Edi Dubien nous donne une nouvelle fois rendez-vous, au Musée d’art contemporain de Lyon cette fois, qui accueillera sa première exposition monographique muséale à partir de septembre et enfin son exposition à la galerie Alain Gutharc qui avait été repoussée.
Cà se passe toujours dans le silence. C’est tellement doux et tendre que çà fait mal. Dans le blanc du silence. Les visages et les corps d’Edi Dubien apparaissent précautionneusement sur le papier. Doucement. Lentement. Avec ce désir fou que la caresse devienne blessure, griffure et le trait cicatrice. La main laisse des traces. Et le regard redemande. Encore et encore. Cette sensualité de l’aquarelle et cette suavité des couleurs. Comme si dans un rêve insensé les énigmes du jeune Picasso pansaient les blessures du jeune Schiele. Ce sont toujours des enfants ou à peine des hommes. Ils s’avancent vers nous, approchent, l’un après l’autre et parfois tous ensemble. Et çà fascine et donne le vertige. Tant de visages ou plutôt d’apparences de visages, des appels de visages qu’une harmonie de roses, de rouges, de bleus maintient en suspens. Sensibles, immobiles et fragiles, dans une délicatesse à couper le souffle. Pire. S’évanouir ou mourir. Réminiscences. Du dépouillement essentiel des récits d’Hervé Guibert et d’Eugène Savitzkaya. Dans le lac du silence. Toujours, oui. Des regards tentent de s’agripper au vôtre ou vous ignorent. Totalement. Des têtes baissées, des bras croisés, des mains sur les cuisses. Sages, tristes, lointains. Rien ne bouge. Ou si, parfois une bouche s’ouvre et tente un cri. Parfois. Parfois aussi le visage se détourne et le jeune homme pleure et les larmes entrainent le pigment dans leur coulure sur tout le tableau. « Tout parle de chaos, d’enfance, de genre, de nature, de résilience et d’amour… », confie l’artiste. De cet état d’être, de trouble et d’attente, de métamorphose du corps. Quand tout peut advenir. « Vers accomplissement », disait Henri Michaux.