Kim Kotatamalune, Paris, Galerie Da-End. Du 23 janvier au 3 mars 2020.

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Kim Kotatamalune, Paris, Galerie Da-End. Du 23 janvier au 3 mars 2020.

 

Kim KototamaLune travaille le verre comme une créatrice textile et une modéliste tailleur. Amoureuse de la transparence, la jeune femme d’origine vietnamienne sculpte une dentelle merveilleuse et fragile pour mieux se confronter au vide. Le déclencheur de son travail ? « La mort de mon père que je n’ai jamais connu. Cela m’a propulsé, telle une nécessité, dans un tourbillon de questions vertigineuses sur la mort, l’absence, le vide, l’origine de la vie sous toutes ses formes… », avoue- t-elle. Elle répond à notre interview. Anne Kerner. 

Comment pratiquez-vous le verre ?
Je pratique le verre comme une créatrice textile et une modéliste tailleur (métiers par lesquels j’ai commencé). J’ai toujours aimé la transparence, aussi le verre s’est-il immiscé dans ma vie petit à petit (depuis 2002). Étant familière des chalumeaux, je me suis mise en autodidacte à sculpter en faisant de la dentelle de verre, ce qui fut un très long apprentissage car j’ai fait le choix de créer mes œuvres sans moule pour me confronter au vide. Mes compétences en textile et en modélisme tailleur m’ont énormément aidée. Mais également toutes mes autres formations (peinture à l’huile, dorure à l’ancienne, sculpture sur bois, etc). Ainsi les œuvres ont-elles évolué au fur et à mesure des mes recherches.
Vous travaillez sur les thèmes du visible et de l’invisible ? 
Le point départ des œuvres a été la mort de mon père que je n’ai jamais connu. Cela m’a propulsée, telle une nécessité, dans un tourbillon de questions vertigineuse sur la mort, l’absence, le vide, l’origine de la vie sous toutes ses formes… Ces œuvres tentent de recréer une sorte de monde d’entre-deux où tous les potentiels de vie auraient un lieu pour s’activer car je crois en la force de l’émerveillement pour commencer à changer de regard sur les choses et les événements. C’est un monde qui ferait le lien entre le visible et l’invisible. C’est également une sorte de sanctuaire où le recueillement est possible dans un monde où il y a finalement très peu d’espace-temps pour le faire quand nous sommes confrontés à la mort.
Comment travaillez-vous ?
Je suis nourrie des univers sous-marin, des plantes, insectes, mais également de tout ce qui touche aux neurosciences et à la physique quantique. Ce sont des recherches qui ont été déterminantes dans tous ces réseaux que je tisse patiemment. Je travaille donc au chalumeau avec des baguettes et des tubes de verre, sans moule pour donner un côté organique à mes œuvres. Chaque soudure est faite une à une jusqu’à l’apparition de la forme et je souffle au chalumeau des formes organiques. Ce rapport au temps est très important car il me permet de « conscientiser » la forme. Cette manière de sculpter par les vides m’a demandée de changer ma perception du réel.
Parlez-nous des Jardins de Micro-oragnismes ? 
Quant aux Jardins de Micro-organismes, c’est un travail en évolution constante car l’idée est de créer un jardin de plus en plus grand, où chacun trouverait ses micro-organismes et recomposerait son propre jardin. Ce sont des intuitions qui sont nées de ma pratique de réflexologie plantaire et de massage (corps et visage). Je me suis formée pendant 3 ans à ces pratiques avec pour base la médecine chinoise associée à la perception occidentale du corps pour expérimenter concrètement les effets sur le corps.
Ces micro-organismes sont particulièrement importants dans le corps humains et les dernières recherches concernant les intestins vont dans ce sens. Mon œuvre est ainsi très fortement relié à ce qui fait un corps, questionne notre rapport au corps, à sa surface comme dans ses profondeurs. Pour incarner l’idée du lien très étroit entre macrocosme et microcosme, je crée de grandes œuvres autant que des petites, ce qui crée un rythme très vivant. Le rapport au corps est très différent et j’aime expérimenter les deux manières de créer.
Comment intervient la fragilité dans votre travail ?
La fragilité revient sans cesse. Au départ, je rassurais les personnes en leur disant que c’était solide. Aujourd’hui, j’assume que c’est fragile comme du verre (même si c’est beaucoup plus solide qu’on ne le pense par ailleurs, mais il faut faire l’expérience de prendre mes sculptures dans les mains pour s’en rendre vraiment compte). J’aime l’idée que c’est à l’image de la vie, lorsque ça casse, cela créera une autre œuvre car je peux retravailler le verre à l’infini. C’est ainsi que sont nés certains micro-organismes d’ailleurs. Mais je tiens tout de même à dire que nous avons envoyés toutes les œuvres à l’étranger et que nous n’avons jamais eu aucun problème car nous faisons nous-même les boîtes sur mesure. C’est très émouvant pour moi de voir les gens se familiariser avec cette fragilité et ne plus en avoir peur à force de la côtoyer.

 

 

Galerie Da-End, 17, rue Guénégaud, 75006 Paris. Tél. 01 43 29 48 64. www.da-end.com.