Après la superbe exposition consacrée au peintre Hans Hartung sous le regard de l’excellentissime historien de l’art Pierre Wat, la galerie Berthet-Aittouarès enchaîne avec une exposition consacrée au photographe John Craven sous la houlette de Savage Collective. Pour cette redécouverte et réhabilitation de l’artiste né en 1912 à Dignes-Les-Bains embarqué à 19 ans pour New-York, il fallait bien les cinq membres de ce nouveau collectif composé d’experts en photographie pour nous éclairer sur ce fabuleux personnage aux talents fous. Ses images réalisée dans les années 1950 revisitent en effet d’une manière à la fois poétique et impressionnante la puissance écrasante de l’industrie. André Pieyre de Mandiargues écrivait à son propos : « En John Craven, je me plais à saluer un futuriste de la photographie. Je lui rends grâce d’avoir si bien vu et de si bien faire voir la beauté terrible d’un univers machiné par des hommes qui sont entrés dans l’avenir ». Ici, la lumière des étoiles humanise l’hallucinant monde du gigantisme des cathédrales capitalistes. « Quand je fais des photos, je pense : ça c’est un Hartung, un Poliakoff, un Viera da Silva… », avouait le photographe qui présentait dans sa galerie de la rue des Beaux-Arts ses amis artistes. Nous revoilà, non pas par hasard, à la galerie Berthet-Aittouarès, au coeur du geste et de la matière, celle du questionnement de la vie, de la mémoire, dont parle si bien Pierre Wat à propos de Hans Hartung.