Le regard du Temps, Paris, CulturFoundry. Du 3 au 12 juin 2021.

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Le regard du Temps, Paris, CulturFoundry. Du 3 au 12 juin 2021.

Le Regard du Temps, une exposition produite Par CulturFoundry.

CulturFoundry est une association fondée en juin 2020 qui fédère des collectionneurs autour d’un projet d’exposition d’art contemporain.
La particularité de ces expositions tient au fait que nous avons souhaité les monter et les organiser à travers le regard singulier du collectionneur qu’il a sur la scène contemporaine en dehors de toute contrainte de tendance de marché.

Nous poursuivons ainsi notre engagement à côté des artistes en complément de l’appui financier réalisé par des acquisitions d’œuvres ou des sou- tiens et collaborations effectués auprès des institutions publiques ou privées.Donner plus de visibilité à l’artiste, lui permettre de continuer de créer et de produire pour qu’il reste le témoin de notre époque, renforcer son parcours à un moment charnière de sa carrière, voilà quelques objectifs de CulturFoundry.

A chaque exposition, nous présenterons dans des lieux atypiques, une sélection d’artistes émergents ou confirmés de la scène française mais en privilégiant des artistes n’ayant pas de galerie. les expositions produites par CulturFoundry sont financées intégralement par un collectif de collectionneurs actifs et engagés créé à cet effet. Après l’Echo du Silence, première exposition présentée en septembre 2020 au Kremlin-Bicêtre et qui regroupait 17 artistes, nous avons donné carte blanche à Brigitte Saby.

 

Liste des artistes

Camille Benarab-Lopez, Rebecca Bournigault,  Daniela Busarello, Géraldine Cario, Wolf Cuyvers, Roseline Delacour, Deborah Fischer, Anne Gorouben, Jihee Han, Pierre Hanau, Mael Le Golvan, Nikolaj Bendix Skyum Larsen,  Diego Movilla, Marie-Luce Nadal, Benoît Piéron, Laurent Saksik, Valérie Sonnier, Jean-Claude Wouters, Anaïs Wulf.

 

Interview de Brigitte Saby réalisée par Pierre Hanau

 

Pierre Hanau : une question semble être inscrite dans l’intitulé de cette exposition : le « regard du temps »… Est-ce à dire que nous pourrions voir comment le temps se matérialise dans les œuvres, ou bien suggérez-vous qu’il existe une possibilité de voyager dans le temps grâce à l’œuvre d’art ?

Brigitte Saby : Le propos de cette exposition est de prendre pour ancrage une thématique fort commune qui est celle du « temps », afin de suggérer, à travers cette exposition, que ce temps « qu’on ne voit pas passer » ne fait pas que passer !… mais qu’il est bien une matière et que celle- ci est en permanence investie par la sensibilité… On peut bien réfléchir au temps comme à un absolu… mais ce serait négliger cette particularité que veut que nous ne connaissons le temps que par l’expérience sensible que nous en faisons… La confrontation à l’art, aux œuvres, nous fera voir comment ce concept peut prendre corps de manière variée… À travers l’expérience du temps que font les artistes et dont témoignent leur création, la réflexion s’organise… Il s’agit de donner à voir le geste artistique comme une réflexion en pratique…

 

PH : Qu’est-ce qu’un artiste d’aujourd’hui peut avoir à nous dire du temps que n’aurait pas pu dire un artiste inscrit dans l’histoire de l’art ?

BS : Le temps de l’histoire est décisif… c’est ce qui nous permet de voir que, au-delà du temps linéaire, celui des physiciens, de la biologie, le temps est à la fois une énigme et une réalité… et que cette dualité constitue la permanence du temps… son être… Une réalité parce que chacun de nous fait, sans nécessairement y réfléchir, l’expérience du temps, de ses effets : nous avons un âge, nous avons des montres, des parents, etc… Le temps est immanquablement cet élément dans lequel nous Brigitte Saby Commissaire de l’exposition nous situons de manière aussi aisée, ou malaisée, que dans l’espace… mais quand il s’agit de dire ce qu’il est, on est plus embarrassé… Une énigme, donc… Une énigme trop souvent écrasée par le poids des certitudes, des platitudes… Or, voilà notre pari : l’artiste nous © ANAïS WULF révèle cette énigme, non parce qu’il se situe dans les hauteurs… mais parce qu’il s’inscrit lui-même dans le temps… Il y a le temps du faire, de la pratique… c’est une expérience du temps qui traverse l’œuvre, dans sa mise en forme comme dans son évolution… il y a le temps du récit, de la durée, qui se laisse voir dans les inscriptions visibles tracées dans le support… mais il y a aussi le temps comme matière, dont on se saisit, que l’on manipule ou déforme comme le montrent les plasticiens utilisant l’image en mouvement…

 

PH : En somme, en présence de l’œuvre, le spectateur fait une expérience analogue à certains égards à celle du créateur, du plasticien, qui est l’expérience du temps ?
BS : C’est là qu’intervient une notion essentielle qui est celle d’exposition… Présenter des œuvres, c’est opérer une sorte de précipité, d’actualisation… Des formes méditées de longue date, longuement façonnées transportent avec elles des temps multiples… Ce composé de temps définit pour chaque œuvre une temporalité qui lui est propre et qui est proposée au spectateur comme sa véritable signature… Si l’art est intemporel, ce n’est pas parce qu’il est éthéré, ou éternel, mais bien parce qu’il est capable d’actualiser dans l’exposition ce caractère d’énigme du temps…

 

PH : Quelle sera la place du spectateur, du visiteur dans cette exposition ?
BS : L’idée est de proposer un parcours scénographié autour de 19 artistes… un parcours qui, en lui-même, propose sa propre temporalité… disons que l’image du tressage convient pour rendre compte de cela : le visiteur circule, va et vient, s’arrête… ou détourne le regard !… c’est un parcours créateur de temps… au contact des temporalités diverses dont les œuvres sont porteuses. Voyager dans le temps n’est certes pas de tout repos, mais n’est-ce pas ce que nous faisons en permanence ? Les œuvres d’art, dans ce voyage, sont des balises, des repères.

CulturFoundry, 36, rue du Fer-à-Moulin 75 005 Paris