Le Musée Guggenheim Bilbao présente le 10 novembre 2017
David Hockney
82 portraits et 1 nature morte
David Hockney: 82 portraits et 1 nature morte
- Dates : du 10 novembre 2017 au 25 février 2018
- Commissaire : Edith Devaney
- Exposition organisée par la Royal Academy of Arts de Londres en collaboration avecle Musée Guggenheim Bilbao
- – Après son exposition monumentale de paysages en 2012, l’artiste revient au Musée Guggenheim Bilbao avec une intense installation enveloppante autour du portrait.
- – Toutes les œuvres, de même taille, ont été peintes dans un cadre temporel de trois jours. Elles montrent le modèle assis sur la même chaise, éclairé par la vive lumière du sud de la Californie sur le même fond d’un bleu intense.
- – Grâce à la virtuosité de l’artiste, l’uniformité des éléments de chaque peinture accentue les différences entre les divers modèles et laisse leur personnalité surgir de la toile avec une chaleureuse immédiateté.Le Musée Guggenheim Bilbao présente David Hockney : 82 portraits et 1 nature morte, une exposition qui réunit un ensemble unique – étonnant, réjouissant et touchant – du grand peintre britannique.Avec cette remarquable série, David Hockney donne à voir son univers intime, ses proches, ses amis, leurs enfants, constituant ainsi une remarquable galerie de portraits sur celles et ceux qui ont croisé son chemin au fil des ans, constituant de fait un vaste panorama du Los Angeles artistique de notre époque.En 2012, le Musée Guggenheim Bilbao présentait déjà une monumentale exposition de paysages : David Hockney : Une vision plus large. La même année, l’artiste quittait son Yorkshire natal pour retourner à Los Angeles. Retrouvant avec le portrait le goût de la contemplation paisible, il exécuta, dès l’été 2013, le premier de ce qui finira par devenir une série de plus de 90 tableaux ; 82 d’entre eux sont présentés dans le cadre de l’exposition.Hockney conçoit ces portraits comme un unique corpus artistique. L’exposition s’articule ainsi autour d’un parcours quasi chronologique qui permet de réaliser une autre étude psychologique : celle de l’artiste lui- même. Son état émotionnel semble s’alléger au fur et à mesure que la série progresse, en même temps que s’affirme conviction sur le format, le médium et le mode opératoire. Toutes les toiles sont de même taille et montrent le modèle assis sur la même chaise, sur le même fond d’un bleu intense, sous la même lumière, vive et transparente, du sud de la Californie. Elles toutes ont été peintes durant le même laps de temps : trois jours.
Parmi les modèles, tous choisis parmi ses amis, ses parents et ses connaissances, se trouvent des collaborateurs de l’atelier, d’autres artistes comme John Baldessari, des conservateurs et des galeristes comme Larry Gagosian.
« Les célébrités sont faites pour la photographie », affirme David Hockney. « Moi, je ne dépeins pas de célébrités tandis que la photographie, oui. Mes célébrités à moi sont mes amis. » Chaque portrait est ainsi le fruit d’une intense observation et se transforme ainsi en analyse psychologique.
Grâce à la virtuosité de l’artiste, l’uniformité des éléments de chaque toile accentue les différences entre les différents modèles et laisse leur personnalité surgir avec une chaleureuse immédiateté. Avec cette série, à une époque de prolifération de selfies et de portraits photographiques sur les réseaux sociaux, Hockney réexamine le rôle du portrait peint dans une installation intense et enveloppante. La note divergente, l’unique nature morte, est le résultat de l’absence, un jour, de l’un des modèles. Désireux de peindre, l’artiste s’est emparé de ce qu’il avait sous la main, à savoir une sélection de fruits et de légumes, pour réaliser son portrait.
Poser pour David Hockney. Portrait d’Edith Devaney, commissaire de l’exposition.
C’est au directeur de l’atelier de l’artiste, Jean-Pierre Gonçalves de Lima, qu’est revenue la délicate tâche d’agencer la programmation de tous ces portraits sur une période de plus de deux ans. Hockney a peint Edith Devaney à deux reprises, d’abord en septembre 2015, puis en février 2016. Ce dernier portrait est celui qui est présenté dans l’exposition, après un processus d’élimination de quelques portraits de personnes qu’il a peintes plus d’une fois.
Récit d’Edith Devaney :
« La seconde fois que j’ai posé pour lui, c’était vers la fin du projet et j’avais déjà eu la possibilité d’analyser les poses et la tenue des personnes qui étaient passées par là avant moi. La seule indication reçue fut d’attacher mes cheveux ; vers le milieu du premier portrait, Hockney a décidé que l’image en serait meilleure. Nombre des modèles féminins s’étant habillés avec élégance pour leur portrait, j’ai décidé, pour varier, de porter des vêtements plus informels.
