AU FRAC LORRAINE,Une paire de platines, un saladier de punch, un plafond envahi de ballons : voilà comment est née la club culture moderne, à New York, le 14 février 1970. C’était un samedi de Saint-Valentin, dans le gigantesque loft d’un certain David Mancuso, à deux pas de Washington Square Park*. Devenues hebdomadaires à partir de 1971, les fêtes au Loft s’imposèrent rapidement comme LE rendez-vous de l’undergound new-yorkais et David Mancuso, comme le pionnier de la culture club, issu aujourd’hui au rang de père spirituel pour toute une communauté. L’artiste autrichien Martin Beck a travaillé durant quatre années pour reconsituer l’intégralité de la playlist des 118 morceaux passés par Mancuso lors de la dernière soirée organisée au Loft du 99 Prince Street le 2 juin 1984. Le résultat : une vidéo de 13h et 29 minutes, et quelques uns des plus beaux morceaux qui ont agité la club nation, à découvrir en intégralité au FRAC de Metz, et en avant-goût ci-dessous.
LAST NIGHT,2016
Vidéo HD sonore / 16:9 / 13 heures 29 minutes
Visionner un extrait
L’oeuvre Last Night reprend les 118 morceaux joués par David Mancuso lors de la dernière des fêtes du Loft. Intitulées « Love Saves The Day » ces soirées non-commerciales étaient organisées toutes les semaines par David Mancuso dans son appartement de Manhattan, accessibles sur invitation uniquement. Elles étaient connues pour leur atmosphère communautaire et la qualité du son diffusé. Très impliqué dans le mouvement de la contre-culture, activiste en faveur des droits civils et de la libération gay, David Mancuso a voulu créer un lieu de rencontre inclusif et émancipatoire, sans discrimination de classe, genre ou origine ethnique. Il croyait au potentiel social de la musique et de la danse pour générer de nouvelles formes d’interaction basées sur la tolérance et le partage d’une recherche de liberté. Le Loft est devenu un modèle, légendaire, pour de nombreux clubs et discothèques qui ont tenté de s’en inspirer. Cette construction poétique de la soirée donne accès à l’ensemble des disques passés ce soir-là. La totalité des 118 morceaux, passés ici dans l’ordre original et joués du début à la fin comme Mancuso en avait l’habitude, avoisine les 13h30, soit la durée du film. Les disques sont joués sur une platine Thorens d’époque, dans une ambiance domestique, suggérant qu’ils sont écoutés une fois la fête terminée. Accompagnant la vidéo, l’artiste donne également accès à une partie du travail de recherche qui a précédé et présente le livre (Last Night, 2013) qui recense tous les morceaux et les informations relatives à leur production. Trois erratas sont également présentés, dans lesquels Beck a corrigé, au fur et à mesure, les informations concernant les chansons. L’installation autour du film Last Night invite le visiteur à prendre son temps et à s’immerger dans un voyage acoustique. Elle ouvre et referme un espace dans lequel se croisent expérience personnelle et mémoire collective.
LE TOP 5 DE MARTIN BECK :
Working Week, « Venceremos (We Will Win) »
Risco Connection, “Ain’t No Stopping Us Now »
Third World, « Now That We Found Love”
Booker T. & The M.G.’s, « Melting Pot »
Ozo, “Anambra »