Lydie Arickx, céleste dans la gravité.
Depuis les années 1980, Lydie Aryckx peint la condition humaine avec une énergie infaillible et une force constante. Elle dévoile ses dernières oeuvres majestueuses dans les deux espaces de la Loo&Lou Gallery.
Lydie Arickx ne peint pas. Elle danse. Sur les Roots ou Metallica. La musique classique, aussi, évidemment. En costume. Un costume pour se protéger des pigments et du pastel gras, des matières qui l’éclaboussent et tombent sur elle, en permanence, pendant le travail. Un foulard noué sur la tête, un grand tablier noir comme une grande robe à la cheville, ses chaussures et ses gants. Bleus. Il ne reste à voir du corps que son visage. Un beau visage doux au regard rieur et délicat. Un regard qui voit et qui sait. Comme son oeuvre qui dévoile le schisme et la faille, les entrailles du monde. Et la voilà face à l’immense feuille blanche de plus de 5 mètres de long. Elle dit ne rien savoir avant de peindre. Et elle ne sait rien parce que son corps et son esprit connaissent déjà tous les secrets. Et la voilà enfin partie, avec des allures à la Jackson Pollock et celle de Wang Wei. Plus rien n’existe que sa concentration sur le rythme qui pulse le geste rapide et sûr. Violent et doux. Le pastel caresse le papier ou l’arrache. Il tombe, s’écrase, tire le trait, joue avec les vides et les pleins. Surtout avec les vides. Lydie Arickx n’arrêtera sa danse rituelle qu’une fois l’oeuvre finie. En attendant elle se déplace, saute, bouge tout le corps, presque en transe, avance vers le papier, se rétracte, regarde et recommence. Sans cesse. A deux mains. A deux bras. Et l’on voit apparaître en même temps qu’elle, une tache sombre, un oeil, deux yeux, une mâchoire qui peut à peu deviennent visage. Visage des profondeurs de l’âme. Visage à corps perdu. Visage de la vie et de cette vie qui est violente explique l’artiste. Est-ce pour cela qu’elle ne cesse de défier les lois de la gravité, titre donné à l’exposition ? Cette « gravité qui devient passage, une voie céleste de la terre à l’apesanteur par tous les états de la création cataclysmique qui explose et implose au rythme d’une pulsation incantatoire ». Lydie Arickx envahit les deux espaces d’exposition de la galerie avec des oeuvres gigantesques et des sculptures de ce corps qui la hante. Son oeuvre prend un nouvel élan avec des pièces d’une grande beauté en cristal ou d’autres réalisées avec des épingles. Lydie Arickx ? Plutôt céleste. A.K. (parution Paris Capitale novembre 2017)
Il y a un an, en octobre 2016, Lydie Aryckx avait déjà réalisé cet à la Conciergerie, un « acte de peinture ». Lors de cette performance, du 9 septembre au 9 octobre, Lydie Arickx a peint sur plus de 120 m² de toiles émeri et présenta une oeuvre monumentale réalisée à Roubaix en 2015 ! Des sculptures de graphite ainsi qu’un choix de quelques œuvres majeures seront aussi exposées. Entre les colonnes séculaires de la Conciergerie, une scénographie monumentale offrit à l’artiste deux « circonflexes » de toiles émeri qui se sont répondues dans la salle des Gens d’Armes. Elle établit alors un lien entre passé et présent et créa un « cosmos en mouvement », mêlant paysages, contes, corps et danse.