grandiose pour des photographes au chômage. » — Cornell Capa