Des robes sublimes, une scénographie inouïe, l’élégance dans sa plus haute expression, la nouvelle exposition réalisée par Olivier Saillard à la Fondation Azzedine Alaïa étourdit par sa beauté.
Les drapés que Grès avait érigés en art total depuis les années 1930 s’incarnent dans les robes longues, fluides et plissées d’Alaïa. Le jersey adoubé par la première se traduit en maille et en matériaux souples chez le second. L’exigence des proportions, la rigueur de la coupe qu’il s’agisse de modèles pour le soir ou pour le jour les unit. « Dès que l’on a trouvé quelque chose de caractère personnel et unique, avouait Madame Grès, il faut l’exploiter à fond et en poursuivre la réalisation sans s’arrêter et jusqu’au bout ». À cela, Alaïa répondait des années plus tard : « Lorsqu’une idée s’impose à soi, il faut s’en saisir au lasso, tourner autour et ne pas en déroger ». Pour la première fois une exposition inédite associe les œuvres de Madame Grès et celles de Alaïa. Fédérées selon leur principe formel, leurs recherches de coupe, les accords de tissus ou de couleurs qu’elles embrassent communément, les robes du soir ou de jour des deux couturiers convient le visiteur à une leçon au-delà des modes. Intemporelles pour l’une, hors du temps pour l’autre, les créations exposées au nombre de 60 restituent le dialogue de Grès et Alaïa, deux obstinés solitaires devenus sculpteurs de robes.