Subodh Gupta. Vers la spiritualité.
Avec « Adda/Rendez-vous », le musée de la monnaie présente la première rétrospective en France de l’artiste indien connu dans le monde entier. Indispensable.
C’est l’événement du printemps dans l’art contemporain ! L’artiste indien de renommée internationale Subodh Gupta expose à Paris au musée de la Monnaie. Après la très belle et très intéressante exposition consacrée à « Women houses », cette manifestation n’est autre que la première rétrospective de l’artiste en France. Moment majeur donc, car Gupta est le symbole même de notre société en mutation. Célèbre en effet pour travailler avec des objets du quotidien, il apparaît à nos yeux comme l’anti Jeff Koons. Loin de la société de consommation et du bling bling, Gupta produit des oeuvres à partir d’ustensiles de cuisine en acier inoxydable, de bicyclettes ou de seaux à lait. Ainsi, à partir d’objets banals, précaires, utilisés au coeur des foyers indiens, il pose les bonnes questions concernant la migration, la mondialisation et par la même, la relation de l’homme au cosmos. Ici, tout tourne autour de la rencontre et de la discussion que signifie le titre de l’exposition « Adda ». Tout tourne aussi autour de la spiritualité qui empreint chaque instant de nos vies. « Depuis les années 1990, Subodh Gupta travaille à partir de ce qu’on appelle son « identité culturelle », c’est-à-dire l’ensemble des formes, signes et gestes qui se sont cristallisés dans son environnement natal. … Gupta opère une synthèse audacieuse entre l’art occidental contemporain et des pratiques traditionnelles, à travers des oeuvres dont les formes renvoient à la culture populaire, visuelle, spirituelle, de l’Inde », écrit Nicolas Bourriaud. Parmi les oeuvres phares de l’exposition ? « Very Hungry God », un immense crâne crée avec des centaines d’ustensiles de cuisine en inox étincelants employés par les classes moyennes et populaires de l’Inde. Cette vanité voracement insatiable, exposée lors de la Nuit Blanche en 2006, rend compte du désatre et de la réalité du capitalisme avec d’un côté l’abondance et de l’autre la faim. Et « Jai Mein Kumbh, Kumbh Mein Jai Hai », une barque, symbole de la migration mais aussi évidemment du passage vers l’eau delà, où s’accumulent des pots figurant le corps humain.
Musée de la Monnaie, 11, quai Conti, 6è. Tel : 01 40 46 56 65. www.monnaiedeparis.fr. Jusqu’au 26 août.