CLÉMENT COGITORE EST UN ARTISTE CONTEMPORAIN FRANÇAIS DONT LE TRAVAIL CINÉMATOGRAPHIQUE ET PHOTOGRAPHIQUE PORTE EN LUI UN PUISSANT QUESTIONNEMENT SUR LA FABRICATION DES IMAGES ET LA PART ACTIVE DE LEURS APPARITIONS DANS LES CONSTRUCTIONS HUMAINES.
IL EST LE PREMIER LAURÉAT DU PRIX LE BAL DE LA JEUNE CRÉATION AVEC L’ADAGP.
Après des études à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, et au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Clément Cogitore développe une pratique à mi-chemin entre cinéma et art contemporain. Mêlant films, vidéos, installations et photographies, son travail met en scène le rapport que nous pouvons entretenir au sacré, à sa dimension ritualisée, dans et par un regard porté sur le monde et son énigme : la nuit originelle du cinéma rejoint la nuit secrète de nos faits et gestes. Son oeuvre est donc à la fois porteuse d’une réflexion sur la visibilité, la place de l’homme dans le monde qu’il façonne, et son ancrage politique dans les espaces qui le conditionnent. Ainsi, en 2015, son premier long métrage Ni le ciel Ni la terre mettait en scène,par la fiction, une quête métaphysique de sens dans un monde en guerre. C’est dans cette perspective qu’il faut aussi découvrir Braguino ou la communauté impossible : Cogitore décrit des points de bascule entre des seuils de civilisation et de croyance.
Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome-Villa Médicis, ses films ont été sélectionnés dans des festivals internationaux (Cannes, Locarno, Lisbonne, Montréal…) et ont été récompensés à plusieurs reprises. Son travail a également été exposé au Palais de Tokyo, au Centre Georges Pompidou, à la Haus der Kulturen der Welt de Berlin, ou encore au Museum of fine arts de Boston et au MoMA de New-York. En 2015 son premier long-métrage
Ni le ciel Ni la terre a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan au Festival de Cannes – Semaine de la critique et nommé pour le César du meilleur premier film. La même année, il reçoit le Prix LE BAL de la Jeune Création avec l’ADAGP. En 2016, il est également lauréat du Prix Science Po pour l’art contemporain et du 18e Prix de la Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain. En juillet 2017, son film Braguino a reçu la mention spéciale du Grand Prix de la compétition internationale du FIDMarseille.
Clément Cogitore est né à Colmar en 1983, il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie Eva Hober (Paris) depuis 2016, et par la galerie Reinhard Hauff (Stuttgart) depuis 2015.
LE BAL PRÉSENTE BRAGUINO OU LA COMMUNAUTÉ IMPOSSIBLE, UN PROJET DE CLÉMENT COGITORE, PREMIER LAURÉAT DU PRIX LE BAL DE LA JEUNE CRÉATION AVEC L’ ADAGP.
Clément Cogitore s’est rendu en 2016 à Braguino, du nom de la famille vivant dans quelques cabanes de bois perdues au fond de la Taïga sibérienne, à 700 km de toute présence humaine. Par ce geste, il souhaitait percer le mystère de la volonté d’un homme, Sacha Braguine, issu d’une communauté de Vieux Croyants, qui décida d’installer là sa famille il y a plus de trente ans, avec l’espoir de vivre en paix, dans l’autarcie la plus complète, et de construire un modèle de vie autosuffisant. Très rapidement pourtant, ce paradis devient la scène d’un conflit ouvert entre deux familles ne parvenant pas à cohabiter, c’est-à-dire à s’accorder sur un récit commun d’existence. L’échec d’une communauté possible composera l’axe central du travail filmique, photographique et sonore de Clément Cogitore.
Plongée dans l’obscurité, l’installation au BAL immerge le visiteur, au coeur d’un récit en actes, où chaque fragment filmique se révèle une pièce de l’intrigue, avec unité de temps, de lieu et d’action : l’arrivée à Braguino en hélicoptère, le rêve de Sacha, une chasse à l’ours, l’île mystérieuse où se réfugient des enfants livrés à eux-mêmes; enfin, la montée en intensité d’une menace de conflit armé. Tout cela nous projette dans un monde de plus en plus crépusculaire, comme en témoignent les grandes photographies lumineuses aux tonalités sourdes qui jalonnent cette traversée.
Avec pour aiguillons les éléments d’une dramaturgie très archaïque évoquant la construction conflictuelle des grands mythes, Braguino relate l’expérience d’une double impossibilité : celle de fuir et celle de rester, c’est-à dire de composer avec l’Autre, la part maudite de soi. Au-delà d’une simple étude ethnographique, Clément Cogitore livre ici un conte cruel « révélateur d’un instant de bascule de notre civilisation». Si ce monde est voué à disparaître, de quoi cette disparition est-elle le signal ?
— Diane Dufour et Léa Bismuth