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Pour sa quatrième Carte blanche confiée à un artiste contemporain, le MNAAG a choisi de sortir du cadre strict de la rotonde (4e étage) et d’exposer les sculptures de l’artiste plasticienne Prune Nourry dans un dialogue poétique avec les collections ; y prennent part quinze pièces historiques de la collection permanente du musée qu’artvisions visite pour vous.
Les sculptures de Prune Nourry, présentées au sein d’un parcours guidé, offrent analogies visuelles et correspondances de sens, invitant le visiteur à participer à une véritable réflexion à travers le musée sur des problématiques quant au devenir de l’humanité. Nées d’un triptyque d’expériences asiatiques, ses œuvres – performances ou installations – illustrent dix ans de travail de l’artiste. L’itinéraire culmine sous le regard d’une création monumentale, un Bouddha fragmenté, ruiné, qui investit tous les étages du musée.
Au fur et à mesure des déambulations dans les salles du musée, apparaissent les fragments d’un Bouddha de plusieurs mètres de haut conçu par l’artiste in situ et dont le pied géant, installé dans la cour khmère, introduit le déploiement vertical du corps du Bouddha, la tête se trouvant au dernier étage, sous la rotonde. Un ultime élément sera installé au rez-de-jardin le 21 juin 2017.
Le Bouddha géant de Prune Nourry, figure intemporelle, morcelé, ruiné, résonne de questions contemporaines, non seulement celles d’un patrimoine et d’une mémoire cibles mais aussi celle de nos inquiétudes eschatologiques contemporaines, parfois consuméristes. Cette création inédite en quatre parties, interagissant à l’échelle du musée, rappelle que le bouddhisme, véritable fil d’Ariane au sein des collections, est également un fil conducteur pour comprendre l’art et les civilisations asiatiques sur leur longue histoire.
Le travail de Prune Nourry, en lien étroit avec d’autres disciplines scientifiques – ici la conservation du musée – et sociologiques, son intérêt pour l’anthropologie et l’archéologie la bioéthique – au cœur de sa réflexion – questionnent l’évolution artificielle de l’humain et les dérives de la sélection procréative non naturelle. L’ensemble de sculptures Terracotta Daughters créé en 2013, une armée des 108 filles, fait référence aux soldats de terre cuite du premier empereur et rend hommage aux millions de filles qui ne verront pas le jour du fait de la sélection pré-natale.
La dimension humaniste de l’œuvre de Prune Nourry, au cœur des sujets et débats scientifiques d’actualité, accompagne son bouddha monumental et trouve un écho au sein des collections du musée. Enfin, explorant la notion de géographie religieuse et prophétique, une place importante sera accordée à l’empreinte sacrée, relique immatérielle et incorporelle, puissamment syncrétique. Dernier temps de cette Carte blanche, elle sera dévoilée le 21 juin.
Photo : Squatting Holy Daughter, 2010. Bronze, yeux de verre. Collection de l’artiste © Prune Nourry 2017