La créatrice française Anne-Valérie Ash a exposé ses 13 années de collections à Calais et a sorti un livre qui lui ressemble. Aussi simple que somptueux. Retour sur son itinéraire.
Anne Valérie Hash célèbre treize ans d’une oeuvre aux allures de rêves d’une petite fille qui ne veut pas grandir. Et c’est toute cette beauté d’âme qu’elle restitue à Calais et dévoile dans le superbe livre qui accompagne son exposition. Toute de noir vêtue, sourire, douceur et dynamisme, elle ose livrer les secrets qui ont donné tant de poésie à la mode pendant plus de 10 ans. Eduquée entre « la sobriété de sa mère et l’excentricité de son père », elle suit des cours du soir à l’Ecole Dupérré, entre à la chambre syndicale de la haute couture parisienne pour apprendre sans cesse à « démonter et remonter les vêtements, à récupérer l’équilibre », dit-elle. Puis commence son « histoire » dans les ateliers de retouche Nina Ricci : « Deconstruire, déstructurer, dépenser – ne plus penser, aller à l’encontre de… Il fallait beaucoup de patience et j’en avais ». Avec cette arme absolue, la jeune femme s’inspire des plus mystiques créateurs depuis les années 1980, pour inventer son propre langage. « Le corps chez Alaia, la poésie chez Yoshi Yamamoto et la folie chez Ray Kawabuko ». Elle invente ainsi nourrie, sa marque de couture Anne Valérie Hash. « Tout est parti du vestiaire masculin. Du pantalon, de la veste, de la chemise et comment la femme peut se les réapproprier ». La voilà qui sans trop le savoir trouve ses fondamentaux. Et elle réalise pour sa première collection sa célèbre robe pantalon. En 2011, sa collection « Confidences » composée à partir de vêtements d’autrui comme Bettina Rheims qui lui offre la robe Alaia de ses 20 ans, qui se transformera en bottes, ou le pyjama de Jacques Elbaz, qui devient une combinaison. La moindre déchirure, le fil décousu, recousu, la mousseline qui bouillonne, la dentelle raffinée, époustouflante, qui frôle la peau surtout dans les dos, profondément dans les bas de dos comme une musique de jazz caresse l’oreille. Et une soie déchirée qui dit tout. De celui qui a choisi le vêtement et qui le porte. Qui a choisit. La sensualité, la volupté, le déplacement, le jeu. Oui, le jeu. Si érotique du tissu et de la chair qui n’en finit pas de raconter des histoires où l’homme et la femme se rejoignent dans la sensualité de la matière et la justesse de la coupe. « Dans les deux dernières collections, le mixte de dentelle et de tissu d’homme se sont réconciliés en entrant réellement sur le vêtement.. Mon parcours, comme celui de l’exposition, a commencé tout en noir et finit dans la lumière », pour marquer une « Pause », titre de sa dernière collection en 2013. Anne Valérie Hash s’arrête. Le temps de mieux profiter de ses filles. Avec autant de forces et d’amour, désormais, où pourra t’elle encore aller ?
A lire Anne Valérie Hash, éditions Linéart.