Depuis plusieurs années, l’artiste François Réau interroge les mouvements de l’espace et du temps. Il développe un langage d’une poésie inouïe où le paysage et la nature sont prétexte à se pencher sur la vie, l’infini et le cosmos. Il intervient dans l’espace du Drawing Lab avec un dessin qui se déploie dans l’espace.
« Quel que soit le dessin, tout commence toujours par un point, puis un trait vers un second point, et ainsi de suite. Un peu comme la projection d’un trajet en devenir entre un point Alpha et un point Beta. C’est aussi de cette manière que l’Homme à relié les étoiles dans le ciel nocturne, de cette manière que furent dessinées les constellations et de cette façon qu’elles continuent encore aujourd’hui d’être représentées.
Les constellations ne seraient-elles pas de facto les premières abstractions dessinées ?
Des dessins dans le ciel qui continuent de situer nos propres corps, nos individualités, entre deux points fictifs, entre deux plans, le premier : terrestre, et le second : céleste.
C’est cette succession de points reliés par des lignes qui nous autorise la projection et nous permet d’imaginer un dessin plus élaboré, qui se veut, à dessein, être le point de départ du projet de l’exposition Du Temps sois la mesure. Ces quelques traits et points, ont une intention qui va au-delà de ce que l’on voit, une projection graphique plus vaste, une mesure de l’espace et du temps.
C’est de cette réflexion qu’est né le projet d’exposition avec François Réau pour le Drawing Lab. Un projet qui tire son nom d’un des vers du fameux poème de Antoine-Léonard Thomas publié pour la première fois en 1762.
Le compas d’Uranie a mesuré l’espace. Ô Temps, être inconnu que l’âme seule embrasse.1 Tout commence comme ceci, avec la muse dédiée à l’étude de la voute céleste et son outil de prédilection. Ce fameux compas qui mesure entre deux étoiles l’espace et le temps qui les séparent l’une de l’autre avant, de les inclure dans un dessin plus vaste, une constellation. C’est également de cette manière qu’a décidé de travailler François Réau qui déploie toute sa pratique de dessin pour ce projet, tout en cherchant a repousser les limites de ce médium tant dans son processus que dans son support. Du trait de crayon au trait de lumière en passant par le dessin en installation.
Le visiteur a alors l’opportunité de parcourir différentes appréciations d’un dessin qui s’échappe de son support premier et envahit l’espace d’exposition. Il lui est ainsi permis de se confronter à un espace temps où la pratique se fond dans une pensée visuelle dans laquelle se mêlent histoire et poésie ».
Léo Marin Commissaire de l’exposition
Curateur « On The Run » indépendant, membre de l’AICA, Léo Marin dirige aussi depuis 2014 le volet contemporain de la Galerie Éric Mouchet à Paris — Saint-Germain-des-Prés. En charge de la programmation jeune création, il constitue une équipe d’artistes français et internationaux.