COUP DE COEUR, Choeur de filles, Atsoupé et Eva Magyarosi. Du16.09. 2017 de 16h à 20h au 30.09.2017.

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COUP DE COEUR, Choeur de filles, Atsoupé et Eva Magyarosi. Du16.09. 2017 de 16h à 20h au 30.09.2017.

Tout se passe, se vit, se crée derrière la porte d’un immeuble hausmanien. Un lieu caché comme il en existe encore dans Paris. Une allée de pavés longée d’une clôture végétale. Un nid où la nature envahit les jardins. Dans ce lieu magique où ils se sont installés il y a seulement six mois, Atsoupé et Alexandre inventent tous deux leur univers. Sous leurs verrières d’où jaillit le soleil, chacun crée sur son mur. Sous la mezzanine pour Atsoupé, près de la verrière pour Alexandre. Et ce sont deux mondes que le visiteur découvre. Celui d’Atsoupé d’abord, jeune soleil noir au sourire de fée et le regard rieur qui ne marche pas, mais danse, ne danse pas mais exprime la liberté, ne créée pas mais vit ses dessins, sa peinture, ses textes. Les trois toiles accrochées au mur cachent sous leurs couleurs éclatantes et le jaune strident qui les souligne, l’arrachement. Atsoupé torture la matière, crispe le crayon, troue la toile. Souvent elle frotte, elle laisser couler aussi, balafre et crie comme si elle voulait hurler l’imposible amour pour son père disparu. Mais Atsoupé a choisit la vie, regarde autour d’elle, respire, sent, observe la lumière. Jour après jour. Car elle veut vivre avec Alexandre, Alexandre d’Huy. Son amour depuis 10 ans, qui regarde la mort de manière moins intime en photographiant sur internet les bases militaires du monde entier. Tous les attentats depuis celui de New York l’ont marqué. Et c’est à sa manière qu’il s’investit pour dénoncer cette violence et ces guerres inutiles.

Ce weekend, Atsoupé et Eva Magyarosi ont exposé ensemble dans le nid douillet. Eva, jeune hongroise surdouée pour le dessin et l’animation, radieuse,  s’est installée sur le mur d’Alexandre pour accrocher une magnifique vidéo entourée des dessins de son prochain film. Le fouillé et le nostalgique rappelle Atsoupé. Car Eva parsème sa merveilleuse vidéo de souvenirs de son pays, de son enfance, de son père. La voix. les bras. Les embrassade fortes. La main dans la main. L’intimité intense qui n’a besoin ni de gestes ni de mots.  Cette figure du père que toute femme, que toute fille qui a pu vivre cet amour infini et inexplicable qu’elle gardera comme le bien le plus précieux. Cet amour qui rend fort, qui aide à nous dépasser, à vivre nos idéaux, à être femme, à s’ouvrir au monde et aux autres. Et c’est tout cela qui se lit dans les oeuvres des deux jeunes femmes. La transmission magique et éternellement vivante du père. Joue contre joue. Peau contre peau. Anne Kerner.

 

Chœur de filles ?

Il y a donc un père.

Car si le titre de ce premier duo entre Eva Magyarosi et Atsoupé se réfère à Choeurs Politiques, le dernier opus de Frank Smith, il se réfère aussi à la personne du père qui, au delà des liens graphiques, crée un lien entre les deux artistes de par son importance fondamentale dans leurs créations respectives. Atsoupé l’affirme : « Il y a forcément quelqu’un qui est l’adresse première » – le père en l’occurrence – et Eva Magyarosi lui dédie ses Invisible Drawings : « To my father ». Au-delà des deux artistes en jeu, le père semble bel et bien, chez la plupart des artistes femmes, jouer un rôle essentiel dans le processus créatif. Pas n’importe quel père : ce père là, cette image mentale qui va stimuler la créativité des Chœurs de filles, est à la fois un défi, cette « adresse première » à qui Atsoupé continue de se référer dans sa peinture, pour lui dire « Tout ce que je ne lui ai jamais dit, ce que j’aurais été fière de lui montrer, tout ce qu’on n’a pas fait ensemble, tout ce que je suis devenue » mais aussi une absence, incarnant tout la fois une exigence et une ignorance. Inspirer, et laisser faire. Eva Magyarosi le dit elle aussi : « J’ai toujours senti que nous devions avoir cette grande conversation. Mais elle n’est jamais advenue. Il ne reste que les rêves. »

Les toiles, les dessins, les textes d’Atsoupé s’inspirent essentiellement de la vie, du vécu, du ressenti, du quotidien et de la lumière de chaque jour : « des parcelles de poésie ». L’une de ses plus belles toiles a été peinte avec la pensée du père : un cimetière, reposant, paisible, car si « la disparition de l’être est difficile à vivre, la mort, elle, est un état de l’être, un état sans tristesse. »

Les vidéos d’Eva Magyarosi, star de l’animation en Hongrie, sont quant à elles empreintes d’une nostalgie qui semble nourrie des mythes anciens de son pays et de sa langue si particulière, douce et rocailleuse à la fois. Les Invisible Drawings d’Eva Magyarosi font eux aussi référence à son père disparu et à ses souvenirs d’enfance, toute cette partie de son existence – de notre existence – désormais enfouie au fond de sa mémoire d’artiste et de notre mémoire de spectateurs. Autour de ses dessins peut-être invisibles mais animés, des dessins réalisés tout exprès pour Chœur de Filles, à la « manière » Magyarosi, une manière d’ores et déjà reconnaissable entre toutes.

CHŒUR DE FILLES Atelier d’artistes Vernissage le samedi 16 septembre 2017, de 16h à 20h Exposition jusqu’au 30 septembre, sur RV Finissage-brunch-goûter le dimanche 1er octobre de 13h à 18h 36 Avenue Jean Moulin (code : sonnette 1061 / contact : 06 78 32 74 16), 75014 Paris.
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