Prix Drawing Now 2019, nous avions interviewé Lucie Picandet sur le stand de la galerie qui la représente à Paris, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois. Cette exposition, la première peut-être aussi inventive et prolifique au Drawing Lab, rassemble des textes, des dessins, des volumes, des story-board, car cette nouvelle série est aussi le projet d’un court métrage… et même la chambre de bonne, pièce du décor !
L’espace-temps est un mollusque très affectueux et plein de surprises qui s’est émancipé de son coquillage par la force des choses, raconte Lucie Picandet. En fouillant dans ses entrailles, on comprend mieux dans quel abîme les humains sont fourrés. Quant à nous, pauvres agents saxiphrages, esclaves du bon vouloir de l’écrivaine qui n’a de cesse de nous jeter contre les pierres de sa parole inlangue, nous sommes les vaisseaux d’or du poulpe. C’est lui qui, à coup de cerveaux ventousés, nous envoie dans les couloirs immenses, les anneaux et les grands toboggans de la mémoire d’Hui, où tombent en catastrophe, et le sujet et la raison, pour faire émerger le souvenir, si lointain et insignifiant soit-il. Les sens se rassemblent, un son, une lumière, une sensation, et voilà la réminiscence. Soudain, ce court instant passé devient immense, il devient toute la pensée, tout ce qu’on peut mettre dedans. Et voilà que l’infime et immémoriale pépite enfouie au fond du poulpe, s’est déployée le long de son tentacule; ce, de telle manière que, depuis plusieurs années, sans le savoir, c’était sur lui que reposait la moindre de ses pensées.
Son travail mêle différentes techniques, de la broderie à l’aquarelle, de l’écriture à la peinture, révélant un univers complexe, poétique et surréaliste. En parallèle de son cursus aux Beaux-Arts de Paris, Lucie Picandet a également suivi des études de philosophie, théologie et esthétique. Lauréate du prix Emerige en 2015 et du Prix Drawing Now en 2019, elle a pris part à des expositions dans d’importantes institutions dont l’Irish Museum of Contemporary Art de Dublin ou la Fondation d’entreprise Hermès à Paris. En 2018, elle présentait son travail au Palais de Tokyo ainsi qu’à la galerie GP & N Vallois, dans le cadre de sa deuxième exposition personnelle.