La session a commencé vers neuf heures du matin. L’atelier était très bien rangé, avec la toile déjà prête sur le chevalet et toutes les couleurs, pinceaux et palettes disposés sur une table placée à droite. La plateforme avec la chaise était à gauche, face au chevalet. Assise sur la chaise, j’ai essayé plusieurs poses et je me suis penchée vers l’avant avec la tête appuyée sur la main dans ce qui m’a semblé être une posture naturelle et familière. Elle a plu à Hockney, qui espérait que je puisse la maintenir pendant trois jours.
La première partie du processus, et peut-être la plus intense, fut le dessin au fusain qu’il traça directement sur la toile.
Hockney dénomme cette esquisse de tête, corps et chaise « fixer la pose ». Il affirmait qu’il peignait ce qu’il voyait et s’assurait de tout voir. La perspicacité et la concentration de son regard étaient remarquables et sa tête allait et venait constamment du modèle à la toile.
Une fois le dessin terminé, la peinture commença. Tous les portraits étaient réalisés à l’acrylique, un médium que Hockney n’avait plus utilisé depuis vingt ans. Après les premières œuvres, il utilisa une nouvelle marque de peinture à l’acrylique à plus haute teneur en gel, avec la capacité de rester humide plus longtemps, ce qui permettait, au cours des trois jours, de retoucher légèrement le visage du modèle.
Après une pause d’une heure pour une bonne collation et un moment de conversation animée, les séances se poursuivaient jusqu’à tard dans la soirée. Pendant les repos du matin et de l’après-midi, Hockney s’asseyait dans un fauteuil à une certaine distance de la toile pour en analyser l’évolution tout en fumant. Pendant ces pauses, il commentait divers aspects de la peinture, mais gardait le silence le plus absolu en peignant.
L’acte de peindre se revélait hautement physique pour Hockney, qui bougeait constamment en avant et en arrière pour observer la toile de près et de loin. Une énorme sensation de fluidité dans ses mouvements était perceptible quand il tendait la main pour tremper le pinceau, quand il mélangeait de nouvelles couleurs ou quand il choisissait un autre pinceau. Il faisait remonter ou redescendre le chevalet grâce à un moteur électrique de façon à réaliser, à la hauteur parfaite, son travail minutieux et détaillé.
Tout le long du processus, l’intensité de sa concentration ne fléchissait absolument pas. Toute trace de la fatigue qu’il allait ressentir plus tard était compensée par le plaisir de la création.
Les modèles participaient de ce plaisir à mesure que l’image surgissait. Curieusement, mon portrait me sembla simultanément familier et étranger. Hockney me dit alors qu’il peignait « ce qu’il voyait », tout en admettant que nous voyons tous différemment car notre vision est colorée par nos nombreuses expériences. Se voir soumise à une scrutation si minutieuse amène à réfléchir sur sa propre façon de penser son aspect physique, et l’habilité consommée de Hockney pour refléter cette complexité intérieure accentue l’intensité psychologique du temps de pause.
Une fois mon portrait terminé, je lui ai demandé s’il pensait avoir capté ma personnalité. « J’ai capté un aspect de toi », a-t-il répondu. « Le premier portrait avait capté un autre aspect et si j’en faisais un troisième, il serait à nouveau différent ». La fascination de Hockney pour le portrait est indissolublement unie à sa profonde empathie pour l’être humain et pour toutes les fragilités que nous incarnons, « la comédie humaine », comme lui-même l’exprime. »
Le choix des modèles
Margaret Hockney
David Hockney a trois frères et une sœur, et tous sont très unis. Toutefois il a toujours eu un lien spécial avec Margaret, une infirmière maintenant retraitée qu’il a dessinée à plusieurs occasions ces dernières années, quand elle et David ont passé beaucoup de temps ensemble à Bridlington pendant qu’il travaillait sur ses paysages du Yorkshire. L’année dernière, elle s’est rendue à Los Angeles avec une amie intime, Pauline Ling, qui a également posé pour l’un des portraits.
Rufus Hale
En 2015, l’artiste britannique Tacita Dean a passé un temps à Los Angeles pour étudier au Getty Institute. Pendant cette période elle a rendu visite à Hockney, et l’a filmé plus tard en train de fumer en attitude contemplative pour son œuvre Portraits (portraits), de 2016. Dans sa visite, elle était accompagnée de son fils de onze ans, Rufus.
Hockney, auquel l’enfant faisait penser à lui-même à ce jeune âge, a ressenti le besoin de peindre Rufus, qui s’est montré excellent modèle et qui s’est complètement investi dans le processus.
