Jaume Plensa, « 5 rêves, 5 désirs », Paris, galerie Lelong. Du 12 septembre au 25 octobre 2025.

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Jaume Plensa, « 5 rêves, 5 désirs », Paris, galerie Lelong. Du 12 septembre au 25 octobre 2025.

De Düsseldorf à Jérusalem, de Moscou à New York, en passant par Chicago, Saragosse ou Londres, Jaume Plensa enchante le monde avec ses oeuvres. L’artiste espagnol ne parle pas de sculpture, mais d’émotion. De temps. Rencontre avec l’un des plus grands artistes de ce siècle qui rêve d’un monde d’extraordinaire douceur.

 

Anne Kerner : Quelle est votre définition de la sculpture aujourd’hui ? 

Jaume Plensa : La sculpture est quelque chose qui parle de l’éternité. 

 

A.K.: Le titre de l’exposition est « 5 rêves, 5 désirs », Quelles sont les significations de ces mots ? 

J.P.: Je crois que depuis toujours dans mon travail, j’utilise cette mot rêve et cette mot désir parce que je pense, que grâce aux rêves, on est en capacité d’analyse, en capacité de regarder notre vie réelle d’une façon plus froide avec une certaine distance. Il y a des poètes qui disent que l’on voit clair quand on dort, quand on rêve. Et je suis assez d’accord. Le désir, c’est nécessaire pour la vie, sans désir rien n’existe. 

 

A.K.: Comment avez-vus conçu cette exposition ? 

J.P.:  À partir du moment où l’on m’a invité à faire les expositions dans des espaces différents, je voulais faire des espaces complémentaires. Ici, j’ai travaillé beaucoup la douceur des matériaux, cette transparence, cette espèce de lumière intérieure. De l’autre côté j’ai travaillé la fonte de fer. Je crois qu’ici, on est dans le territoire des rêves et de l’autre côté, c’est plutôt le territoire des désirs. 

 

A.K.: Que désirez-vus livrer comme message avec vos oeuvres ? 

J.P.: On vit en situation, je crois politiquement, socialement, partout, très complexe, c’est un moment de l’histoire très complexe. Et je suis complètement contre le fait de crier plus fort que crient les autres. Je crois qu’il faut offrir la douceur et le silence. Ce sont des œuvres très silencieuses, des œuvres où il y a  une espèce de douceur pour dire, écoutez, on a des autres possibilités pour comprendre leur réalité. Quelquefois, les yeux, ce n’est pas la meilleure façon de regarder, la bouche, ce n’est pas la même façon de parler et les oreilles, ce n’est pas la même façon d’écouter.

 

A.K.: Quand on arrive dans l’exposition rue de Téhéran, on a l’impression que vous nous prenez dans les bras…

J.P.: Je n’ai jamais oublié la main de ma mère ou la main de la personne que j’aime. 

Quand tu prends la main de la personne que tu aimes, Il n’y a rien de comparable à ça. Avec les mains, on a une capacité énorme de vérifier les choses. Moi je suis né en Méditerranée et dans ma culture, toucher c’est fondamental et encore plus caresser. Je crois qu’il faut caresser la vie, il faut caresser les idées, caresser la personne que tu aimes, tes enfants et tout. Il faut caresser le monde. 

 

A.K.: Et vous le faites ici…

J.P.: Avec ces pièces, je crois que j’introduis un petit narratif pour inviter à le faire aussi. On ne peut pas imaginer un monde sans les autres. Quand tu es en face de quelqu’un, c’est toujours le miroir où tu reflètes ton image, toi et les autres. Et pour parler de toi, quelquefois il faut parler des autres, parce que c’est grâce aux autres que tu existes. Et la sculpture, je crois que c’est un moyen extraordinaire pour parler de toutes ces choses tellement anciennes, qu’on garde dans notre mémoire, et que tout d’un coup on partage avec les autres. Je crois que je trouve finalement dans la sculpture un schéma de futur extraordinaire.

 

www.galerie-lelong.com

Galerie Lelong, 13 rue de Téhéran | 38 avenue Matignon, Paris.