« Les intermittences du coeur », Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche, Paris, galerie Binome. Jusqu’au 6 juin 2021.

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« Les intermittences du coeur », Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche, Paris, galerie Binome. Jusqu’au 6 juin 2021.

C’est juste sublime ! Une plongée sans fond dans la photographie, dans la nature, l’image. L’infini de la beauté. Ces photos-performance en laboratoire ont été réalisées  à quatre mains par Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche.

Fabrice Laroche s’est vu confier ces plaques de verre par un ami jardinier, qui les tenait de son arrière-grand-tante, laquelle les avait reçues en cadeau. Jeanne a été l’une des gouvernantes d’Albert Kahn et l’a accompagné passionnément les dernières années de sa vie. Le coffret s’est transmis à travers les générations jusqu’au partage entre l’héritier jardinier et le dépositaire photographe, pour en imaginer une postérité. Se découvrant une passion commune pour l’expérimentation, Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche vont travailler à révéler la fascination opérée par ces merveilleux objets. A l’instar de petites machines à remonter le temps, ils projettent le spectateur dans une époque où la modernité de l’autochrome permettait à la photographie de rivaliser avec la peinture dans la représentation de la nature et des paysages. Un héritage d’une grande charge émotionnelle qui décide Rabichon & Laroche à exploiter la dimension secrète de ces vestiges photographiques.

 

Nous avons rencontrés Fabrice Laroche et Baptiste Rabichon et nous vous rapportons un extrait de leur passionnante conversation. Interview croisés, entremêlé, avec Anne Kerner.

 

Fabrice Laroche et Baptiste Rabichon: 

Il y a aujourd’hui, vraiment, un mouvement où la photographie se retourne vers elle-même. Révéler le patrimoine photographique de cette manière là, et comme il n’a jamais été vu, je trouve cela fascinant. C’est comme lorsque l’on revient des années plus tard dans un laboratoire sur certaines recherches, et on fait un nouveau travail avec les mêmes données, parce que les choses ont évolué. Il y a un peu de ça dans cet acte de révélation.

Aujourd’hui l’autochrome, c’est un patrimoine tellement précieux que même au musée on ne le voit pas, on ne peut pas le manipuler. Personne ne le peut. Il n’y a pas de nostalgie. Il y a une grande liberté d’action dans cette appropriation sans gêne que nous avons pu réaliser Fabrice et moi, et c’est tout ça qui fait que ce geste est assez fort visuellement.

Nous exposons ici cinq tirages. Ces grands formats sont très impactants. Nous avons vraiment eu cette volonté de ne pas tous les montrer en même temps. Je trouvais ça vraiment merveilleux, cet acte de réappropriation y comprit celui des techniques anciennes. C’est un exemple assez criant d’une aventure photographique qui s’inscrit elle-même dans une autre aventure photographique. Elle raconte l’histoire de la photographie et sa transversalité avec des histoires contemporaines dans le processus avec l’impressionnisme. Ce qui nous intéressait,  c’était ce rapport là avec cette histoire de la peinture, cette réinterprétation aussi de nos codes de lecture qui sont celui de l’impression … Quand on s’approche des nénuphars en particulier, on peut tout à fait les lire avec un regard contemporain. Avec le traitement des couleurs, ces grands nénuphars peuvent avoir un lien avec ce que nous pourrions interpréter comme un pixel. Nous aimons cette idée de repenser les propriétés d’un processus ancien qui a périclité et l’emmener là où personne ne l’avait emmené dans cette projection immense qui permet de rentrer dans la matière, cette idée de paysage dans le paysage.

Ce qui est certain, c’est l’intuition que nous avons eu dès le départ : ce sont des oeuvres qui plus que d’autres rappellent véritablement une expérience. Nous ne pouvons pastravailler à distance avec ces oeuvres-là. Tous les jours, chaque rendez-vous est une expérience, un ressenti qui permet aussi de construire ce que sont vraiment ces images.

Ces oeuvres ne fonctionneraient pas dans des petits formats, car il faut irrésistiblement ce rapport très charnel.

 

Sites des artistes : 

baptisterabichon.com

fabricelaroche.com

 

 

Galerie Binome, 19 Rue Charlemagne, 75004 Paris. Téléphone : 01 42 74 27 25. www.galeriebinome.com