Jean-Pierre Gonçalves de Lima
Jean-Pierre Gonçalves de Lima a connu Hockney alors qu’il travaillait pour lui dans son atelier de Londres. Musicien parisien d’origine portugaise, il a dirigé le grand atelier de Hockney à Bridlington pendant l’élaboration de la série de paysages du Yorkshire. Il l’a également secondé pendant la réalisation de ces portraits en organisant chaque séance, en préparant le matériel de peinture et en créant d’extraordinaires archives photographiques qui documentent les diverses étapes de chaque portrait.
Gregory Evans
Gregory Evans a été compagnon et ami intime de Hockney pendant plusieurs décennies et il possède une connaissance approfondie de son travail. Avec lui, il a fondé et il continue à diriger le David Hockney Studio, qui supervise son œuvre et ses archives. Depuis qu’ils se sont rencontrés pour la première fois à Los Angeles en 1971, Evans a souvent posé pour Hockney. Leur bonne entente et l’expérience considérable d’Evans lorsqu’il s’agit de poser pour lui font de son portrait l’un des plus détendus du groupe.
Celia Birtwell
Depuis qu’ils se sont connus pour la première fois dans les années 1960, la designer textile Celia Birtwell est restée l’une des amies les plus proches de Hockney. Birtwell et son mari précédent, le designer de mode Ossie Clark, ont posé pour le célèbre portrait double de l’artiste intitulé M. et Mme Clark, et Percy (Mr and Mrs Clark and Percy, 1970–71, Tate). Depuis, Birtwell a été son modèle féminin le plus fréquent.
Quand elle a rendu visite à Hockney à l’été 2015, elle était accompagnée de son mari, Andy Palmer, et de sa petite-fille, Isabelle Clark, dont les portraits figurent également dans l’exposition.
Bing McGilvray
Artiste installé à Boston, Bing McGilvray est ami de Hockney depuis plusieurs décennies. Hockney apprécie sa compagnie détendue et son esprit vif, et tous deux partagent la même passion pour le tabac. Visiteur habituel de Los Angeles, McGilvray fait compagnie à l’artiste quand les membres de son équipe sont en voyage. Hockney l’a peint à plusieurs occasions et chaque portrait capte un aspect différent de sa personne.
John Baldessari
Il y a longtemps que l’artiste conceptuel John Baldessari, né et élevé en Californie, est l’un des créateurs contemporains les plus célèbres de la Côte Ouest. Quelques années plus âgé que Hockney, il en est l’ami depuis très longtemps.
DIDAKTIKA
Dans le cadre du projet Didaktika, soutenu par BBK, le Musée conçoit des espaces didactiques et autres activités spéciales qui visent à compléter chaque exposition en offrant divers outils et ressources qui facilitent l’abordage et la compréhension des œuvres exposées.
À cette occasion, l’espace didactique IN FOCUS est consacré à David Hockney 82 portraits et 1 nature morte. Il explique l’importance du portrait tout le long de la trajectoire de Hockney et les clés de sa démarche comme créateur : de l’importance des personnes représentées, émotionnellement liées à l’artiste, à celle des techniques et des avancées technologiques mises en œuvre dans l’exécution des œuvres, comme la photographie analogique ou l’iPad.
Cette information complémentaire à caractère pédagogique se trouve à l’intérieur de la galerie 105. Elle est présidée par un portrait de Hockney travaillant face à un modèle et nous situe dans le propre atelier de l’artiste à Los Angeles. Elle se termine sur la projection d’un entretien de la commissaire de l’exposition, Edith Devaney, avec l’artiste dans lequel est analysée la signification personnelle et artistique de cette série de portraits.
Autres activités didactiques de l’exposition
Le portrait secret – Vues express
Pour l’élaboration des portraits, Hockney a repris le même procédé avec chacun des personnages : trois jours de travail avec chacun des modèles, une pose dans le même cadre et devant le même fond. Mais au-delà de la mise en scène, ce qui inspire l’artiste est la “connaissance secrète” de la personnalité de chacun.
Lors des visites express sur l’exposition qui sont proposées gratuitement avec l’entrée du Musée selon différents horaires et langues, le visiteur pourra découvrir les concepts qui sous-tendent la série et, en utilisant le jeu comme outil d’apprentissage, explorer l’identité des personnages décrits physiquement et psychologiquement, par différents membres du groupe, à partir de questions formulées par le reste des
participants. Une création de portraits virtuels à partir de la participation groupale, qui renforce l’usage du langage et stimule différents types de mémoire, comme la mémoire visuelle et la mémoire auditive.
Réflexions partagées
Il s’agit de visites uniques sous la conduite de professionnels du Musée qui ont pour but de dévoiler les particularités du montage et autres curiosités de l’exposition.
o Vision curatoriale : avec Petra Joos, curatrice du Musée Guggenheim Bilbao (15 novembre)
o Concepts-clés : avec Marta Arzak, sous-directrice Éducation et Interprétation du Musée Guggenheim