Sous l’égide de l’association CulturFoundry et de Frédéric Lorin, l’exposition Le Regard du Temps rassemble dix-neuf artistes. Parmi eux, Jean-Claude Benoit Pieron. Interview par Anne Kerner.
Anne Kerner : Que présentez-vous à l’exposition ?
Benoit Pieron : Je présente deux pièces dans l’exposition, un jardin zen – pièce unique – et un cadran solaire – multiple numéroté en 5 exemplaires.
Le jardin zen reprend la figure du jardin sec miniature en l’associant à l’univers de l’hôpital, ma maison. J’ai rempli un haricot médical en tôle émaillée avec du sable poudreux très blanc, sur ce lit il y a un râteau miniature en bambou et trois comprimés médicamenteux qui affleurent à la surface. Les dents du râteau ont laissé autour des médicaments quelques sillons caractéristiques dans la poudre lumineuse comme de la neige. Il y a aussi une ampoule de sablier cassée en deux qui repose dans ce désert de lumière, le sable de celui-ci a rejoint le lit du temps hospitalier, ce continuum qui emplit les salles d’attente et nie l’opposition entre la vie et la mort. A l’hôpital le temps s’écoule au goutte à goutte avant de rejoindre par la perfusion la rivière pulsatile de nos veines et l’océan de nos artères.
À côté du jardin zen, un tas d’ampoules de sabliers prête à être activer par le potentiel acquéreur en cassant le verre pour libérer le temps et lui permettre de rejoindre l’infini du haricotLe multiple est un cadran solaire qui prend la forme d’un cocktail perpétuel posé sur un plateau cuivré. La paille en verre est inclinée selon la latitude du lieu d’exposition et orientée vers le Nord. Sur le plateau des gravures transforme alors le Spritz en un cadran solaire. L’exemplaire exposé est fait pour Paris, les 4 suivants seront réalisées selon les coordonnées géographiques fournies par l’acquéreur.
A.K. : Comment votre oeuvre s’intègre au Regard du Temps ?
B.P. : Mon travail explore le temps dans sa profondeur, un temps cyclique et répétitif qui flotte dans l’air des salles d’attente.