Le critique d’art Clément Dirié présente une très belle exposition pour le 23è Prix de la Fondation Pernod Ricard, dont il est en 2023, le curateur, avec un choix de six artistes, plus passionnants les uns que les autres.
Dès l’entrée, vous voilà happé par la lumière naturelle et en ce jour de vernissage par le soleil qui lèche et caresse, traverse les oeuvres. Ici, le curateur a désiré un accrochage espacé, claire, fluide, ouvert sur sur la gare Saint-Lazare, et a laissé entrer l’urbain au coeur de l’espace. Clément Dirié a encore métamorphosé le lieu, avec peu de cimaises, jouant des couleurs, des formes, des matières, laissant la liberté au regard d’aller d’oeuvre en oeuvre, de surprise en surprise. Doucement. Délicatement.
Ils sont donc donc six. Si artistes que le curateur a véritablement accompagné pendant un an. Ils s’appellent : Hélène Bertin, Timothée Calame, Fabiana Ex-Souza, Eva Nielsen, Benoît Piéron, Elsa Werth, Jean-Michel Sanejouand.
Tous font appel aux éléments. La terre, l’eau, les plantes, les graines, et surtout ce que Jean-Michel Sanejouand, décédé en 2021, appelait les Charges-objets. Des objets chargés d’émotions ?
Clément Dirié, encore empli de toute cette année de partage, de connexions, d’enrichissements mutuels raconte :
Anne Kerner : Comment avez-vous désiré l’accrochage ?
Clément Dirié : Je voulais que les oeuvres puissent respirer. Car elles sont chargées de toutes les émotions, des expériences, des doutes, qui sont vécus, partagés par les artistes. Il faut de la place pour pouvoir se les approprier, les regarder, et repartir dans son émotion et son expérience de spectateur.
A.K. : Le vivant est au coeur de l’exposition ?
C;D. : Le vivant, l’eau, la terre, les graines, l’organique, c’est l’une des préoccupations qui intéresse aujourd’hui les artistes, de la même manière que cela nous intéresse aussi dans le monde réel. C’est quelque chose qui est venu avec l’exposition. Il n’y a pas de manifeste par rapport à cela. Le vivant est quelque chose qui préoccupe une diagonale de quatre d’entre eux qui sont sur cette problématique là mais avec des modalités très différentes. Car la convocation du corps par Benoit Piron n’est pas la même que celle du processus de transformation par Fabiana Ex-Souza, qui ne ressemble pas non plus à l’interrogation de l’usage des savoirs-faire d’Hélène Bertin.
A. K. : L’accompagnement des artistes pendant un an existe depuis deux éditions… Que vous a-t-il apporté ?
C.D. : J’ai prix cela au mot. Ce qui m’a le plus intéressé dans cet expérience, c’est presque cela. Aller dans les ateliers, passer du temps avec les artistes, essayer de les comprendre. C’est véritablement délié de l’exposition et du prix. C’est une très bonne idée ce compagnonnage, car la fondation produit des choses qui ne sont pas forcément liés à l’exposition, permet des voyages… Les six artistes que j’ai présenté dans cette exposition seront probablement les artistes que je connaitrais le mieux dans ma vie car j’aurais passer un an avec eux. C’est un partage d’expériences. Si l’exposition n’avait pas eu lieu j’aurai aussi été content. Ce n’est pas une figure de rhétorique, j’étais déjà plein des expériences vécues avec eux.
