Au 11 Conti – Monnaie de Paris présente la première exposition personnelle de l’artiste américaine Kiki Smith dans une institution française alors que la galerie Lelong qui la représente à Paris dévoile une superbe série de dessins. Exceptionnel.
Elle a les yeux bleus. Les cheveux longs et blonds. Née en 1954, Kiki Smith invente une oeuvre en apparence si légère mais d’une force implacable où se croisent des étoiles, des oiseaux, des corps de femmes. Ils envahissent aussi bien ses sculptures, ses dessins ou ses peintures sur verre. Fille du sculpteur Tony Smith, qu’elle aide, enfant, à réaliser ses maquettes en carton, la voilà adulte qui s’installe à New York, fabrique des objets peints, en bois ou en plâtre. Passionnée par les univers fantastiques comme l’art médiéval, elle brouille les frontières organiques entre animal, humain et végétal, ainsi que les hiérarchies de genres et de matériaux : bronze, cire, verre, tissu, laine ou papier sont transfigurés avec la même poésie. Comme le montre l’exposition à la Monnaie de Paris, Kiki Smith se révèle avant tout une femme engagée et féministe. « Le corps est notre dénominateur commun et la scène de notre désir et de notre souffrance. Je veux exprimer par lui qui nous sommes, comment nous vivons et nous mourons », confie l’artiste. Et la voilà qui sape les représentations érotiques traditionnelles pour montrer les systèmes biologiques internes des femmes, tout comme ceux de la naissance, de la régénération et du sida. La fragilité et l’étrangeté des corps, les mythes et la cosmologie hantent son oeuvre en quête du vivant pour une harmonie entre l’homme, la nature et l’univers. Pour la première fois, c’est sur 1000 m2 que le visiteur retrouve les oeuvres de Kiki Smith représentée à Paris par la galerie Lelong. Exceptionnel.
