Le musée du Jeu de Paume, consacre son rez-de-chaussée, jusqu’au 23 septembre à une centaine d’oeuvres de l’artiste et « performer » américain Gordon Matta-Clark autour de l’exposition « Anarchitecte ». Elle reprend ses actions in situ et ses engagements socioculturels sous forme de gravures, photos, installations et films qui s’articulent dans une parfaite scénographie et véhiculent sa critique de l’architecture moderne et contemporaine.
L’évènement propose de nombreuses images et vidéos réalisées par l’artiste afin de montrer au visiteur comment il mettait en oeuvre des interventions physiques sur différents bâtiments. Gordon Matta-Clark a travaillé en grande partie sur des bâtiments désaffectés à New-York, plus particulièrement dans le Sud du Bronx, un paysage urbain très populaire. Mais il ne s’est pas contenté de cela et a également mené ses actions à Paris où il a fait un an d’études.
Ses interventions consistaient à creuser, couper, fragmenter les différents bâtiments dans le but de chercher à analyser comment l’architecture et l’urbanisme dont il est contemporain durant les années 70 imposaient une façon de vivre à la société.
Outre ses actions sur les bâtiments, l’exposition présente, sous forme de photos et films, un sujet de grand intérêt pour Gordon Matta-Clark, une tendance que tout le monde peut observer dans l’espace public, les graffitis. Ils représentent « le langage urbain de ceux qui n’ont pas de voix », explique Marta Gili, directrice du Jeu de Paume, un moyen d’expression pour les jeunes.
Lors de son année à Paris, Gordon Matta-Clark mène ses actions artistiques vers les bâtiments qui allaient être détruits pour laisser place au Centre Pompidou durant l’automne 1975. Les souterrains de Paris ont également accueilli l’artiste, comme le visiteur peut le voir sur la projection du film Paris Underground (1977).
Ce qu’il faut retenir de cette manifestation, la vision de l’urbanisme destructeur de l’artiste mais également les questionnements toujours d’actualités que suscite la modernité architecturale à propos de l’organisation de la ville et du dialogue du corps vers le corps des bâtiments et la superbe scénographie où s’intègrent parfaitement une riche filmographie. Alice Randazzo.