La Fondation Dapper offre une carte blanche à l’artiste camerounais Barthélémy Toguo, orchestrée par sa directrice Christiane Falgayrettes-Leveau. Témoin de son temps, interrogeant notre humanité, ce maître des matières et des medias, pointe depuis toujours les souffrances et les plaies du monde, que ce soit d’un point de vu politique, sociologique, économique. Et dans son oeuvre « « Water Matters », réalisée rien pour cette exposition, d’un point de vue écologique. Un travail d’une beauté inouïe qui en même temps réveille et provoque les consciences. A lire aussi le magnifique livre de Philippe Dagen qui vient d’être publié aux éditons Skira. Interview par Anne Kerner
Anne Kerner : Comment s’est fait le dialogue entre vos oeuvres et celles du musée ?
Barthélémy Toguo : C’est la première fois que j’interviens dans une telle circonstance et j’en suis très content. La commissaire de l’exposition, Christiane Falgayrettes-Leveau, qui est muséologue, a fait la sélection des oeuvres et je lui ai laissé une entière liberté.
A.K. : Vous a-t-elle commandé une nouvelle oeuvre pour l’exposition ?
B.T. : Oui, elle m’a donné l’occasion de créer une oeuvre spécifique pour cette exposition au musée du Quai Branly. Elle est le fruit d’une année de travail. Étant donné qu’en ce moment, je me concentre sur la thématique de l’eau, j’ai imaginé une installation avec une toile d’un mètre cinquante sur cinq mètres de long. (voir l’oeuvre ci-contre). Cette oeuvre, je l’ai créé dans mon atelier du vingtième arrondissement, à Paris. Elle est peinte dans un bleu proche du « bleu Toguo » découvert à la manufacture nationale de Sèvres, il y a plusieurs années.
A.K. : Que représente-t-elle ?
B. T : J’ai peins un personnage, qui porte de l’eau, représenté dans un univers bleu, symbole de l’élément vital du monde entier. Il a les mains ouvertes pour célébrer le fait de recevoir et de partager. Cette toile est accrochée sur un grand mur, et devant elle, il y a une installation d’une table de cinq mètres pour quatre-vingt centimètres de hauteur sur laquelle seront posées 200 bouteilles gravées remplies d’eau provenant du monde entier. L’eau est une denrée tellement importante pour notre survie… Non seulement il faut la protéger mais il faut la rendre accessible à toute la population du monde.
A.K. : Que signifie cette installation ?
B.T. : Cette installation représente mon rêve, mon voeu de célébrer l’eau et son importance dans la vie. Elle est en lien avec mon envie de protéger la nature. Sur les 200 bouteilles sont gravées des fleurs qui célèbrent le monde végétal. Tout cela montre ce côté écologique très présent aujourd’hui dans ma création. Christiane Falgayrettes-Leveau et moi même avons convenu de la placer à la fin du parcours de l’exposition.
A.K. : Elle va rester au musée du Quai Branly ?
B.T. : Non, elle vient d’être sélectionnée pour la Biennale de Sydney dont le thème est la problématique de l’eau dans le monde. Je travaille sur beaucoup de projets. En France, entre autre, à partir du mois de juillet mes oeuvres seront exposées dans Le Centre d’art « La Malmaison » à Cannes, et en septembre, je présente un « solo show » intitulé « Partages » à la galerie Lelong.